Vertueux sur le principe mais vecteur volontaire de soumission et d’impuissance …
Après 6 mois d’un travail confié par le Premier Ministre, le député LREM de l’Essonne et mathématicien, Cédric VILLANI, a présenté ses conclusions lors d’une conférence de presse le 29 mars 2018.
Le Rapport VILLANI, commence mal puisque son intitulé “AIforhumanity” indique dès le début le mépris des macronistes pour notre langue, la soumission à la domination des Etats-Unis dans ce secteur (on y est habitué …).
Ce document a fait l’objet de nombreux retours dans le microcosme avec beaucoup de bienveillance. Les mesures de ce rapport ont été disséquées, analysées, commentées par les acteurs institutionnels et du secteur privé à pas feutrés, car les dépendances des uns et des autres sont grandes. Il est vrai que les différents relais d’opinion n’ont pas envie de se fâcher avec le pouvoir !
Il ne convient pas, bien entendu, de nier, de dénigrer, de lutter aveuglément contre toutes les disciplines liées à ce qui est appelé “IA”: ce serait un peu comme être contre l’arrivée des smartphones, en 2002, pour donner un exemple prosaïque … la révolution numérique par ce medium a bien eu lieu et l’IA, avec son cortège de disciplines (robotique, deep et machine learning, objets connectés, Big Data et la “disruptive” blockchain …) est là. Elle portera ses effets sur la société, sans aucun doute possible et ce, à court terme.
Revenons donc sur quelques points des 6 axes de ce rapport.
-1- Des données personnelles non souveraines et donc, non protégées.
Les données personnelles des Français, “l’or du XXIème siècle”, doivent être abritées de la rapacité financière et des intrusions contre la vie privée.
Si DEBOUT LA FRANCE n’est pas opposée à une coopération européenne pour travailler sur ces sujets avec nos partenaires (traitée par la RGPD – Règlement Général de l’UE pour la Protection des Données, applicable fin mai 2018), nous exigeons que les données des Français soient hébergées dans notre pays par un ou des opérateurs français, autonomes et indépendants de pouvoirs et de capitaux étrangers.
-2- Une recherche communautaire …
Face aux dizaines de milliards alloués par les GAFA à l’IA, la France va donc investir 1,5 milliards d’euros dans ce domaine d’ici 2022. Oui mais comment ? Comment protéger ces investissements ?
Cette somme n’est pas à la hauteur des enjeux d’autant plus qu’elle sera dispersée sur 4 axes stratégiques très larges (Santé, Transport, Environnement, Défense et Sécurité) même si ces domaines sont reconnus d’excellence française.
DEBOUT LA FRANCE questionne le financement conjoint public-privé des acteurs qui interviendront sur ces secteurs choisis : nos organismes comme le CNRS ou l’INRIA seront-ils obligés d’animer des travaux mis en commun avec leurs homologues européens ? Quid des brevets issus de leurs recherches sous détention pluri-nationales ?
L’objectif doit être de rendre la France moins tributaire des droits d’exploitation de technologies américaines (et chinoises) et des services des multinationales étrangères (situation monopolistique des grands acteurs sur les réseaux sociaux, la puissance de calcul et l’hébergement des données).
L’argent des contribuables français doit être utile à la France ! Aussi les investissements dans le privé doivent apporter des garanties : s’agit-il de grandes entreprises françaises à capitaux majoritaires nationaux ? Comment la force publique pourrait investir dans des start-up dont la pérennité et la valorisation deviendrait un appât pour des capitaux étrangers sans possibilité d’interdire leur prise de pouvoir ? L’état en serait actionnaire principal ? Quel retour sur investissement ?
-3- Formation et emploi : la prise de conscience et l’action ?
Nicolas Dupont-Aignan se bat depuis des années pour la mise en valeur de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour mettre fin à la “fuite des cerveaux” français vers les Etats-Unis … Il sera donc bienvenu de réorganiser les infrastructures en pôles “IA” sur tout le territoire et de revaloriser les salaires pour rendre plus attractives les études longues scientifiques.
La France doit être le fer de lance de la mise en place des équipements assurant notre autonomie au niveau national. Ceci peut passer par des partenariats choisis avec des alliés européens comme pour se doter, entre autres, d’un supercalculateur dont l’acquisition et les coûts seront élevés ou d’une infrastructure “cloud” mutualisée (hébergement de données) dans ce même périmètre européen pour peu qu’il garantissent l’hébergement des données françaises en France.
-4- Une écologie incitée ou punitive et subie ?
Le point traitant du rôle de l’IA sur l’angle écologique est louable mais soulève juste le risque de dépendance et de limitation de liberté de l’individu par des moyens de surveillance et d’incitations intrusifs sur notre quotidien (on pensera par-là à la destination du dispositif LINKY d’EDF/ENEDIS). Ne retiendrions-nous que l’aspect favorable global de l’IA sur l’optimisation des ressources sans en envisager les risques ?
-5- Enfin … l’éthique
L’IA, qui est en quelque sorte l’ouverture de la “boîte de Pandore”, nécessite bien une étude et un suivi des impacts éthiques et sociétaux sur les libertés, les arbitrages (on pensera surtout aux domaines du judiciaire et de la santé) et sur la sauvegarde de la sphère privée des individus. Quel pouvoir réel face aux sociétés privées ou à l’Etat Plateforme ? A l’inverse, surtout pour nos sociétés françaises, plus de contraintes ? Plus de risques ? Plus de pénalités potentielles pour nos entreprises à l’image des amendes colossales qui les menacent (application du RGPD) ? Une fois encore, on comprend l’importance de la souveraineté nationale dans ce domaine pour que les citoyens soient vraiment maîtres de leur vie.
-6- Universalité de l’IA dans tous les sens du terme …
Un dernier point du rapport énonce bien les risques de disparité … L’IA “française” se voudra “inclusive” et “diverse” … tout un programme … DEBOUT LA FRANCE appuie sur le fait que nous sommes TOUS menacés dans nos activités menant à rétribution (donc … aussi … les cadres, les retraités, les professions libérales, les acteurs du secteur primaire) ou à moindre mal impactés, dans notre travail, nos libertés et pas seulement des “pseudo-minorités” identifiées comme le met en avant le Rapport VILLANI et en fait écho le récent Rapport BORLOO sur les banlieues … C’est au contraire l’unité nationale qui permettra d’apporter une réponse démocratique aux enjeux de la révolution technologique en cours.
DEBOUT LA FRANCE suivra avec vigilance et ambition les projets du gouvernement liés à l’IA pour que ce rapport ne se contente pas de slogans mais permette à la France d’ouvrir un nouveau chapitre de son excellence scientifique et assure à ses concitoyens que cette technologie ne devienne pas un outil de leur soumission.