En 1977 René Lévesque et Raymond Barre ont instauré les rencontres alternées des premiers ministres québécois et français. Ces rencontres fixent, à intervalle régulier, les grandes orientations de la coopération franco-québécoise.
La 17e rencontre alternée entre les premiers ministres français et québécois se tient en ce moment à Montréal et Québec.
Au-delà des discours convenus et en bon ambassadeur de l’Union européenne, cette rencontre permettra à Jean-Marc Ayrault de renforcer les liens déjà étroits en matière économique en apportant son soutien enthousiaste aux accords de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne.
Ces accords sont loin de faire l’unanimité au Québec et au Canada. Comme tous les accords de libre-échange, que ce soit ceux de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) ou l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain) ils sont négociés dans le plus grand secret et représentent toujours plus de perte de pouvoir pour les instances démocratiques, les élus du peuple.
Cette fois, ce sera au tour des provinces et des municipalités canadiennes de sentir le vent du boulet. Adieu àla régulation des collectivités sur la commercialisation des vins et alcools qui financent une partie importante des programmes sociaux. Adieu aussi à l’excellent système de soins universel et gratuit, imaginé par Tommy Douglas et mis en place en 1966 ou encore l’assainissement des eaux des municipalités qui seront tous bradés aux intérêts commerciaux.
Il en sera également fini des aides au développement économique ainsi que les actions en faveur des industries et emplois locaux qui seront prohibées par ce nouveau traité, au nom de la concurrence libre et non faussée !
Mais, peut-être que notre Premier ministre choisira également d’échanger sur des thèmes qui en France, sont presque totalement occultés par l’oligarchie politico-médiatique.
Le Premier ministre du Québec Pauline Marois, sera certainement surprise d’apprendre que non seulement le précédent gouvernement Fillon avait ratifié le protocole de Londres qui permet aux intérêts économiques étrangers d’enregistrer des brevets en France, écrits en anglais mais que Geneviève Fioraso, Ministre de l’Enseignement supérieur, après seulement dix mois au pouvoir, a aussi hâte de remplacer le français par l’anglais comme langue de référence dans nos universités.
Les Québécois, dépositaires de notre langue et de notre culture en Amérique depuis plus de 400 ans, qui se sont battus contre vents et marées pour promulguer la loi 101 affirmant haut et fort la primauté du français dans la belle province, apprécieront à leur juste valeur la naïveté et le renoncement de nos gouvernements successifs en France.
Si seulement M. Ayrault pouvait en prendre de la graine… L'espoir fait vivre.