Ce mardi, les députés français se rendront à Berlin pour célébrer les 50 ans du traité de l'Elysée qui a scellé la réconciliation franco-allemande. Alors que cet anniversaire devrait être une fête, les cérémonies prennent la tournure d'un enterrement en grande pompe. Pour ma part, je ne me rendrai pas à Berlin car je refuse de participer à ce simulacre.
Que reste-t-il de l'esprit qui a habité le général de Gaulle et Konrad Adenauer au moment de lier le destin de leurs deux pays ? Ce traité ne scellait pas seulement une réconciliation, il définissait l'essence d'une relation de long terme pour les décennies suivantes.
Cette relation reposait sur 3 piliers :
– la confiance. Nos deux pays devaient tout se dire dans les bons comme dans les mauvais moments.
– l'égalité. Nos deux pays avaient une relation d'égal à égal où aucun ne devait chercher à dominer l'autre.
– la construction. Nos deux pays devaient œuvrer ensemble à construire un avenir plus prospère.
Or depuis une dizaine d'années, ces piliers ne sont pas respectés. L'Allemagne, par l'intermédiaire de l'euro, impose à la France une politique néfaste dont nous subissons jour après jour les ravages. L'Allemagne se sert de l'Union européenne pour servir ses intérêts nationaux alors que la France, bien trop naïve, cède toujours devant les Commissaires de Bruxelles. Depuis 30 ans, aucun projet commun concret n'a été mené par nos deux pays. A l'époque de la signature du traité de l'Elysée, nos deux pays avaient lancé des projets ambitieux comme Airbus ou Ariane.
Se rendre à Berlin serait cautionner la détérioration des relations avec nos amis allemands. Élu de la Nation, je refuse de me prêter à ce jeu de dupes. Je connais trop l'importance des relations franco-allemandes pour me rendre complice de cette tragi-comédie. Je demande à mes collègues de faire preuve de lucidité. Nous devons boycotter cette journée pour alerter sur les dérives de cette dernière décennie.
L'amitié, c'est se dire toute la vérité. C'est se parler franchement, y compris des choses qui fâchent. Ce n'est pas faire semblant d'ignorer les moments difficiles.
Aujourd'hui, en cette période de crise, le moment est venu d'avoir une discussion franche avec notre vieil ami d'Outre-Rhin. Il y a 50 ans la main tendue est venue de France. 50 ans après c'est encore à nous Français qu'incombe la responsabilité de dire toute la vérité. Faisons table rase de ces 10 ans d'errements, rééquilibrons notre relation et travaillons ensemble à des projets communs concrets pour les décennies à venir.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République