Tribune d'Henri TEMPLE, délégué national de Debout La République.
Les pacifistes des années 30, ancêtres des socialistes de 2011, avaient sûrement de bonnes intentions. Dès lors, ce que nous appellerons le « principe historique et sociologique de précaution », devrait inciter les responsables politiques à méditer la source de ce principe posé, en premier lieu, en matière médicale, par Hippocrate : « Dans le doute abstiens-toi ».
S'abstenir de promettre le droit de vote aux immigrés relève, en effet, à l'évidence, d'une «précaution» qu'il ne faut abandonner à aucun prix, car le doute le plus fort,-ce qui en fait presque une certitude,-pèse non seulement sur les motivations alléguées pour cette coquecigrue, mais encore, et avant tout, sur ses raisons souterraines et ses conséquences potentielles.
I. Les arguments avancés en faveur du vote des immigrés non européens ne laissent pas, en effet, de frapper par leur légèreté.
- En premier lieu on indiquera que le vote des étrangers européens aux élections locales était déjà, en soi, une erreur même si c'était la conséquence acceptable d'une autre erreur issue de la fantasmagorie fédérale : la citoyenneté européenne… On sait le risque de voir, dans certaines régions frontalières, des communautés communales « expropriées » de leur légitimité séculaire par des installations massives de frontaliers. Ce n'est pas sain, et peut créer, au minimum, des tensions.
- Parmi les différents arguments avancés, il y a, notamment, celui de la vraie ou fausse générosité, selon laquelle la « patrie des droits de l'Homme » ne saurait « exclure » ceux qui «travaillent pour nous » et « paient des impôts ». La patrie des droits de l'Homme n'est pas celle des Bisounours. Parmi les droits de l'Homme et du citoyen, le lien Nation/droits civiques est essentiel. La citoyenneté est le constituant essentiel de ce lien, qui ne peut ni être dévoyé, ni être divisé.
En d’autres termes, et d'abord, la citoyenneté est un privilège de la nationalité : il faut être Français pour voter en France, et un Français ne devrait ni voter ni faire son service civique à l'étranger, sous peine de remettre en question sa citoyenneté.
La citoyenneté, ensuite, ne se divise pas. On l'a toute entière ou on ne l'a pas. Or, si l’on comprend bien la proposition sénatoriale, les étrangers pourraient voter, élire des représentants, mais ne pas briguer le mandat de maire. Gageons que ce canard boiteux demanderait -et obtiendrait- assez vite dans la logique des arguments déployés pour fonder la démarche, la disparition de cette « anomalie», la main sur le cœur, l'œil humide, la voix vibrante et l'index accusateur pointé sur les « méchants anti-immigrés »…
Certes beaucoup d'immigrés travaillent, en France, mais à quel point de confusion mentale est-on parvenu, à mélanger ainsi les droits sociaux (élections sociales ou syndicales) et les droits civiques ?
La même riposte vaut aussi pour l'argument fiscal. Tous les expatriés du monde paient des impôts et cette apparente vénération de l'acte fiscal (peut-être inspirée des Etats-Unis), pourrait bien fleurer des réminiscences censitaires d'ancien régime.
Et la riposte vient immédiatement à l'esprit : si travailler et contribuer (ce qui est d'ailleurs obligatoire) sont les critères, allez-vous empêcher les étrangers chômeurs ou non imposables de voter ? Sinon que vaut votre argument ?
II Mais ce sont surtout les objectifs souterrains et les conséquences potentielles de ce populisme sournois qui ne laissent pas d'inquiéter gravement.
- Ce n'est pas un hasard si c'est de la nouvelle majorité sénatoriale que vient l'initiative de la proposition de loi. Combien y a-t-il d’étrangers non européens en France ? De 8 à 10 millions peut-être ? Et la plupart d'entre eux vivent difficilement, bénéficiant (ou les sollicitant) d'aides diverses. Et une partie de ces aides sont aux mains des élus locaux. Voilà donc un moyen magistral qui, sous le couvert d'une peau de mouton, permet au loup politicien de conserver à jamais sa clientèle électorale, et donc un pouvoir total et définitif. Et d'augmenter sans cesse les impôts locaux rendus nécessaires pour la mise en place pérenne, d'un système de prébendes politiciennes, sans se préoccuper du bien commun économique durable.
- Les conséquences de ces misérables calculs pourraient s'avérer dramatiques. Alors que la pression démographique devient intense, la pompe aspirante que l'on vient de décrire, rendrait plus que possible l'apparition de listes confessionnelles plus ou moins radicales ; certaines d'immigrés non (encore) Français, d'autres de Français issus de l'immigration.
De plus en plus assurés de leur droit à orienter la société française, fut-elle simplement communale, des listes politiques confessionnelles, éventuellement financées de l'extérieur, pourraient fusionner, prendre une majorité absolue ou un poids considérable dans les conseils municipaux.
La laïcité au quotidien, la citoyenneté républicaine, des siècles d'efforts vers les Lumières encourraient l'anéantissement.
« Nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles »(Paul Valéry).