Le président de Debout la France, candidat à la présidentielle, propose un nouveau traité européen « révolutionnaire ».
Emmanuel Galiero
LE FIGARO.- Quel est le sens de votre traité européen ?
Nicolas DUPONT-AIGNAN. – Les Anglais vont probablement sortir de l’Union européenne le 23 juin. Mais même s’ils n’en sortent pas, notre système actuel est à bout de souffle. Si l’on acte la fin de cette union, il faut présenter une alternative concrète. Je propose une voie intelligente de reconstruction de l’Europe en cassant la logique bureaucratique et en supprimant la supranationalité.
En quoi votre projet est-il « révolutionnaire » ?
Je propose une révolution pour faire marcher l’Europe. La seule Europe viable est celle des nations démocratiques et libres. Nous voulons leur rendre leurs pouvoirs : la loi, le budget et les frontières. Parallèlement, pour peser dans la mondialisation et gagner la bataille scientifique, il faudra lancer les projets industriels concrets du XXIe siècle et multiplier les coopérations, sur la base du volontariat, entre trois à six pays, comme nous avons pu le faire pour Airbus, mais pas à vingt-huit.
Comment concevez-vous cette « association d’États souverains » ?
Nous commençons par fixer un point fondamental : la Turquie n’appartiendra jamais à l’UE. Ensuite, le socle commun peut comprendre vingt-huit pays mais nous défendons la souveraineté des États, c’est-à-dire leur liberté, en mettant un terme à la loi de la majorité. Si chacun contrôle ses propres frontières, les coopérations demeurent possibles. En vérité, nous n’inventons rien puisque cela correspond à l’Europe gaullienne des nations. La démocratie nationale est au-dessus de tout.
Sur le plan économique, vous n’excluez pas un recours au protectionnisme…
Nous remplaçons la Commission européenne par une agence monétaire et une agence économique. Nous conditionnons le marché unique au respect d’une harmonisation sociale et fiscale. C’est l’idée du serpent fiscal qui m’est chère et qui permet de lutter contre le dumping et l’impôt excessif. Les nations doivent respecter un certain nombre de convergences.
Quel est l’objectif d’une transformation de l’euro ?
Créer l’euro flexible. La monnaie est trop rigide, voire absurde parfois puisque les pays de l’Union n’ont pas la même compétitivité. L’idée est de mettre en place des monnaies coordonnées (eurodrachme, euromark, eurofranc…) et l’euro comme monnaie de réserve. Les parités fixes éviteraient les mouvements de yo-yo mais chaque monnaie pourrait être réajustée pour prendre en compte la compétitivité.
Au niveau institutionnel, comment rendez-vous le « pouvoir » aux Parlements nationaux ?
En supprimant le Parlement européen et en le remplaçant par une assemblée européenne représentant les Parlements nationaux. Nous devons rassurer en créant un nouveau cadre de travail commun, comme une famille qui déciderait d’offrir une chambre à chacun de ses membres pour mieux vivre au sein d’une maison commune.
Votre traité ressemble à une entreprise de dégraissage. Comment vous y prenez-vous ?
L’Union européenne est incompatible avec la démocratie et nous coûte trop cher chaque année. Il faut donc la liquider. Nous voulons casser la machine bureaucratique corrompue qui a remplacé les élus. C’est pour cela que je propose une structure allégée avec un secrétariat général, un conseil d’administration de missions et des agences thématiques. Il faut en finir avec les organismes supranationaux qui se sont arrogé un pouvoir non démocratique. Par exemple, il est inadmissible que des technocrates imposent aux Français la prise en charge de migrants, la libre circulation de 80 millions de Turcs, les travailleurs détachés ou encore la GPA.
Pourquoi vouloir constitutionnaliser le référendum ?
Pour rendre l’Europe aux peuples. Ils ne peuvent pas être court-circuités. Nous défendons une Europe plus réaliste et plus ambitieuse sur des projets ciblés. Lutte contre le cancer, panneaux solaires, robots de demain, voiture propre, autoroutes numériques, plan d’aide à l’Afrique… Les sujets ne manquent pas. Et nous ne pourrons pas être caricaturés comme antieuropéens puisque nous revenons à l’essence d’une union de coopérations.
Mais que répondez-vous à ceux qui vous accusent de « populisme » ?
C’est le dernier argument de ceux qui n’aiment pas le peuple et qui le piétinent. Donald Trump a prononcé une phrase très juste : « Ils sont en train de placer le politiquement correct au-dessus du bon sens. » Moi, je veux placer le bon sens au-dessus du politiquement correct.
Voir l’article sur le site du Figaro : http://www.lefigaro.fr/politique/2016/06/20/01002-20160620ARTFIG00241-nicolas-dupont-aignan-il-faut-reconstruire-l-europe.php