Les “cols jaunes” : l’encadrement français en souffrance … Debout Les Cadres !
Il est un groupe d’actifs qui est typiquement français et à un sens collectif et culturel : celui des cadres. Dans les mouvements des gilets jaunes, ceux-ci, par conviction, soutiens familiaux et amicaux ou réelles difficultés personnelles participent, eux aussi, massivement au mouvement et aux manifestations n’en déplaise à la doxa …
Vu les critères larges de ce qu’on appelle la “classe moyenne”, plus de 90% des cadres en font partie et doivent donc faire face, comme tous les français, à une diminution du pouvoir d’achat, à une diminution du bien-être ainsi généralisé et à une taxation et imposition hors pair …
Seule une fine couche de privilégiés, adhérente au système de la mondialisation tire son épingle du jeu … startupeurs à succès et très minoritaires, urbains bobos, sur-diplômés d’universités anglo-saxonnes. Ont-ils tort ou raison individuellement ? … en tout cas c’est une poignée de personnes, elles aussi soumises à un système mais qui le leur rend bien, qui monopolisent toutes les décisions créant un malaise au quotidien dans nos organisations.
Cette caste imposée, incomprise par nos cadres et employés français a pris le pouvoir des sociétés du CAC 40 et même des PME/PMI de moyennes tailles. A l’image du PDG d’Air France, on casse les codes pour mieux déstabiliser un management local qui est vu comme un boulet pour ces mondialistes et une simple masse à dompter et à utiliser … rien de nouveau mais c’est aujourd’hui à plus grande échelle et généralisé.
Le pouvoir décisionnel, hiérarchique et budgétaire est factuellement retiré des cadres intermédiaires pour être monopolisé par une fine couche de dirigeants du sérail cosmopolite.
Si cette notion de cadres, si chère à la France, à notre esprit de réussite, de contribution, d’évolution personnelle est socialement définissable, elle est floue dans les autres pays d’Europe, dans le monde. Le décalage entre nos coutumes et cultures d’encadrement français et le mondialisme induit bien des souffrances souvent négligées, bafouées, étouffées …
Le sociologue Denis Monneuse identifie d’ailleurs trois sources du “malaise des cadres” : malaise identitaire lié au statut et à la reconnaissance, sentiment d’iniquitédans le rapport implication/rémunération/responsabilité, mal-être généraldevant l’impossible et l’inutile …
Les cadres français sont par construction compétents et qualifiés de responsables à toutes les échelles ce qui est peu compatible avec les nouvelles structures plates manifestement “anglo-saxonnes”. Dans les startup, il y a les créateurs, ceux qui manipulent les fonds levés et la masse informe des collaborateurs … Ces derniers ont souvent les mêmes diplômes mais avec des relations ou une expérience à l’étranger en moins alors que d’autres acceptent leur statut de sous-cadre mal rémunéré, de “stagiaire de longue durée”, au nom de la nouveauté et de la dévotion à la disruption de la société … Du moment où il peuvent louer un appartement dans les triangles d’or des grandes villes et alimenter leur culture de geek : pas de soucis ! Pas de malaise à donner 55 heures à son “clan”. Protégés et aidés par leurs parents, la désillusion est pourtant souvent à la clé pour ces jeunes cadres.
Jusqu’à récemment, être cadre, ingénieur était un accomplissement et un statut enviable et confortable sans doute hérité du XIXème siècle et de la révolution industrielle. Les grandes écoles ont formé des armées de professionnels pour nourrir les entreprises françaises de capacités intellectuelles et de motivation collective en mettant la barre haute. A la fin des années 90, le monde anglo-saxon, aimé et allié de l’Union Européenne, pour avoir un modèle mondial uniformisé, s’est immiscé … partout … y compris dans l’administration avec les dégâts que nous connaissons …
Nous sommes à l’ère du consultant, de l’architecte, du Product Owner, du SCRUM Master, du manageur qui est tout et rien à la fois. La réussite ou l’échec doit obligatoirement devenir et être collectif …
Nos grands groupes sont devenus des animateurs de jeux géants, une forme de télé-réalité dont les cadres sont les acteurs. Quelques fauteuil-œufs ou babyfoots en ambiance startup ne suffisent pas à amoindrir la souffrance quotidienne de nos cadres dévalorisés et isolés dans leur indécence qui serait de se plaindre.
Ce cadre pourtant choyé, identifié comme rempart au populisme, “ouvrier du mondialisme”, magnifié par les marcheurs, a très massivement voté Emmanuel Macron en mai 2017.
Absentéisme, horaires étendus ou à l’inverse réduits au regard de la démotivation, dopage médicamenteux … burn-out qui n’est plus anecdotique ou ignoré… bore-out, jusqu’au brown-out … pas mal d’indicateurs sont là pour révéler le mal-être des cadres. Mal-être aussi bien statutaire qu’économique d’ailleurs.
Beaucoup de cadres lâchent, des jeunes femmes surtout : les femmes cadres sont souvent victimes d’un “plafond de verre”. Un paradoxe dans des entreprises ou le multiculturalisme et la diversité sont édictés en dogme …
Si l’on double cela des difficultés de la vie quotidienne : chasse urbaine et entraves aux voitures individuelles, diminution des places de parking gratuites, prix de celles-ci et contraventions, services de garde d’enfants inaccessibles, aux horaires incompatibles, tout en étant souvent de piètre qualité … Cela est bien pesant pour la communauté, inactifs, employés, non cadres mais, plus que tous, aussi cadres pour qui les contraintes professionnelles les obligent à subir ces services stressants et dégradés …
Les cadres français seraient-ils devenus simplement des “ouvriers d’élite” couvés sous l’aile des mondialistes hors sols et, ainsi, protégés du populisme de masses auquel ils échapperaient ainsi ? Leur honneur et statut (bien frêle) seraient ainsi sauf …
Espérons que non … en toute liberté d’action et de conscience.
Après ce constat alarmant et pessimiste, que faire ?
DEBOUT LA FRANCE sur ces sujets se positionne ainsi :
- Promotion et protection du système français, plus que bicentenaire, des grandes écoles et des classes préparatoires, de l’autonomie et de la renommée de celles-ci, des activités de nos universités.
- Evolution du statut et reconnaissance légale du statut de cadre pour lutter contre les courants mondiaux nivelant anglo-saxons
- Instauration de quota de recours à la sous-traitance de cadres étrangers dans les sociétés et dérogations nécessaires pour des postes introuvables nationalement. Ceci maintiendra les niveaux de rémunérations de nos compatriotes salariés et travailleurs indépendants face à ce “dumping de la fonction cadres”.
- Pression positive sur les politiques des achats “au moindre coût”qui détériorent l’image de l’encadrement et des diplômés français. Il faut permettre aux PME, aux indépendants de pouvoir travailler en direct avec n’importe quelle société même les grands groupes et l’état français et ce, au juste prix des compétences et des tâches complexes à délivrer.
- Protection des professions libérales au mieux : médecins, avocats, notaires, pharmaciens … qui, menacées par l’Intelligence Artificielle, sont des fonctions héritées de l’ancien régime français que les mondialistes ne savent pas gérer qu’en dénaturant ces professions et en rendant ces professionnels cadres salariés lambda de grands cabinets ou de multinationales, préférant même les remplacer par des travailleurs-cadres détachés sans soucis de culture, de statut et de qualité.
Ne souffrons pas en silence, laissons nos “cols jaunes”dépasser de nos costumes et tailleurs … parlons, sortons du consensus mou et létal promu par notre gouvernement et nos dirigeants, réagissons …
Lionel Mazurié
Délégué au Numérique de DLF