Dans un entretien accordé le 10 février 2024 à Ouest-France, aux quotidiens polonais Gazeta Wyborcza et allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, Stéphane Séjourné, le nouveau ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a entre autres indiqué : « On a eu plusieurs contacts depuis mon arrivée (avec les Marocains).
Le président de la République m’a demandé personnellement de m’investir dans la relation franco marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation. “Je vais m’y attacher”.
L’actuel occupant du Quai d’Orsay a également estimé que la France a « toujours été au rendez-vous, même sur les dossiers les plus sensibles comme le Sahara occidental où le soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain est une réalité depuis 2007. Nous ajoutons qu’il est temps désormais d’avancer. Je ferai tout dans les prochaines semaines et les prochains mois pour que la France et le Maroc se rapprochent, (…) avec le respect des Marocains. »
Cet affichage soudain surprend, sachant que la nomination même du nouveau ministre avait suscité des interrogations, tant le parcours de Stéphane Séjourné a été marqué par des prises de position qui ont froissé le Maroc, notamment en janvier 2023, où le royaume avait pris très personnellement le fait d’être visé par le vote d’une résolution accusatrice au Parlement européen dont l’ancien eurodéputé, alors chef du groupe centriste Renew à Bruxelles, avait été l’un des principaux architectes.
Dans cette résolution du 19 janvier 2023, le Parlement européen avait considéré que la liberté de la presse au Maroc continue de se détériorer, le pays étant tombé à la 135 e place du classement mondial de la liberté de la presse 2022; que de nombreux journalistes font l’objet d’une surveillance numérique, sont visés par des manœuvres d’intimidation, subissent un harcèlement judiciaire ou sont condamnés à de lourdes peines de prison, ce qui avait été dénoncé par les autorités marocaines comme une « ingérence » et une « instrumentalisation » de l’instance européenne.
Les deux pays ont pourtant longtemps entretenu des relations privilégiées, fondées sur des liens historiques, culturels, économiques et sécuritaires.
Cette relation unique a été résumée avec sa faconde habituelle par le général de Gaulle lors d’une réception donnée le 26 juin 1963 au Palais de l’Élysée en l’honneur du roi du Maroc Hassan II : « le monde d’à présent, qui conjugue au-dessus des frontières les productions et les techniques, qui rapproche automatiquement l’Europe pourvue de moyens et l’Afrique avide de développement, qui met mieux en valeur, chaque jour, une culture et une langue grâce auxquelles vous, nous et beaucoup d’autres dans les quatre grands continents sommes en communication directe, qui ne laisse à notre espèce que le seul choix entre la paix ou la mort universelle, oui ! Ce monde là nous porte à joindre nos efforts et nos esprits. La visite de Votre Majesté apparaît, à cet égard, comme le signe amical et éloquent de nos communes intentions. »
Gageons que ce propos toujours d’actualité plus de soixante ans plus tard, reprenne toute sa dynamique, ce que demandent Nicolas Dupont-Aignan et son parti Débout La France depuis des années .
C’est dans cet esprit que devrait s’articuler la réception ce 29 février 2024 à l’Élysée par le président, de la nouvelle ambassadrice de Sa Majesté le roi Mohammed VI, Samira Sitaïl, à qui elle remettra ses lettres de créance. Sachant que dans ce nouvel élan, prévue à Casablanca ce vendredi 16 février, une conférence débat sera animée par l’Ambassadeur de France au Maroc, Monsieur Christophe Lecourtier. Elle aura pour thème : « Les relations entre le Maroc et la France : quelles perspectives dans un monde en mouvement ? »