La retraite, c’est un sujet d’actualité : 62 ans, 64 ans, minimum de 1.200 euros…. Le mécanisme semble complexe, mais pas tant que cela. Alors en avant pour un cours de mathématiques.
La retraite, c’est 3 parties : la CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, gérée par la Sécu), l’ARRCO et l’AGIRC, qui ont fusionné. On va simplifier les calculs en regardant le cas d’une personne au SMIC (arrondi à 1.700 euros bruts par mois), en euros constants, avec les règles et taux effectifs en 2023, pas de période non contribuée et donc les 172 trimestres, pas d’AGIRC.
On peut consulter les sites de la Sécurité Sociale (www.lassuranceretraite.fr) et de l’ARRCO-AGIRC (www.agirc-arrco.fr) qui décrivent les calculs.
Pour la partie dépendant de la Sécurité Sociale, le calcul est simple dans nos conditions. Les années sont toutes identiques et cotisées, on n’a pas de coefficient d’abattement, on obtient une retraite de 1.700 € x 50% x 172 / 172 soit 850 euros par mois.
Pour l’ARRCO, c’est plus compliqué. On calcule en points. On obtient 1.700 x 6.2% (le taux de cotisations) x 172 (trimestres) x 3 (mois par trimestre) / 17.4316 (la valeur du point) ; cela donne 3.120 points. Le montant annuel de la retraite est égal au nombre de points x 1.3498 soit 4.211 euros par an ou 350 euros par mois
Dans ces conditions, une personne au SMIC ayant contribué ses 172 trimestres percevra une retraite de 850 + 350 soit 1.200 euros (bruts) par mois… Tiens, tiens…, c’est le montant dont parle le gouvernement pour une retraite minimale d’une personne ayant une carrière complète. Ces 1.200 euros ne sont donc pas sortis du chapeau.
C’est comme cela que fonctionne le calcul des droits à la retraite. Mais le calcul des cotisations est un peu différent. Pour 2 raisons : le taux d’appel et la CEG.
Le taux d’appel est actuellement de 127% ; il permet de compenser le déficit de cotisants par rapport aux retraités ; le travailleur a des points calculés sur une cotisation de 6.2% du salaire brut, mais entre lui et l’entreprise c’est 6.2% x 127% qui sont prélevés. Au final, dans le calcul ci-dessus, si les cotisations donnaient toutes lieu à des points, on aurait donc 27% de retraite ARRCO en plus, soit dans notre exemple 95€ de retraite supplémentaires chaque mois.
« La CEG permet de compenser les charges résultant des départs à la retraite avant 67 ans » ; son taux est de 2.15% dans notre exemple. Concrètement, le salarié et l’entreprise paient des cotisations qui, là encore, ne donnent pas des points en contrepartie. Pour notre personne au SMIC sur une période complète, cela donnerait une retraite mensuelle de 121 euros supplémentaires si ces cotisations donnaient des droits à la retraite.
Nous sommes donc face à 95+121 soit 216 euros de retraite mensuelle perdus par ces cotisations pourtant payées.
Présenté autrement, si on regarde sur une carrière ces montants cotisés qui ne donnent pas lieu à des droits à la retraite, on arrive à 33.544 euros pour une personne au SMIC ; avec cette somme on pourrait donc partir avec une retraite de 1.200 euros par mois à 62 ans (comme actuellement), et utiliser ces 33.544 euros pour toucher un SMIC net pendant 2 ans entre 62 ans et 64 ans.
La conclusion : on cotise déjà actuellement pour que les autres partent à la retraite à 62 ans au lieu de 64 ans. La retraite à 62 ans n’est pas un droit qu’on nous donne : c’est un droit que l’on paie.
Olivier GALLANT