La catastrophe sanitaire que nous traversons, due à l’épidémie du coronavirus 19, nous rappelle que la science ne marche pas dans l’urgence, gouverner c’est prévoir et anticiper.
Nous assistons aujourd’hui à une guerre larvée entre différents chercheurs sur les moyens de combattre cette épidémie par rapport aux connaissances de ce rétrovirus le SARS-Cov 2 ou Covid-19.
La manière la plus académique de faire progresser la science, passe par la rédaction d’articles internationaux. Ces travaux qui répondent aux questions biologiques posées avec une méthodologie rigoureuse sont soumis à un éditeur d’une revue spécialisée dans la discipline concernée. Il sera ensuite lu par de 2 ou 3 spécialistes, les reviewers ou examinateurs et c’est l’éditeur de la revue qui prend la décision en fonction des retours des examinateurs, de publier, de refuser ou de demander des corrections avant publication.
Par ailleurs nos soignants assistent impuissants à la mort de patients même si nous semblons atteindre un plateau. Il est alors difficile pour eux, et c’est compréhensible, de ne pouvoir donner aucun traitement leur mission étant de soigner. Alors en attendant les résultats d’essais thérapeutiques, les médecins ont la possibilité d’administrer les traitements déjà disponibles sur le marché, dont certains antiviraux.
A Marseille, les travaux de l’équipe du Pr Raoult (médecin infectiologue et chercheur en microbiologie de renommée mondiale), sur un nombre de patients (80) ont montré que l’association de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pendant 6 à 10 jours a conduit à une amélioration clinique rapide de 78 de ces 80 patients. Leur charge virale a diminué très rapidement pour la plupart d’entre eux. Sur les deux patients restants, l’un était toujours en soins intensifs et l’autre était décédé. Une dernière étude a été faite sur 1061 patients et a démontré que le taux de mortalité est de 0.5 %.
Mais cela ne lève pas pour certains le doute car une des critiques porte sur le fait qu’il n’y a pas de groupe contrôle dans son étude, rendant l’évaluation impossible. Ce travail n’a pas été fait de manière académique pour un certain nombre de médecins et de chercheurs notamment les membres du conseil scientifique que l’on peut voir régulièrement sur les différentes chaînes de télévision. Mais pour étayer et confirmer cette critique ne faudrait-il pas effectuer dans un autre hôpital le protocole de D Raoult avec un essai randomisé dans les conditions qu’il préconise ? Ce qui n’est toujours pas fait. … ou alors dans le secret ?
D’autres critiques ont été rapportées comme l’exclusion posteriori de six patients du groupe ayant reçu le traitement actif ou la baisse de la charge virale comme unique variable. Certains ont évoqué qu’il n’y avait qu’une seule autre publication de chercheurs chinois pour l’évaluation de l’efficacité de la chloroquine qui a suggéré par ailleurs que celle-ci n’a aucun effet, prise isolément, sur l’évolution clinique (précisons que les concentrations utilisées dans cet article sont plus faibles que celles du Pr Raoult). Mais cette publication suffit pour constituer une preuve supplémentaire que ce n’est pas sérieux et que ses résultats sont trop prématurés.
En attendant les résultats de l’essai thérapeutique franco-européen Discovery contre le Codiv-19 lancé le 22 mars qui inclut que la chloroquine sans azithromycine…le Pr Raoult poursuit son protocole et les résultats sont disponibles sur le site de IUH Méditerranée Infection (au 19/04/20 sur 2939 patients traités, 12 décès). Début avril le département des Bouches du Rhône présentait un taux de décès sur hospitalisation de 4.2 % alors que le Haut Rhin 22.4%. ..peut être attribué en parti aux méthodes du Pr Raoult à Marseille ?
Chacun reste sur ses positions, cet effet favorable serait dû à l’évolution naturelle de la maladie et non au traitement médicamenteux car en absence de groupe témoin il est impossible de le savoir. Soulignons que le gouvernement a eu des positions contradictoires autour de l’utilisation de hydroxy chloroquine avec deux décrets écrits le 26 et le 27 mars qui se contredisaient.
Un autre essai a été lancé en utilisant le plasma des patients infectés et guéris du Covid-19 afin de voir si les anticorps de ces derniers pourront soigner les malades atteints par ce virus. Cela a déjà été utilisé en médecine face à des épidémies. Ce traitement est très empirique et ne connaît pas les réticences du monde médical. Il est d’ailleurs à noter que le 19 avril la Pr Florence Alder, apporte une précision lors de sa conférence avec le premier ministre : on ne peut pas dire avec certitude qu’avoir porté la maladie est immunisante.
En conclusion la recherche avance pas à pas, elle est le fruit de nombreuses collaborations. Les publications ou les travaux sont confirmés par certains puis infirmés par d’autres… c’est le prix des découvertes, des innovations et on ne peut s’affranchir de discussions mais nous sommes en situation de catastrophe sanitaire et des vies sont en jeu. L’urgence sanitaire justifie la publication rapide des résultats scientifiques et rend pitoyable le spectacle auquel nous assistons… et un chercheur ne doit avoir comme leitmotiv que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” (Rabelais)
Précisons que le temps de la recherche n’est pas celui de l’immédiateté … et que les politiques menées depuis bien longtemps par les différents gouvernements successifs et par l’union européenne nous ont conduit à une situation sanitaire sans précédent.
N’oublions pas aussi que pour mener à bien ce type de travaux de recherche fondamentale, les chercheurs ont besoin d’argent et de temps pour essayer de ne pas être pris au dépourvu en cas d’émergence de nouveaux virus, et c’est malheureusement ce que nous sommes en train de vivre.
A Debout le France dans notre programme nous souhaitons faire de la France une terre des chercheurs en portant à 4% du PIB le budget de la recherche.