Alors qu’Emmanuel Macron vient de souffler sa première bougie du quinquennat, nous pouvons déjà faire le constat qu’entre les animaux et notre président, c’est « je t’aime…moi non plus ! ».
Il faut dire que le programme du candidat Macron aurait déjà dû nous mettre la puce à l’oreille. En effet, la seule fois où il a évoqué les animaux, c’était pour proposer d’interdire l’élevage en cage pour les poules pondeuses. Autant dire que l’on devine assez aisément le peu d’intérêt qu’il peut éprouver pour la cause animale. Il s’est simplement contenté, au cours de la campagne, de répondre évasivement aux questions des journalistes, en évitant soigneusement de s’étendre sur le sujet. Pourtant, l’arrivée de Nicolas Hulot au sein du gouvernement a suscité beaucoup d’espoir pour tous ceux qui sont attachés aux enjeux liés à la dignité animale, notamment dans sa dimension écologique. Fervent défenseur de la biodiversité, on pouvait imaginer que ce dernier proposerait des mesures fortes en faveur de la cause animale. Or, qu’en est-il au bout d’un an ? Il semble désormais évident que le président de la République ait nommé « la star du petit écran » davantage pour renforcer sa communication que pour mettre en place une véritable politique animaliste. Les couleuvres que doit constamment avaler Nicolas Hulot sont bien la preuve de son incapacité à agir au sein d’un gouvernement qui a décidé de sacrifier ses idées écologiques sur l’autel des revendications des lobbies économiques et industriels. Autant dire qu’il s’agissait là du mariage de la carpe et du lapin !
Déjà lorsqu’il était candidat, Emmanuel Macron n’a pas caché sa sympathie pour les chasseurs et le milieu de la chasse. C’est ainsi qu’il a annoncé son souhait de rouvrir les chasses présidentielles et que le gouvernement a autorisé l’utilisation de silencieux sur les fusils. Cette mesure a alors inquiété de nombreuses familles qui aiment se promener le dimanche en forêt. Comment, avec une telle décision, peut-on assurer correctement la sécurité des promeneurs qui risquent à tout moment de se prendre un plomb ?
D’autre part, quid des graves conséquences qui pèsent sur de nombreux refuges animaliers depuis la fin des contrats aidés décidée par le gouvernement ? En effet, ces contrats subventionnés par l’Etat ont permis à de nombreuses personnes de se former et d’apporter de l’aide aux bénévoles qui chaque jour prennent soin d’animaux abandonnés ou maltraités. Les refuges pouvaient donc compter sur le recrutement de soigneurs, comportementalistes et toiletteurs via ce type de contrat pour assurer la pérennité de leurs structures. Et s’il n’y a pas fermeture, la perte d’une partie du personnel sous contrait aidé aura forcément des conséquences, dans un contexte où les bénévoles sont déjà surchargés de travail : moins de disponibilité pour la gestion des adoptions, obligation de fermeture du refuge certains jours, moins de travail d’enquêtes pour des cas de maltraitance, mais aussi euthanasie pour les animaux les plus âgés dont les bénévoles ne peuvent plus s’occuper puisque les refuges sont déjà saturés. Sans personnel formé et disponible, comment les refuges pourront-ils continuer à mener à bien leur mission de service public, alors qu’ils ne vivent que des subventions et des dons ? La SPA a annoncé il y a quelques mois que sur les 260 structures indépendantes existantes en France, ce sont près de 200 refuges qui sont menacés de fermeture. De plus, ces contrats aidés permettaient à des personnes ayant connu de longues périodes de chômage de se réinsérer dans la vie active et sociale, et quoi de mieux que de le faire en œuvrant pour cette noble cause ?
Concernant les cirques détenant des animaux, on peut facilement deviner la position du gouvernement puisque le ministère de la Culture a décidé d’accorder 500 000 € aux cirques traditionnels itinérants. De plus, une circulaire d’octobre 2017 demande explicitement aux préfets de s’opposer aux décisions municipales de refus des cirques détenant des animaux. On n’en attendait pas mieux de la part du président qui semble accorder une très faible importance à la souffrance ressentie par les animaux de cirque, trimballés de cage en cage, et qui sont parfois particulièrement maltraités par les circassiens.
