Florian Philippot, Vice-Président du Front National, va de média en média pour répéter que Nicolas Dupont-Aignan et Debout la République se devraient de rejoindre le “rassemblement bleu marine”, préparer des meetings communs pour la campagne européenne, présenter une liste commune. Quel besoin aurions nous de nous distinguer sinon l’ambition personnelle, alors que selon lui, nous avons tant en commun ?
Lui qui est venu au FN depuis chez Jean-Pierre Chevènement avec son talent et son discours en effet républicain et gaulliste, nous lui retournons la question : qu’a-t-il été faire dans cette galère ?
Pourquoi ne pas avoir rejoint Debout La République, c’est-à-dire une formation dont il dit partager toutes les convictions ? L’attrait du nombre, le Front National ayant – pour le moment – plus d’électeurs et d’adhérents que nous ? Ce serait un drôle de raisonnement pour un gaulliste, qui eut consisté en 1940 à ne pas se déterminer sur la force des idées, mais sur le nombre de divisions blindées.
Pourquoi apporter son discours, qui n’est pas celui de l’extrême-droite, au service de l’idée du système selon laquelle, il n’ y a en France qu’une alternative, celle des étoiles jumelles de l’UMP et du PS d’une part, le Front National d’autre part ?
Comme le dit Florian Philippot lui-même, le Front National a changé de discours économique en rompant avec une sorte de national-libéralisme, et c’est tant mieux. Est-ce faire injure de dire qu’il a ici rejoint nos propositions et non l’inverse ? Le Front National ne veut pas qu’on le qualifie d’extrême-droite, et c’est tant mieux. Mais n’est-ce pas là qu’il plonge des racines qu’il ne renie pas ? Peut-on oublier que le Front National sous la direction de Jean-Marie Le Pen, qui en est encore le Président d’honneur et la tête de liste en PACA pour les européennes, a servi durant vingt ans de caution au système en dévoyant le patriotisme par son mélange avec la xénophobie et l’antisémitisme ?
Le Front National d’aujourd’hui veut se dégager de ce passé encombrant, mais sans lui tourner clairement et définitivement le dos. N’est-ce pas là une équation impossible ?
C’est bien ce que pensent les Françaises et les Français, y compris ceux qui votent pour lui ou qui ont l’intention de le faire. Ils croient volontiers que le Front National d’aujourd’hui est une force d’opposition sincère, un parti patriotique, mais ils ne le trouvent pas crédible pour gouverner.
Parce qu’une force politique, ce n’est pas seulement un programme, et il faudrait ici discuter les positions du FN sur la peine de mort, sur l’avortement, sur une laïcité qui prendrait vite si on le suivait des allures de caserne. Un parti politique c’est aussi une histoire, une image, la confiance que l’on accorde à ceux qui le représentent. Les Françaises et les Français veulent un changement de cap, mais ils craignent l’aventure, l’extrémisme ; ils ne veulent pas pour la France d’un solo funèbre mais qu’elle s’en sorte par le haut, y compris en défendant une nouvelle perspective en Europe. Ils détestent le système dominant. Ils seront prêts à suivre un rassemblement patriotique à condition qu’il soit sans ambiguïté, démocratique, républicain, qu’il n’ait pas la tentation de dresser une partie des Français contre une autre, dont le ton ne soit pas celui de la vindicte et de la table rase.
Est-ce faire un procès injurieux au Front national et à sa présidente de leur dire que les dérapages incontrôlés qui heurtent stupidement les français musulmans, cette agressivité inutile qui les caractérisent à certains moments sont un obstacle au changement ?
N’est-ce pas ce que Florian Philippot laisse lui-même entendre quand il vient corriger par ses communiqués les propos pas toujours contrôlés de sa Présidente, de Bruno Gollnish, de Jean-Marie Le Pen et de quelques autres ?
Allez, Florian, ne perd pas ton talent, on te retourne la proposition : bienvenue à DLR.
François Morvan
Vice-Président de DLR