Dimanche 23 octobre, les Argentins ont réélu triomphalement Cristina Kirchner par plus de 53% dès le premier tour des élections présidentielles. Une belle victoire pour la dirigeante d’un pays qui montre que la démondialisation, cela marche, avec une croissance de 8% par an depuis 2003.
Le triomphe de Cristina Kirchner
La présidente de l’Argentine a donc été réélue triomphalement puisqu’il n’y aura même pas besoin d’un second tour. Elle a devancé le candidat socialiste, qui, avec 17%, a devancé pour la première fois le candidat radical qui n’a rassemblé que 12% des votes. Les Argentins ont donc choisi de prolonger le bail de la famille Kirchner puisque la présidente avait succédé à son mari Nestor en 2007, qui ne pouvait pas alors se représenter avec les lois électorales de l’époque.
Le couple Kirchner est arrivé au pouvoir début 2003 et a présidé au redécollage de l’Argentine après la terrible crise de 1998-2002. Après l’échec du lien entre le peso et le dollar, qui avait bien cassé l’inflation, mais qui avait également détruit la croissance, le pays avait dévalué de 72% et de fait défaut sur sa dette, provoquant une panique financière en 2002. Cependant, l’aggravation de la crise a été le prélude à un redécollage économique spectaculaire.
Une réussite économique
Bien sûr, l’Argentine souffre d’une inflation importante, mais l’ensemble des résultats économiques du pays est spectaculaire. Tout d’abord, le pays affiche une croissance de 8% par an depuis 2003 (à l’exception de 2009 naturellement). Certes, la crise a été violente, puisque le PIB avait reculé de 10% de 1998 à 2001 puis de 10% de plus sur la seule année 2002, du fait de la panique financière provoquée par la fin du lien avec le dollar et la conversion autoritaire des comptes privés.
Mieux, le taux de chômage, qui était de 23% en 2002, est retombé à seulement 7% aujourd’hui. Le taux de pauvreté s’est effondré. Bien sûr, le Monde essaie de présenter cette réussite comme le produit de la hausse du prix des matières premières. Comme si l’Argentine pouvait faire 8% de croissance annuelle de son PIB depuis près de dix ans seulement en vendant du soja ! Ceci est totalement ridicule, comme l’explique remarquablement bien Yann sur son blog.
Le pays du protectionnisme
En effet, cela ferait mal au monde d’admettre que la recette du succès économique de l’Argentine est la démondialisation. Si Buenos Aires a réussi son redécollage économique, c’est en refusant toutes les règles économiques (anarchie commerciale, monétaire et financière) que le quotidien vespéral, qui se dit pourtant de gauche, défend. L’Argentine n’a plus rien emprunté aux marchés financiers depuis dix ans. Et c’est un choix politique (la Russie a choisi de revenir sur les marchés).
Mieux, le pays est un champ d’expérimentation inédit pour le protectionnisme et il s’attaque à des catégories de produits que presque plus personne n’imaginerait pouvoir faire produire en Europe. L’Argentine couvre aujourd’hui 30% de sa consommation de jouets, contre 5% il y a dix ans et ambitionne de passer à 50%. Buenos Aires a également imposé à RiM la fabrication du fameux Blackberry. Bref, l’Argentine démontre que le protectionnisme, cela marche ! Et cela marche aussi politiquement, quand on constate le triomphe électoral de Cristina Kirchner. L’opinion publique européenne est convaincue, comme le montre l’association pour un débat sur le libre-échange. Pourtant, les grands partis font la sourde oreille. Ils finiront par être balayés.
Laurent Pinsolle
Porte-parole de Debout la République