La triste vérité, c’est qu’Emmanuel Macron méprise la condition animale. Il défend une vision productiviste de l’élevage, qui a pour modèle « la ferme aux 1000 vaches » plutôt que la petite exploitation de taille humaine, qui accorde davantage d’importance à la condition animale et qui se développe grâce aux circuits courts. En effet, il avait notamment critiqué, au cours de la campagne présidentielle, le travail des associations de protection animale lors d’un congrès organisé par la FNSEA, précisant que l’éleveur était le premier à s’inquiéter du bien-être de ses bêtes, avant les associations ou les « gens dans des bureaux », et qu’il avait d’autres chats à fouetter que de rouvrir le débat sur cette question. Comment douter de la sincérité des bénévoles qui ne comptent pas leurs heures pour défendre cette belle cause ? Quel mépris pour ceux qui se donnent corps et âme pour sauver des vies et recueillir des animaux maltraités !
Enfin, que penser de l’engagement non tenu par Emmanuel Macron, concernant la vidéosurveillance dans les abattoirs ? En effet, le projet de loi « agriculture et alimentation » discuté depuis le début de l’année a bien un article dédié au bien-être animal, mais il manque de toute évidence d’ambition. C’est pourquoi de nombreux parlementaires ont souhaité lui donner de la consistance en déposant des amendements. C’est le cas d’Olivier Falorni, qui a pour cheval de bataille la vidéosurveillance dans les abattoirs, et dont la proposition de loi avait déjà été adoptée en première lecture en janvier 2017. Mais c’était sans compter sur le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travers, qui a décidé de retirer cette proposition du projet de loi en avril dernier. Cette semaine, l’amendement a définitivement été rejeté, confirmant une fois de plus que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Pourtant, Emmanuel Macron a bien conscience que la question animale s’est invitée dans le débat public depuis quelques années, et que les Français sont majoritairement pour une meilleure prise en compte de leur bien-être, notamment au sein des élevages et des abattoirs. A l’Elysée, temple de la communication, on a donc réservé une place de choix aux animaux, qui ne sont rien de plus que des instruments servant l’image de celui qui veut soigner sa popularité dans les moindres détails.
Et quoi de mieux que la présence d’un animal de compagnie pour gagner quelques points de popularité ? L’arrivée du chien Nemo, annoncée en grandes pompes par l’Elysée l’été dernier, a montré à quel point la presse servait les intérêts du président, scrutant les moindres faits et gestes du canidé. Nouvel épisode lors de l’arrivée de deux poules à l’Elysée, offertes par le directeur de la coopérative des Fermiers de Loué (présenté d’abord comme un simple éleveur) suite à la visite du président au Salon de l’Agriculture. Agathe et Marianne ont donc aussi eu droit à une communication soignée, avec notamment la fameuse rencontre entre Nemo et les nouvelles pensionnaires des jardins du palais élyséen. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les animaux sont au service de la communication du président. Ils doivent l’humaniser, le rendre plus chaleureux, et le rendre davantage proche des millions de Français qui ont des animaux de compagnie.
Alors que l’on ne peut que douter de la sincérité d’Emmanuel Macron quant à sa sensibilité pour la cause animale, Nicolas Dupont-Aignan a démontré par les actes qu’il était un ami des animaux.
Il a été récompensé en 2010 par la Fondation 30 Millions d’amis pour ses actions à Yerres, la commune dont il a été le maire. Il a en effet créé une brigade équestre permettant de faciliter le contact entre les forces de l’ordre et la population, et nommé un conseiller municipal chargé de la cause animale. Il a toujours refusé l’installation de cirques avec animaux sauvages, et des vaches écossaises ont été installées dans un espace naturel de la ville pour qu’il soit entretenu de façon écologique. En 2016, il a par ailleurs accordé 5000€ de sa réserve parlementaire au refuge de Montgeron.
De plus, le programme présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan comportait un volet sur le bien-être animal, avec notamment des mesures fortes comme le renforcement des sanctions pour ceux qui abandonnent leur animal de compagnie ou encore la nécessité de négocier avec les cultes pour trouver une solution respectueuse des traditions afin d’assurer un abattage avec étourdissement préalable.
Depuis janvier 2018, il a déposé différentes propositions à l’Assemblée Nationale, pour demander :
– la création d’une commission d’enquête sur la validité du modèle animal dans l’expérimentation scientifique,
– l’interdiction de la production de fourrure animale en France,
– la modification du statut juridique du cheval pour le faire passer d’animal de rente à animal de compagnie.
Anne-Sophie FRIGOUT
Déléguée Nationale à la dignité animale