La publication de l’accord entre Alstom et Siemens révèle de nouveaux éléments particulièrement inquiétants sur lesquels le Président Macron et le gouvernement s’étaient bien gardés de communiquer.
En réalité, on découvre qu’Alstom achève de se vendre à General Electric pour s’offrir à Siemens !
1)La vente intégrale des coentreprises créées avec GE au moment de la vente des activités énergies d’Alstom.
Quand il avait validé par décret la vente des activités «Energie » d’Alstom à General Electric, Emmanuel Macron avait parlé d’une alliance garantie par l’existence de coentreprises possédées à 50% moins une voix à Alstom dans des secteurs stratégiques : l’énergie hydro-électrique, les énergies renouvelables et les réseaux. Il existait également un autre co-entreprise dans le nucléaire dans laquelle la France gardait une « golden share » lui permettant de garder en théorie sa souveraineté technologique.
L’accord avec Siemens indique la vente totale de ces quatre co-entreprises à General Electric au premier semestre 2018 pour 2.5 milliards d’euros
La France ne disposera plus d’aucun contrôle sur l’ensemble des technologies qui assurent la production et l’alimentation électrique en France !
2)Le versement de nouveaux dividendes exceptionnels de 2.5 milliards d’euros
Le produit de la vente des co-entreprises sera entièrement reversé en dividendes exceptionnels aux actionnaires.
Déjà en 2016, un dividende exceptionnel de 3 milliards d’euros avait été versé aux actionnaires suite au pillage d’Alstom Energie par GE.
Ainsi en trois ans, ce sont près de 6 milliards d’euros de dividendes versés, soit près de 20 fois le bénéfice annuel.
On comprend mieux l’empressement des actionnaires à voter le sabordage de leur propre entreprise.
Ainsi, Bouygues touchera 500 millions d’euros en 2018 après avoir touché 1 milliards d’euros en 2016. Rappelons que Bouygues n’avait investi que 2 milliards d’euros en 2002 dans Alstom et que la valorisation de ses actifs chez Alstom est estimée à 3 milliards d’euros.
3)Le vrai siège ne serait-il pas maintenu en Allemagne ?
On apprend enfin dans l’accord que le siège des activités « Signalisation » de Siemens restera en Allemagne. Or de l’aveu même de Siemens, c’est la signalisation qui sera le point fort du nouveau groupe et son axe de développement privilégié.
Ainsi on peut se demander si le maintien du siège en France ne révèle pas que de l’habillage alors que le cœur stratégique de l’entreprise sera en fait en Allemagne.
4)Risque de sanctions européennes sur le droit concurrentiel et démantèlement à venir d’Alstom ?
Les positions d’Alstom et de Siemens sur le marché du rail en Europe sont extrêmement fortes, notamment si on l’élargit aux coopérations entre Alstom et le canadien Bombardier sur la construction des trains régionaux en France par exemple.
Généralement, en cas de fusion, les autorités de Bruxelles demandent au nouveau groupe de sacrifier des métiers pour préserver le sacro-saint droit de la concurrence pure et parfaite.
Face à une telle demande, quelle sera la décision de Siemens ? Visiblement, il s’agirait de sacrifier le matériel roulant, c’est à dire les actifs d’Alstom pour sauver les intérêts de Siemens dans la signalisation.
Et si finalement, l’absorption d’Alstom au nom d’un faux « airbus du rail » aboutissait à vendre les actifs d’Alstom en pièces détachées à ses concurrents canadiens (Bombardier) et chinois (CCRC) ?
Nicolas Dupont-Aignan
Président de Debout La France
Député de l’Essonne