Que faut-il faire pour dessiller les yeux des différents Ministres de la Justice, en particulier Madame Belloubet ? Faudra-t-il que les surveillants pénitentiaires en viennent, comme les Femen, à s’enfermer tout nus dans les cellules à la place des détenus pour attirer l’attention de leur hiérarchie ? C’est incroyable une telle cécité face à l’évidence !
La construction de la nouvelle prison de femmes aux Baumettes, dite « B2 », a été l’exemple même de ce qu’il ne fallait pas faire : constructions édifiées en dépit du bon sens avec des cellules qui donnent directement sur une rue passante au lieu d’être tournées vers la colline, malfaçons, vices de forme au nombre de…400 dénoncés officiellement, fuites d’eau par les fenêtres et la toiture ou inondations par temps de pluie, salles d’attente en panneaux cartonnés de placoplâtre, pas de climatiseurs convertibles dans les bureaux des surveillants, ce qui revient à dire qu’ils doivent supporter l’été des chaleurs supérieures à 40 degrés et des froids sibériens l’hiver, problèmes de harcèlement des voisins par des détenues hystériques qui les insultent et les menacent toute la sainte journée depuis leurs cellules, etc.
Le simple bon sens dicterait à l’administration de ne surtout pas rééditer les mêmes avanies lors de la toute prochaine construction du « B3 », le nouveau bâtiment qui prendra la place des Baumettes historiques, celles qui ont vu les dernières condamnations à mort et ont abrité, un certain temps, la plupart des grands caïds de Marseille. Eh bien, croyez-le ou pas, mais la direction parisienne s’apprête de récidiver en flagrant délit malgré les observations réitérées des surveillants, des syndicats, des associations de voisins et des élus locaux ! L’objectif majeur de nos gouvernants est de « cocooner » les détenus car, chacun le sait, s’ils sont en prison, c’est qu’ils n’ont pas eu de chance dans la vie, ils sont victimes de leurs fréquentations, victimes de leurs familles décomposées ou absentes, victimes d’une vie sociale sans idéal, victimes du chômage, et ils ont toutes les excuses du monde. On oublie aujourd’hui que la prison est une sanction qui répond à des infractions multiples à la loi.
Spectacles, pièces de théâtre, salles de sport, climatisation, les détenus auront droit à tout et les surveillants à rien. C’est un exemple manifeste de l’inversion des valeurs dans notre société. Lors de la présentation du nouveau projet concernant le « B3 », les syndicats pénitentiaires ont eu la surprise de voir que les hauts fonctionnaires n’ont tenu aucun compte des erreurs du passé. Ce fut une nouvelle désillusion pour les voisins car les nouveaux bâtiments seront érigés près des murs d’enceinte, ce qui va entraîner de nouveaux troubles de voisinage, et les surveillants ont pu constater avec regret qu’aucune salle de restauration n’était prévue pour le personnel, que pour la climatisation de leurs bureaux ils pouvaient se brosser, que la salle de sports était réservée aux détenus, que le parloir famille était très éloigné de l’entrée de la prison, ce qui ne manquera pas de provoquer des problèmes de fonctionnement et de circulation.
Pour faciliter la vie des détenus – et donc leurs petits trafics – on envisage sérieusement au ministère de leur installer des téléphones fixes alors même qu’aucun logement de proximité n’a été prévu pour le personnel pénitentiaire. Mépris, dédain, les gouvernements se succèdent et leurs méthodes se ressemblent : priorité aux détenus. On fait confiance à Vinci, le patron du racket autoroutier, passé maître dans l’art de la malfaçon et de la construction fantaisiste.
Ces observations désastreuses sont valables pour les Baumettes mais aussi pour la majorité des constructions de prisons en France, par exemple celle de Gradignan près de Bordeaux qui est logée à la même enseigne, avec les mêmes préventions et cette espèce de « discrimination positive » qui commande la plus grande indulgence et le plus grand confort pour…les détenus. Les surveillants, eux, peuvent aller se faire voir. Ils se sentent isolés, humiliés, mal considérés, peu écoutés et jamais entendus. Ils sont dépités de voir que le gouvernement s’obstine dans des partenariats public-privé qui sont très onéreux pour le contribuable et souvent sans issue positive.
Si de nombreux élus de gauche et du centre choisissent de fermer les yeux et les oreilles face à ce scandale, il n’en va pas de même de Nicolas Dupont-Aignan et de « Debout La France » qui dénoncent avec fermeté cette « maltraitance pénitentiaire » vis-à-vis des surveillants. Qui peut décemment accepter aujourd’hui de travailler dans des conditions lamentables, de voir les détenus protégés à leur détriment, d’être insultés ou menacés toute la journée pour 1400 euros par mois. Quel surveillant peut accepter un tel traitement ?
Nicolas Dupont-Aignan exige désormais qu’on prenne en compte le mal-être et la détresse de ces personnels oubliés par le gouvernement, de ces « petites gens » qui n’en peuvent plus de tirer le diable par la queue, les infirmières, les policiers, les surveillants pénitentiaires, les chauffeurs de bus, les caissières de supermarché, les enseignants. Il veut qu’on remette les choses à l’endroit, les détenus dans leur cellule, et qu’on prenne enfin vraiment soin des surveillants en leur garantissant des conditions de travail décentes et humaines.
Jacques Struzynski, délégué national de Debout La France à la pénitentiaire
José d’Arrigo, délégué de la 6eme circonscription des Bouches du Rhône