Après la Cour des comptes qui avait écorné le mythe des 3% de déficit en début de semaine, les langues semblent se délier au gouvernement. Laurent Fabius vient ainsi d'annoncer, l'air de rien, qu'il pensait probable que la France ne tienne pas cet objectif. Dans le langage diplomatique du ministre des Affaires étrangères, cela veut dire que la rigueur absurde mise en place par le gouvernement a été totalement inefficace. Autrement dit, la France vient de perdre 9 mois.
Les Français, dont les impôts ont monté en flèche et qui sont en train de régler leur premier tiers payant, sont donc heureux d'apprendre que leurs efforts ne servent à rien. Comme des moutons, François Hollande et son gouvernement se sont pliés aux exigences absurdes de Bruxelles. Ce faisant, ils ont étouffé un des derniers relais de croissance qui est la consommation.
En juin lorsque François Hollande avait retourné sa veste de Monsieur Croissance pour devenir Monsieur Rigueur, j'avais prévenu que jamais il ne pourrait tenir l'objectif imposé par Bruxelles. Pas plus que le Sarkozy de 2011 et 2012 n'avait pu le faire. Et c'est ce qui est en train de se passer. Comme tous les autres pays qui ont imposé la rigueur depuis le début de la crise, la France n'a pas dérogé à la règle. En freinant sur une plaque de verglas, François Hollande est en train de mettre la France dans le décor. Non seulement nous ne tiendrons pas l'objectif de réduction des déficits, mais nous sommes en train de faire rentrer le pays dans une récession cumulative lourde. Nous aurons perdu sur les deux tableaux.
Le gouvernement a fait une erreur majeure dès le départ. L'objectif premier n'est pas celui d'un déficit à 3% du PIB. Celui-là n'est que la conséquence d'un objectif bien plus important. Le vrai objectif c'est d'atteindre 3% de croissance. Avec une croissance à 3% nous pourrons inverser la courbe du chômage et nous pourrons réduire les déficits grâce à l'accroissement des recettes. Tous les pays qui ont réduit les déficits sont des pays qui ont d'abord renoué avec la croissance.
Et pour cela, il n'y a aujourd'hui qu'une seule recette : dévaluer la monnaie, baisser les charges sur les PME, remettre les banques au service de l'économie réelle, engager l'Etat dans des investissements d'avenir, protéger nos industries de la concurrence déloyale de pays ne respectant pas nos règles du jeu…
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République