Les aides à domicile sont ces « petites mains », ces femmes et ces hommes, qui aident nos séniors à mieux vieillir et à « rester chez eux ». Dans la crise que nous traversons, le gouvernement les a complètement abandonnées et elles se retrouvent en grande détresse…
Malgré l’épidémie de Covid 19 , elles continuent leur mission auprès des personnes âgées, isolées, handicapées et donc particulièrement vulnérables qui sont confinées chez elles. Elle sont en cette période le seul lien social qui leur reste.
Elles font pourtant figure de parents pauvres pour la dotation en masques et en gel hydroalcoolique : si les aides à domicile font bel et bien partie des bénéficiaires en théorie, elles doivent en réalité attendre de très longs jours pour en recevoir… quand elles en reçoivent ! Cette profession est considérée comme “moins prioritaires” que les autres soignants libéraux or il faut leur donner la possibilité d’exercer auprès des personnes fragiles.
Ces personnes sont au cœur du système de santé, elles sont en première ligne et constituent un maillon essentiel de la chaîne de soin.
Même si les missions moins indispensables sont allégées (ménage, repassage ), elles exécutent des actes essentiels tels le lever, la toilette, le repas…
Le domicile est aujourd’hui au cœur d’un système de santé en crise et sans lui, tout peut exploser : il faut limiter la submersion des hôpitaux en maintenant « la digue du domicile » et limiter les hospitalisations. Or la digue s’érode dans l’indifférence…
Ces professions qui vouent leur vie aux autres sont oubliées par le gouvernement, prises en étau par l’Etat et le Département qui sont des gestionnaires budgétaires…
Les conditions de travail sont, déjà en temps normal, très difficiles.
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– Les aides à domicile sont très mal payées, parfois à peine le SMIC après des années de leur vie au service des autres, avec des contrats à temps partiel, elles représentant 17,5 % de ménages pauvres.
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– Elle tiennent des horaires à rallonge et très coupés avec une grande amplitude ; ces employés démarrent très tôt le matin et finissent tard le soir.
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– C’est un métier très physique causant des problèmes de dos, d’épaule, des TMS (troubles musculo-squelettiques), etc.
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– Le taux d’accidents de travail est 3 fois supérieur à la moyenne et bat même celui du secteur du BTP, réputé accidentogène.
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– Cette profession implique beaucoup de déplacements, souvent avec sa propre voiture et très mal indemnisés, qu’il faut faire rapidement et en sautant les repas. Et la question de la circulation est cruciale actuellement : s’ils ne vont pas à domicile, personne n’y va…
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– De grosses responsabilités leur incombent (ne pas faire tomber la personne, etc) et de grandes qualités humaines d’écoute et d’observation sont nécessaires pour gérer la maladie et la fin de vie qui sont un lot quotidien.
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– Les aides à domicile subissent le manque de reconnaissance et turn -over importants qui minent le moral.
Or, le nombre de personnes dépendantes va augmenter de 7% d’ici 2025.
Les Français vieillissent et le secteur des services à la personne apparaît comme un gisement d’emploi inespéré et pourtant les candidatures aux formations ont chuté de 25 % en 6 ans.
Un rapport sur la revalorisation des métiers du grand âge est actuellement à l’étude.
1,3 million de professionnels travaillent auprès de 3 millions de personnes âgées et il en faudrait 20 % de plus !
Comment concilier confinement et continuité de service indispensable auprès des personnes ? D’autant que beaucoup sont en arrêt de travail pour s’occuper de leurs enfants à domicile et alors que ces personnes manquent cruellement de masques et de gel.
Mobilisés dans la tempête, ils font front, au même titre que les personnels d’EHPAD, ils continuent, au-delà des services rendus, d’apporter un peu de lien social là où il n’y en a plus, avec le défi de se protéger et de protéger les personnes chez lesquelles elles continuent de se rendre.
Il est ahurissant que dans notre pays, nous envoyons ces personnes sur le front, au péril de leur santé et de leur vie, sans aucune arme pour combattre cet ennemi invisible.
Mais il est d’autres travailleurs de l’ombre, comme les PSAD : prestataire de santé à domicile, qui assurent aux patients la mise à disposition de dispositifs médicaux et des services nécessaires à leurs prises en charge médicale et para-médicale. Ils ne font pourtant pas partie du système de dotation mis en place par l’Etat en masques et gel, car ils ne sont pas toujours reconnus comme des professionnels de santé !
Ils ne peuvent pas forcément bénéficier non plus du service de garde proposé aux enfants de soignants ; or, il est indispensable qu’ils puissent continuer à exercer leur métier, car il serait catastrophique d’envisager la ré-hospitalisation de leurs patients !
Ce secteur est massivement mobilisé : si ces professionnels n’intervenaient plus, la crise sanitaire serait démultipliée. Ils se préparent également à apporter leur soutien à l’hôpital, en prenant en charge les patients que les hôpitaux vont renvoyer chez eux afin de libérer des lits. Ils s’attendent donc à un afflux de patients.
Ces missions essentielles sont assurées seulement grâce à l’engagement des personnels, malgré les difficultés en termes d’équipement et d’effectifs.
Il est temps de réaliser que la santé ne se gère pas comme une entreprise commerciale car la santé doit échapper à la loi du marché.
A Debout La France, nous voulons mettre ces métiers qui s’occupent de nos anciens en lumière et demander leur protection, afin qu’ils puissent travailler en toute sécurité, pour les aidés comme pour les aidants.
Merci à eux.
Déléguée nationale à la santé