Depuis une semaine, de nombreux journalistes évoquent le cri d’alarme de maires épuisés et désemparés. Un calcul réalisé à partir du répertoire national des élus indique que depuis 2014, le nombre de maires démissionnaires est en augmentation de 55% par rapport à la précédente mandature. La situation s’aggrave encore sous Emmanuel Macron puisque depuis mai 2017 386 maires ont démissionné, un record. L’équilibre du territoire est en jeu.
Le Président de la République se targue régulièrement d’instaurer un « nouveau monde ». Nous en avons hélas une tragique démonstration dans les communes de France. La politique budgétaire d’Emmanuel Macron orchestrée par une technocratie à ses ordres démontre l’absence totale de vision du territoire. En prolongeant la politique de François Hollande, il entérine progressivement la disparition des communes rurales.
En candidat de l’establishment, il a choisi son camp, son modèle. Ce sera celui des grandes métropoles, ancrées dans la mondialisation, motrices du développement économique et démographique qui attirent tel un aimant les éléments les plus fragiles à proximité. En prônant cette idéologie, Emmanuel Macron ignore volontairement cette France qui meurt à petit feu du fait de décisions politiques scandaleuses.
Sous couvert de maîtriser les dépenses publiques au plus haut sommet de l’Etat, le Président de la République ne fait qu’entraver les espérances des maires en niant la diversité des intérêts de nos communes. A ce titre, la refonte injustifiée de la carte intercommunale issue de la loi NOTRe de 2016, défendue bec et ongles par Emmanuel Macron, consacre l’émergence d’intercommunalités toujours plus grosses qui privent la liberté d’action des maires. Progressivement, ces derniers sont dépossédés de leurs prérogatives au profit des intercommunalités. Ils ont le sentiment, à juste titre, de devenir les exécutants de décisions prises en dehors du Conseil municipal. Ces innombrables interférences contreviennent à l’exercice du mandat accordé par ses administrés. En actant fin juillet le transfert des compétences eau et assainissement aux intercommunalités en 2026, les maires ne seront bientôt plus que des fantoches. C’est la fin programmée de la démocratie locale.
Emmanuel Macron achève l’existence et l’indépendance des communes de France en s’attaquant également à leurs budgets. Il est vrai qu’à ses yeux, elles ne sont plus que des variables d’ajustement financière. En réduisant de 300 millions d’euros les dotations globales de fonctionnement (DGF) dès son accession au pouvoir, il a donné un signal clair aux municipalités. Les communes sont donc les grandes perdantes de son mandat, comme elles le furent sous les précédents gouvernements. Sous le quinquennat précédent, les dotations globales de fonctionnement avaient déjà été sévèrement réduites. Selon l’Observatoire des finances locales, elles représentaient 21% des recettes d’une commune en 2013, seulement 13% en 2017. Certaines communes ont vu leur DGF baisser de 50%. Emmanuel Macron s’enorgueillit de les avoir augmenté en 2018, pour la première fois depuis des années, mais il omet simplement de dire que près de la moitié des communes ont vu leur dotation se réduire cette année selon l’Association des maires de France.
Voilà une énième bassesse du Président de la République qui en proposant cyniquement lors de l’élection présidentielle la suppression de la taxe d’habitation – représentant en moyenne 34% des recettes fiscales des communes – démontre son absence de considération pour cette échelon si essentiel dans l’histoire de France. En coupant les ressources fiscales des communes, l’Etat sait pertinemment que c’est autant d’investissement dans les équipements de toutes sortes et dans les services publics qui ne seront pas réalisés au niveau local. Cette mesure populiste sera une ignominie sociale majeure puisqu’elle tendra à dissoudre la solidarité de l’administré envers sa commune. Le citoyen s’efface au profit de l’individu.
Ces effets désastreux sont le fruit d’une politique mondialiste portée par Emmanuel Macron et par une majorité hors-sol car le non-cumul des mandats a exclu de l’Assemblée nationale l’homme enraciné. Nul doute que les élections municipales de 2020 vont consacrer l’atomisation des communes rurales et la disparition des maires, derniers élus appréciés par les Français. Il est vrai qu’avec seulement 30% d’opinions favorables, Emmanuel Macron pourrait en être jaloux.
Frédéric Mortier
Secrétaire Général de Debout la France
Maire de Longué-Jumelles