Toutes tendances politiques réunies, de 79 à 92% des Françaises et Français interrogés le dimanche 22 septembre 2013 par l’IFOP et le JDD se déclarent “inquiets” ou “très inquiets” (de 38 à 52% !) quant à la capacité de la France à financer son système de sécurité sociale.
Comme solution, le sondage leur propose de choisir entre l’augmentation des cotisations et la réduction des remboursements…
Pour les rassurer, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Madame Marisol Touraine, vient de présenter aujourd’hui rien de moins qu’un projet de “Stratégie nationale de santé : Vers la refondation du système de santé français”.
On y trouvera la collection habituelle de vœux pieux exprimée depuis vingt ans par tous les gouvernements : réduire les inégalités sociales de santé, réformer l’hôpital (encore !), réaliser (enfin !) le dossier médical personnalisé, dynamiser la recherche…
Mais si on se concentre sur les mesures réelles, on y trouvera :
- la réalisation de 300 maisons de santé destinées à mieux lutter contre les déserts médicaux et à remettre le médecin traitant “au centre” du système de santé. Si l’on sait compter, cela fera 3 maisons de santé par département !
- la généralisation des couvertures complémentaires, tout en affirmant dans le même temps vouloir “stabiliser” la part des dépenses de santé prise en charge par l’assurance maladie dont on admet qu’elle diminue sans cesse depuis des années.
- la généralisation du tiers-payant pour les consultations médicales, ce qui ne va rien changer au problème des dépassements d’honoraires ni au poids sans cesse croissant des mutuelles et des assurances.
En réalité, le gouvernement, qui organise l’asphyxie financière de la protection sociale par une politique de récession économique sans fin, ne propose rien pour inverser la tendance qui voit la santé se privatiser chaque jour davantage et les Français renoncer de plus en plus aux soins primaires. Le déficit “abyssal” de l’Assurance-maladie suit son cours, avec 14 milliards annoncés pour 2013.
Pour en sortir, il faudrait d’abord changer de logique économique d’ensemble, pour relocaliser l’emploi et réduire véritablement le chômage de masse qui plombe les recettes de la protection sociale. Il faudrait s’attaquer véritablement aux dépenses de médicaments où une politique courageuse permettrait d’économiser plusieurs milliards.
Un vrai relèvement des honoraires pourrait alors être entrepris, une lutte véritable contre les dépassements d’honoraires deviendrait possible, et la dérive à l’américaine vers les mutuelles et les assurances pourrait être inversée.
On en est très loin.
François Morvan
Vice-Président de DLR
Délégué national au Bien-être et à la Santé