En rabotant de nombreuses pensions, la réforme des retraites fragilise la confiance des Français. Ses promoteurs ont pour arrière-pensée d’ouvrir la porte aux fonds de pension. Les retraites complémentaires facultatives seraient donc la solution ?
Différents régimes, comme Préfon ou le COREM, existent déjà pour les fonctionnaires et sont considérés comme des avantages. Qu’en est-il exactement ? L’ex CREF-COREM fournit un exemple édifiant.
La débâcle du CREF
En 1988, la Mutuelle Retraite de la Fonction Publique (MRFP) lance le CREF, Complément de Retraite de l’Education nationale et de la Fonction publique, réservé aux enseignants.
Mais en 2000, les 450000 adhérents apprennent l’existence d’un trou de 1,5 milliard d’euros.
Et en 2001, les rentes promises sont diminuées de 17 %. La MRFP est mise en liquidation et le CREF fermé. Son patrimoine est confié à un nouvel organisme, l’Union des Mutuelles de Retraite (UMR) qui doit secourir ses adhérents.
Nouveau départ : naissance du COREM
L’UMR recueille les plus anciens au sein d’un régime appelé R1 et propose aux autres de continuer à cotiser pour un nouveau régime, le COmplément de REtraite Mutualiste(COREM), en confirmant la baisse de 17% de la valeur du point CREF. 290000 souscripteurs acceptent ce chantage.
Pour eux, l’histoire va se répéter.
Le scandale du COREM.
Le COREM démarre avec un handicap de 1 milliard d’euros et un délai de 25 ans pour revenir à l’équilibre. Pendant 12 ans, ses administrateurs vont donc s’autoriser à ne jamais revaloriser la valeur du point, tout en maintenant une communication très rassurante.
Mais, en 2013, une association d’épargnants dénonce auprès des autorités de contrôle des informations trompeuses. L’UMR admet finalement l’existence d’un trou de 2,9 milliards et annonces de nouvelles mesures drastiques. Les allocataires du R1 voient leur pension à nouveau amputée de 30% : leur épargne aura presque fondu de moitié. Pour les autres, le rendement de l’épargne est abaissé et l’âge de liquidation passe de 60 à 62 ans. Et les années suivantes, les droits à rente du COREM ne sont toujours pas revalorisés : au final, entre 2002 et 2021, la perte de pouvoir d’achat dépasse 25 %.
Pire encore : en 2022, l’UMR décide d’en diminuer la valeur de 12,6% ! Pourtant ce régime est toujours ouvert à de nouveaux versements.
Qui sont les responsables ?
A chaque fois, il a fallu que des souscripteurs déposent plainte pour que les gestionnaires admettent l’ampleur du déficit. Elle était cachée aux futurs cotisants : en 2014, des documents présentaient encore le COREM comme un régime “Sûr et Performant”.
L’Etat avait encouragé les souscriptions au CREF en les défiscalisant : en 2012, il a été condamné, pour défaut de contrôle, à indemniser les victimes du CREF à hauteur de 20% des pertes subies.
Les gestionnaires de l’UMR, poursuivis pour tromperie, se défendent en invoquant l’allongement de la durée de vie, l’évolution des règles imposées par l’U.E. et celle des taux d’intérêt :
d’autres pourront les imiter !
Alors que des responsables politiques souhaitent diriger l’épargne des Français vers les retraites complémentaires, ce scandale en montre les dangers. D’autres cas, comme Préfon ou les complémentaires du public Agirc et Arcco, n’incitent d’ailleurs pas à l’optimisme.
Philippe LOUVEZ
Secrétaire Départemental des Alpes-Maritimes