Le système éducatif français : un bilan catastrophique

La France, dont le système éducatif a été une référence internationale, peine aujourd’hui à dispenser un savoir minimum à tous ses jeunes scolarisés.

Aujourd’hui, les principales richesses résident dans les savoirs. Pourtant, l’organisation de l’école est complètement obsolète et inadaptée aux enjeux de la modernité. Les enseignants sont démoralisés, moins payés que leurs homologues européens, et travaillent dans des conditions désastreuses. Ils sont de plus en plus nombreux à souffrir de dépression nerveuse. L’école est malade ! Et cela n’a rien d’une fatalité. De mauvais choix politiques ont été le fait des ministres et des gouvernements successifs et cela se concrétise par un bilan catastrophique.

 

Un système archaïque et inégalitaire

 

La France est un des pays où les destins scolaires sont le plus fortement corrélés aux origines sociales et au statut culturel des familles. En 2008, 78,4 % des élèves provenant de catégories sociales favorisées ont obtenu un baccalauréat général, contre seulement 18 % des élèves d’origines sociales défavorisées. La France est, au sein de l’OCDE, le pays où l’écart de résultats entre les élèves de statuts favorisé et défavorisé est le plus important – de l’ordre du double de celui du Japon, du Canada, ou de la Finlande.

 

Une des faiblesses majeures du système éducatif qui constitue un important facteur d’inégalité est le lien de dépendance existant entre la réussite d’un élève et l’établissement où il est affecté ainsi que les enseignants qui le prennent en charge. L’égalité scolaire qui doit régner sur un territoire est un critère fondamental de la réussite d’un système. Quand l’école oublie ses élèves en difficulté, c’est tout le système scolaire tout entier qui en pâtit. C’est une double nuisance à la cohésion nationale.

 

Les conséquences :

 

  • Des difficultés sérieuses en lecture est de l’ordre de 19,8% des élèves de 15 ans en 2009 (INSEE et PISA). Cette proportion augmente depuis 2000.
  • Le taux de bacheliers dans une génération a vivement progressé entre 1970 et 2000 (20,1 % en 1970, 62,8 % en 2000) en raison notamment de la création en 1987 du baccalauréat professionnel, mais il stagne depuis lors aux environs 70%. Il  s’élevait à 63,8 % en 2008
  • -1/3 seulement d’une classe d’âge obtient un baccalauréat général, et cette proportion a diminué pendant la période récente. Il y a un taux de 63,8% de bacheliers dans une génération (bac professionnel, technologique et général). La proportion globale de bacheliers généraux et technologiques par génération a baissé de 54,8 % en 1995 à 51,2 % en 2008.
  • En outre, beaucoup de spécialistes estiment que le niveau du baccalauréat ne cesse d’être abaissé pour augmenter le taux de réussite (passé de 75% en 1990 à 89% en 2009 pour la filière générale). Le site du Sénat démontre une explosion du nombre de mentions. En 1967, 0,3% des bacheliers obtenaient une mention Très Bien. En 1990, 0,8%. Ce chiffre a atteint 4,9% en 2006 et même 7% en 2010. En clair, il y a 40% plus de mentions Très Bien aujourd’hui qu’il n’y avait de mentions Bien en 1990 (5%), signe d’un relâchement de la notation.
  • Dans ces conditions, le système scolaire français ne permet pas d’atteindre l’objectif de 50 % de diplômés de l’enseignement supérieur.
  • Par ailleurs, le nombre de sorties du système scolaire « sans diplôme » – c’est-à-dire sans baccalauréat, CAP ou BEP – représente environ 130 000 jeunes par an, soit 16,3 % d’une classe d’âge.
  • Les jeunes « sortant sans qualification » étaient au nombre de 44 000 en 2006. Ces jeunes sont destinés à subir un taux de chômage de 45 %.

 

L’éducation est le défi majeur que doit relever la France. Depuis 25 ans, les gouvernements successifs ne témoignent d’aucune ambition pour l’école. Les coupes arbitraires d’effectifs et la dévalorisation de la condition enseignante n’ont rien arrangé. L’école est un chantier auquel il faut s’atteler dès aujourd’hui.

 
Clément Vincent
Universitaire