En parlant de « guerre de civilisation » au sujet des actes terroristes revendiqués par Daesh, le Premier ministre:
- Reconnait Daesh comme une civilisation,
- Identifie la civilisation arabe – grande civilisation – avec Daesh
- Evite ainsi de dire que face au terrorisme et Daesh nous sommes en guerre psychologique et militaire (La guerre moderne comporte un volet important de PsyOps : opérations Psychologiques)
- Trompe les Français sur la nature de la guerre qui nous est imposée.
Notre civilisation n’est nullement responsable de cette guerre militaire et psychologique à laquelle, bien malgré elle, elle est confrontée. Seuls les Américains et leur déplorable politique de 2003 portent la responsabilité de ce qui se joue aux Proche et Moyen-Orient et désormais au Maghreb et au Machrek.
Il faut l’expliquer aux français et ne pas les endormir avec de fausses déclarations, sans signification réelle dans le cas présent. Ils peuvent le comprendre et savoir qu’en aucune façon ils n’ont une part de responsabilité. Il faut leur dire au contraire qu’elle sera longue, nécessitera du sang froid, de la détermination et une équipe dirigeante – Président et gouvernement – tout aussi déterminée, avisée et décidée à utiliser tous les moyens pour la gagner. Cette lutte ne sera pas achevée en 2017. Ils devront alors choisir une équipe capable de mener cette guerre avec succès. Ils ont le choix dès aujourd’hui pour ne pas se lier encore une fois avec ceux qui portent une part de responsabilité dans ce qui se passe de plus en plus près de nous. Car l’immigration – ne nous y trompons pas – est un volet de cette guerre.
Les déclarations péremptoires mais qui se veulent apaisantes, ne conviennent plus. Pas plus que celles tonitruantes pour faire illusion. Le Premier ministre en se référant au titre du livre de Samuel Huntington : « Le choc des civilisations » a voulu sans doute montrer qu’il a de la culture.
En employant une expression moins martiale que ce que la situation réclame, espère-t-il rassurer les Français ? On ne parle pas de véritable guerre, on emploie d’autres termes, on parle de civilisations. Cela parait moins dangereux, moins immédiat, moins violent. Naguère M. E. Daladier en revenant de Munich avait employé également une expression rassurante, inappropriée eu égard à la réalité de la situation, en déclarant que la paix avait été sauvée. Cela a abouti à l’horreur, l’indicible, la cruauté, et 40 millions de morts. Prenons garde à ne pas être tentés de sauver encore une fois une paix impossible. Une guerre nous est imposée. Reconnaissons-le et agissons. Nous la mènerons par toutes les mesures et tous les moyens à notre disposition, là où nous le déciderons. Ne nous faisons pas imposer d’aller sur le terrain. Elle doit être préparée et conduite avec tous les pays concernés, avec tous les dirigeants concernés, y compris ceux que nous n’aurions pas choisis comme alliés, et avec les pays de la région, chiites et sunnites. La Russie et M. Poutine, la Syrie, l’Iran, l’Arabie séoudite, la Qatar … sont partie prenante. Tous sont menacés, comme nous, comme l’Europe, comme l’Occident. Nous ne sommes pas seuls.
Que la France et sa Diplomatie fassent ce qu’il faut pour entamer des discussions et susciter l’adhésion et la détermination de tous à ce combat. Cela sera un 1938 à l’envers.
Jean-Patrick Pluvinet
contre-amiral (cr)
Délégué national à l'Espace maritime