L’entreprise française QWANT vient d’annoncer, ce vendredi, un partenariat avec le constructeur et distributeur de portables chinois HUAWEI.
Pour le moment, en France, mais aussi en Italie et Allemagne, QWANT sera le moteur de recherche installé par défaut sur les portables d’une gamme de ce constructeur. Il y a tout juste un an c’est un partenariat avec WIKO qui avait vu le jour.
Entre amendes infligées à GOOGLE et l‘embargo américain, les produits des GAFAM ne peuvent plus être aussi omniprésents et les constructeurs doivent trouver des alternatives.
En 2018, Bruxelles a en effet condamné GOOGLE à une amende de plus de 4 milliards d’euros pour abus de position dominante sur le système d’exploitation Android. Un an plus tard, la réaction lamentable de la multinationale américaine a été de demander aux moteurs, tel QWANT, de payer pour être présent sur Android qui, pour rappel, appartient à GOOGLE et équipait plus de 76 % des téléphones en fin d’année 2019, l’autre acteur dominant étant Apple …
Après des remous internes et des critiques techniques, d’adhérence avec les produits de MICROSOFT en particulier, QWANT a démontré sa résilience et ses performances remarquables dans l’accession au statut de géant du numérique mondial qui a un prix, sous pression des étaux des blocs asiatiques (les BATX) et nord-américains (les GAFAM).
Comme différence majeure avec son concurrent mastodonte, QWANT annonce ne pas tracer les utilisateurs et donc de respecter leurs vies privées. Avec deux actionnaires majeurs, Caisse des Dépôts et l’allemand Axel Springer, un rachat d’une société française (Xilopix), un partenariat avec l’INRIA, l’institut français de recherche en informatique et automatique, sa prise de distance avec les outils de Microsoft et Bing en particulier, QWANT est donc dirigé vers une spirale vertueuse d’un maximum d’autonomie.
Ce partenariat se voit qualifié d’équilibré par le PDG de QWANT qui indique qu’une partie des revenus de liens payants seront reversés à HUAWEI. Pour cet acteur chinois, cette solution est un levier pour contrecarrer son accusation d’espionnage des utilisateurs. L’Etat français doit néanmoins rester vigilant sur l’équilibre du partenariat, la puissance du géant chinois étant par principe menaçante.
En France, QWANT est aussi maintenant choisi par notre administration (ministères, Education Nationale) ou de grandes sociétés (SAFRAN, CNES) comme moteur de recherche par défaut. En Europe, malgré son financement, il y a 5 ans, par la BEI puis l’arrivée d’un investisseur allemand, le déploiement, sur tous types de supports (PC, tablettes, smartphones), dans les pays de l’union reste poussif.
Loin des investissements par milliards que peuvent engager GOOGLE sur ses serveurs et sa recherche, toutes ces bonnes nouvelles permettront de faire grandir QWANT pour devenir un challenger.
DEBOUT LA FRANCE se félicitera toujours des démarches des entreprises qui veulent assurer leur indépendance maximale et leur rôle mondial pour équilibrer les dominations techniques et scientifiques en alimentant, et c’est le cas pour QWANT, un écosystème français de startups qui gravitent autour de ses solutions.
DEBOUT LA France, faute d’avoir accès au contrat, souhaite que celui-ci soit, à moyens termes, une réelle avancée pour ce champion français afin de gagner de la notoriété et des parts sur notre territoire, en Europe et dans le monde, et non pas d’être une simple caution du constructeur chinois dans son combat contre GOOGLE.
DEBOUT LA FRANCE souhaite ici préciser que l’Afrique est un de nos enjeux numériques qui peut s’appuyer sur la francophonie et les universités locales pour promouvoir et amener aux succès de sociétés françaises. Pour rappel (chiffres du Monde, mars 2019), 59 % de locuteurs quotidiens en français sont africains aujourd’hui et à l’horizon 2050, il y aura 2 milliards de locuteurs français continentaux (67 % des locuteurs contre 43% aujourd’hui pour ce continent).
Un acteur français comme QWANT n’est pas encore suffisamment disponible et présent en Afrique bien que son réseau de partenariat s’étoffe. Là encore, c’est une course contre les géants du numérique : GOOGLE a ouvert un laboratoire d’IA au Ghana il y a un an.
Sans parler de guerre, une grande nation, comme la nôtre, doit maintenir son autonomie de recherches, de capacité industrielle, ses brevets et sa position locale et rayonnante dans les secteurs du numérique. Cette autonomie doit être aussi raisonnée vis-à-vis des pays de l’Union Européenne pour que l’interdépendance ne soit pas totale. Notre parti a toujours promu les partenariats industriels et non les fusions ou rachats de société entre membres.
DEBOUT LA FRANCE, à l’occasion de cette bonne nouvelle pour le numérique français, rappelle l’aspect crucial de deux axes : l’hébergement des données en cloud maîtrisé (avec la souveraineté de nos données) et la recherche couplée à la puissance de calculs (supercalculateurs) entres autres nécessaires pour l’IA et, le cas pour QWANT, l’indexation. Un effort français de protection des infrastructures et du patrimoine des brevets et des actifs informatiques, avec des partenariats équilibrés, doit faire l’objet d’une prise de conscience et d’une vigilance de chaque instant.
Lionel Mazurié
Délégué national au numérique