Le Mercredi 2 Avril, j’ai participé à un débat sur la chaine du Parlement Européen. Un débat intéressant sur lequel je souhaite revenir étant donné que Catherine Trautmann n’a cessé d’évoquer les positions protectrices que prendrait son parti, renaissant le mythe d’une Europe sociale.
Le mythe de l’Europe sociale
C’est le très bon livre de Vincent Coussedière qui rappelle que François Mitterrand disait en 1971 que « s’il est interdit d’envisager une Europe socialiste à court terme, à partie d’une France socialiste, l’évolution s’accélérera ». Il est assez ironique de constater que 43 ans après, toute la campagne du Parti Socialiste pour les élections européennes pourrait être construite autour de ce postulat. Selon eux, l’Europe ne serait anti-sociale que parce qu’elle serait dirigée par une majorité de gouvernements de droite. Et si jamais les amis du PS devenaient majoritaires, alors le projet européen deviendrait enfin plus progressiste et protecteur pour les citoyens. On imagine déjà le slogan « Votez pour l’Europe sociale ».
Mais qui pourrait gober de telles énormités, infirmées par tout ce qui s’est passé depuis des décennies ? C’était la promesse du PS lors de la campagne pour le traité de Maastricht. Depuis, l’UE n’a cessé d’aller dans la mauvaise direction. A la fin des années 1990, les partis de gauche étaient largement majoritaires en Europe et les traités qu’ils ont ratifiés n’avaient rien de social, certains ayant pour objectif affiché d’envoyer nos services publics français à la décharge (comme le montre la récente remise en cause par la Cour de Justice Européenne du statut de la Poste et de la SNCF), au mépris des utilisateurs et de ses salariés. Et il faut bien reconnaître que le PS a accepté tous les traités qui ont permis un affaiblissement ou une déconstruction de nos acquis sociaux, de l’Acte Unique à Lisbonne…
Grosses ficelles de communication
Le plus incroyable est que Catherine Trautmann a l’air sincère quand elle évoque les batailles que son groupe et elle auraient menées. Tout d’abord, il faut relativiser la place du Parlement dans le processus de décision, notamment sur les sujets aussi essentiels que les accords commerciaux ou la politique monétaire. De deux choses l’une, soit elle est sincère et il est stupéfiant que son expérience ne lui indique pas que la gauche n’a jamais su pousser l’UE dans une direction plus sociale et qu’au contraire, elle est en train de détruire patiemment mais méthodiquement de nombreuses conquêtes sociales de la plupart des pays. Soit elle joue la comédie, n’arrivant pas à assumer les conséquences de ses idées, au contraire de Pascal Lamy. Pourtant, la députée européenne socialiste avait l’air sincère…
Mais pour enfin défendre nos conquêtes sociales, il ne faudra pas faire dans la demi-mesure. Il faudra bruler cette Europe devenue complètement folle et antisociale. Il faudra quitter le piège de la monnaie unique, un délire qui consistait à penser que l’Allemagne et l’Espagne pouvaient avoir la même politique monétaire. Il faudra retirer toute autorité sur les négociations commerciales pour enfin se protéger, comme le font presque tous les pays du monde. Les Etats-Unis ont fermé leurs frontières aux pneus chinois quand l’Europe les a accueilli à bras ouverts : ils ont pris 10% du marché, les usines Goodyear et Continental ont fermé. L’UE est le béni oui-oui du commerce international, comme même des journalistes courageux de l’Expansion et l’Express le reconnaissent aujourd’hui. Et il faudra naturellement reprendre le contrôle des lois et des normes, trop souvent fixées dans l’intérêt des multinationales à Bruxelles.
Depuis plus de 40 ans, le PS et ses amis avancent la perspective d’une Europe plus sociale si on leur faisait confiance. La réalité est qu’ils ont accepté la construction d’une Europe profondément antisociale. C’est pourquoi il ne faudra pas croire ses promesses (tout comme celles de l’UMP).
Laurent Pinsolle
Délégué national à l’Equilibre des Comptes publics et au Patriotisme économique