Ce week end nous commémorons un épisode glorieux de notre histoire, un événement cher au cœur de tous les patriotes, un symbole fondamental qui est aussi un formidable exemple pour notre temps : le soixante-dixième anniversaire de la libération de Strasbourg. Parmi toutes les villes libérées depuis le débarquement du 6 juin 1944, la capitale de l’Alsace occupe une place très particulière.
Strasbourg avait été arrachée à la France lors de la guerre de 1870, était redevenue française en 1919, avant d’être annexée au troisième Reich en 1940.
En ce 22 novembre 1944, le général Leclerc qui fêtait son 42e anniversaire et qui venait de faire contourner Sarrebourg à sa deuxième division blindée par une manœuvre aussi audacieuse qu’inattendue puisqu’empruntant une route de montagne, lui donna l’ordre de prendre Saverne puis la lança à l’assaut de Strasbourg.
Les Américains négligeaient cet objectif. Pour lui, en revanche, comme pour De Gaulle, il était fondamental. Leclerc n’avait en tête que le serment prêté par sa poignée de Français libres et lui-même, à Koufra, cet oasis enlevé à l’ennemi au milieu des sables de Libye, trois ans plus tôt : « Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». En libérant le Fezzan et la Tripolitaine à l’hiver 1942-1943, en débarquant en France puis en entrant dans Paris, en août 1944, il rendait réalisable ce qui apparaissait à beaucoup comme un rêve un peu fou, seulement quelques mois plus tôt. Les soutiens inévitablement avaient grossi à mesure que l’espoir avait refleuri.
Le 23 novembre, Strasbourg était libérée et Leclerc pouvait écrire dans sa proclamation aux Strasbourgeois : « La flèche de votre cathédrale est restée notre obsession. Nous avons juré d’y arborer de nouveau les couleurs nationales. C’est chose faite ».
Dès 1949, ce fut dans la ville symbole de Strasbourg que s’installa le siège du Conseil de l’Europe, nouvel organe intergouvernemental de coopération, puis dans son sillage que fut aussi créée la Cour européenne des droits de l’homme. Plus tard, le Parlement européen y prit lui-même place.
Aujourd’hui, celui-ci est l’un des lieux de pouvoir d’une Union européenne qui, on le sait, est aux mains de technocrates et de financiers et au sein de laquelle domine totalement l’Allemagne d’Angela Merkel. Mais ce serait une erreur de rejeter totalement l’asservissement français sur l’étranger. Comme tel fut souvent le cas dans notre histoire et en particulier il y a sept décennies, le mal est aussi, pour partie, français. L’esprit de renoncement et de compromission a gagné une grande partie de nos élites. Il est commode de rejeter la faute sur d’autres pour s’exonérer soi-même de ne pas parvenir à réformer.
La tentation est grande de céder par facilité à ceux qui rêvent de nous mettre à l’école de l’Europe allemande ou du monde anglo-saxon sous prétexte que la France serait dépassée ou par colère face à ceux qui voient le parti de l’étranger derrière tous nos maux. Le système et les extrêmes sont l’avers et le revers d’une même médaille clinquante et toc. Entre les tondeurs des moutons français et les démagogues du rasage gratis, il existe une troisième voie, évidemment plus difficile, celle de l’esprit de Koufra.
C’est lui qui nous anime à DLF. Nous nous sommes fait le serment de redonner sa souveraineté et sa grandeur à la France et lorsque l’on a la certitude de servir une juste cause, il arrive que, tel Leclerc, l’on abatte des montagnes.
Eric Anceau
Responsable du projet de DLF
Délégué national