Créée par Reporters Sans Frontières, cette journée marque les limitations de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux et autres médias de ce canal public qu’est internet.
DEBOUT-LA-FRANCE souhaite préciser quelques-unes de ses positions politiques par ce jour bien funeste qui nous rappelle que des robots paramétrés par les réseaux sociaux ou que des relecteurs ou modérateurs, souvent simples exécutants sont en charge d’appliquer des règles autoédictées, partisanes, communautaristes, mondialistes, d’intérêts commerciaux ou d’influences.
En dehors de photos, vidéos ou propos jugés à raison hors cadre, une œuvre d’art dénudée de l’antiquité ou du XIXème siècle se retrouvera ainsi également privée d’être affichée, un chef d’Etat élu et en exercice dans l’impossibilité de s’exprimer, un post sur une cause juste sera privé de publication pour une interprétation inverse de son contenu !
Alors que la France était, en 2002, à la dixième place du classement mondial de la liberté de la presse, celle-ci a chuté récemment au 45ème rang …
Sur ces sujets, l’année 2020 a été marquée par la loi Avia qui a levé des débats constructifs pour notre société aboutissant à la quasi-anti constitutionnalité de celle-ci par le Conseil Constitutionnel pour qu’il n’en reste que des dispositions “résiduelles” dont la création d’un parquet dédié ainsi que d’un observatoire de la haine en ligne attaché au CSA, n-ième institution dont les membres sont souvent issus de choix politiques et de favoritismes de tous genres.
Autour d’informations connexes aux événements qui ont touché Samuel Paty, Miss Provence, Mila, Donald Trump et bien d’autres personnes connues ou pas, quel est le pouvoir de sociétés privées comme les GAFAM surtout Google, Facebook et Tweeter, à appliquer une censure directe s’adressant non seulement à des personnes, mais aussi à des produits comme un bande dessinée à contenu sexuel pour Amazon sur Kindle ? Amazon Prime Vidéo a aussi, par exemple, demandé la suppression de scènes dans la série The Boys, idem pour du contenu informatif, historiquement mal qualifié dans son analyse automatique, sur le leader YouTube propriété de Google.
La Russie, par son ministère chargé du numérique, des communications et des médias, le Minkomsvyaz, souhaite contrôler et isoler le pays en matière de contenus digitaux. En Chine, se sont, en plus des réseaux sociaux, les médias comme le Washington Post et The Guardian qui sont interdits d’accès numériques alors que les individus connaissent une limitation de leurs déplacements et que le comportement des individus est tracé dans les grandes villes par une notation, le crédit social. L’Union Européenne s’aligne sur les outils d’Outre-Manche sans volonté de faire émerger des alternatives locales au GAFAM, mais favorise qu’une myriade de sociétés leurs soient dévolues (faute de choix et quasi astreinte d’utilisation de leurs services d’hébergement, de calcul, d’IA, …). La censure est parfois plus nette pour empêcher l’information de circuler à l’exemple des manifestations cachées aux Ethiopiens qui ont été privés jusqu’à trois mois d’internet dans certaines régions.
Des associations, comme la Quadrature du Net, parlent d’alternative libre et décentralisée pour que l’Etat limite les plateformes majeures et luttent, parfois par des actions en justice, contre des lois ou pratiques liberticides françaises.
La censure peut être active (suppression de contenu) et quelque peu passive dans le cas des moteurs de recherche qui, nous connaissant, plus que nous d’ailleurs par collecte de nos données de navigation, de consultation et de production, peuvent nous pousser du contenu ciblé ou nous en cacher.
DEBOUT-LA-FRANCE rappelle, plus largement à l’occasion de cette journée centrée sur la censure :
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Son adhésion à la neutralité du net à savoir la non-intervention des opérateurs ne devant être que des transporteurs de l’information sans discrimination passive ou active exercée par eux et surtout dans la différentiation entre un service standard et des services avantagés, plus rapides, mais filtrés ou remplis de contenus ciblés (par exemple autour du TISA) qui attaquent directement la liberté d’expression et d’accès libre à l’information.
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Sa préoccupation du pouvoir de censure de firmes américaines privées qui sont omniprésentes dans les outils du numérique, y compris étatiques, en France et en Europe.
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Sa consternation que la France, voire l’UE, ne fasse rien pour se doter de géants numériques alternatifs aux GAFAM qui canalisent ces outils de communication (YouTube, Facebook, Tweeter, Instagram, …)
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Son rejet de lois liberticides globales et de l’escalade sur des interdictions ciblées et contextuelles au plus influent, communautariste ou plaignant.
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Sa position pour un internet gratuit (la communication de l’information) à l’image de nos routes et de ce que devrait être nos autoroutes, les réseaux d’eau, de gaz, d’électricité. Ce que l’on paye est la consommation (modèle ultime à venir type Linky / Gazpar … de facturation à l’usage réel typé : lumière versus climatisation par exemple plus énergivore … ). Nos impôts financent cela et ce sont les services qui doivent être payants. La fausse gratuité des GAFAM est compensée par la captation de nos données et le ciblage publicitaire très lucratif dans leur position dominante.
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Sa préoccupation pour qu’une vigilance s’exerce sur le contrôle des réseaux intermédiaires (câbles sous-marins et équipements 5G dont le cas HUAWEI en est la parfaite illustration) par leurs prises en main par les mêmes GAFAM (le câble MAREA par exemple) et à leur partition au plus offrant (sociétés privées) ou le plus influent (ONG) créant ainsi un favoritisme, ce qu’un état de droit éviterait.
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Sa volonté qu’il y ait l’application de lois nationales sur les services opérés sur notre territoire et non une permissivité totale pour des services mondialisés dont, d’ailleurs, la facturation échappe à l’impôt local, par domiciliation dans les paradis fiscaux intra-européens, forçant à l’idée de créer des taxes compensatoires comme la fameuse taxe GAFA.
La censure a toujours existé et le problème d’internet est que la donnée omise est immédiatement remplacée par un contenu alternatif sans obligations de notification, de sensation de manque ou encore de colère de l’usager . Ceci s’opère dans une relation un à un, application-individu, immersive, persistante où l’internaute est analysé dans ses choix et pratiques, modélisé pour ne devenir qu’une cible en termes marketing et de contenu à intérêts partisans ou commerciaux.
Pour DEBOUT-LA-FRANCE, l’enjeu réside là : le formatage de l’individu par défaut d’alternatives favorables au doute et à la construction d’esprits libres par des contenus variés alors qu’il n’y a pas de véritables luttes ciblées sur les contenus interdits, qui eux, passent au travers des filets …
Lionel Mazurié
Délégué National au Numérique