De nombreuses mobilisations ont lieu partout en France après l’annonce des cartes scolaires.
Parents, élus et enseignants se mobilisent pour défendre les demandes d’ouverture ou de non-fermeture de classe. Alors que nous sortons de deux années très lourdes pour la continuité scolaire, nous constatons qu’en plus des difficultés structurelles de l’Education Nationale, de la pandémie de Covid-19 et des dommages collatéraux de protocoles sanitaires insupportables, s’ajoutent aujourd’hui un projet indigne de fermeture de classes notamment en milieu rural !
Peut-on trouver pire comme situation pour oser nous évoquer la fermeture de classe !?
Le Gouvernement actuel, par l’intermédiaire de M. Blanquer, s’est engagé à plafonner les effectifs des classes de grande section, CP et CE1, à 24. Cet engagement pourrait être louable, sauf s’il impacte les conditions scolaires des niveaux supérieurs par des fermetures de classes et l’augmentation des effectifs de manière déraisonnée ou avec des classes de triples niveaux.
De plus, M. Blanquer s’est engagé en 2020 à ne fermer aucune classe sans l’accord du Maire, compte tenu de la crise COVID. Durant la semaine passée, nous avons eu 463 197 élèves testés positifs, 18 786 classes fermées, 30 774 personnes ont contracté le Covid-19 du côté du personnel éducatif.
Le Président de la République, lors de la conférence des Territoires de 2017, avait annoncé qu’il n’y aurait plus de fermeture de classe en milieu rural. « Ce qui est sûr c’est que les territoires en particulier les plus ruraux ne peuvent plus être la variable d’ajustement d’économies », promettait alors Emmanuel Macron.
Le dédoublement des classes en QPV ne doit pas se faire au détriment de l’enseignement en ruralité !
Réduire les effectifs dans les classes est une des priorités revendiquées par les enseignants, que ce soit pour améliorer les conditions de travail ou pour lutter contre les inégalités. Malheureusement pour la plupart des classes, les effectifs restent encore importants.
En milieu urbain, hors éducation prioritaire (EP), la moyenne est proche de 24 élèves par classe. La moyenne est plus faible (21.5 élèves par classe) en milieu rural, mais on retrouve bien souvent des classes multi-niveaux. A l’échelle nationale, les classes restent bien plus chargées que celles des pays voisins : 23 élèves par classe en moyenne, soit 21% de plus que la moyenne des pays de l’UE.
Pour réduire les inégalités sur le plan pédagogique, le Ministre nous a vanté sa mesure phare de dédoublement des classes de CP et CE1 en EP. Or, les résultats des évaluations nationales montrent que les écarts au niveau des compétences sont à peine visibles et il dépouille pour cela les écoles rurales de ses enseignants !
Le 10 Février 2021, M. Blanquer répondait au Sénateur M. Philippe Bonnecarrère « nous menons une politique de défense de l’école rurale, dont je suis fier ; j’ai souvent eu l’occasion de le dire devant le Sénat. Cette politique d’attractivité de l’école rurale, qui fait réussir les élèves, nous allons la mener ensemble. » A peine rentré de ses vacances à Ibiza, il nous menace d’un nombre incalculable de fermetures de classes dans nos villages !
Cette carte scolaire accentue les inégalités territoriales, en rupture complète avec le principe d’égalité républicaine. Les zones rurales ont assez souffert des réformes successives des rythmes scolaires et de deux ans de crise sanitaire, nous demandons dans ce contexte de conserver l’intégralité de nos classes, l’intégrité de notre école rurale.
Damien Bouticourt
Secrétaire général adjoint de Debout La France
Président du syndicat de regroupement pédagogique de Dangers, Mittainvilliers-Vérigny