Les négociations pour le Mercosur se sont arrêtées le 6 décembre, le traité définitif a été complètement rédigé et sera soumis en l’état aux différend pays pour ratification. Au-delà des considérations économiques ou souveraines, ce traité a des implications environnementales absolument désastreuses, et illustre parfaitement l’hypocrisie Bruxelloise, qui répond toujours positivement à l’appel du pied de la dérégulation et des grands groupes industriels aux dépens de la protection de l’environnement, comme le prouve le Pacte Vert, victime d’un important travail de lobbying ayant abouti à imposer davantage de contraintes aux citoyens qu’aux entreprises polluantes.
Conçu pour faciliter les échanges, l’accord prévoit une réduction significative des droits de douane à l’entrée dans l’UE, notamment sur près d’un million de tonnes de produits agricoles, dont 99 000 tonnes de bœuf. Cette mesure rendra l’élevage bovin sud-américain encore plus compétitif qu’il ne l’est aujourd’hui. Ce sont pourtant ces mêmes élevages bovins qui sont responsables de la déforestation massive prenant place en Amazonie. Aujourd’hui, près de la moitié des importations de bœuf des pays du Mercosur vient du Brésil, pays connu pour raser des pans entiers d’une forêt riche en biodiversité pour y établir des élevages bovins. Pire encore, l’augmentation de la production de viande bovine accompagnera à son tour l’augmentation vertigineuse de la production de soja, dont l’expansion se fait également aux dépens des écosystèmes locaux. Le soja a la particularité de nécessiter une grande quantité d’engrais pour pousser et satisfaire la demande, toujours croissante, en alimentation pour les bovins. L’azote contenu dans ces engrais termine dans les rivières, puis dans l’Océan créant des « zones mortes », pauvres en vie aquatique, dans des écosystèmes autrefois riches. Au Brésil, l’on en trouve aux alentours de Rio de Janeiro ou encore à l’estuaire du fleuve Paraíba do Sul, mais des chercheurs estiment qu’à terme, c’est le fleuve Amazone qui se retrouvera dans cette situation. Et nous n’avons pas évoqué le défrichage par incendies, qui combiné à la baisse de précipitations que connait la forêt depuis plusieurs années, peut donner lieu à des incendies incontrôlables, comme c’était le cas en 2019, où l’équivalent du Liban était parti en fumé.
Les quotas d’éthanol vont eux aussi augmenter, et seront six fois supérieurs à ce qui est importé aujourd’hui. Les conséquences seront les mêmes que concernant la production de soja. Emmanuel Macron a nommé une commission d’expert pour évaluer les effets de ce traité, et elle en a conclu que la déforestation augmenterait de 5% par ans pendant 5 ans. C’est la mort annoncée de plusieurs milliers d’hectares de vie, transformés en élevages ou champs intensifs, pulvérisés d’insecticides interdits d’utilisation dans l’Union Européenne (mais qui n’empêchent pas l’importation des produits pulvérisés).
Ces exemples permettent de comprendre concrètement le concept de fausse écologie que porte l’Union Européenne : des restrictions et une atteinte à la santé publique pour les populations, une complaisance dangereuse envers les entreprises, et une destruction accélérée des milieux naturels.
Bien qu’il s’oppose (en façade) à ce traité, Emmanuel Macron et sa politique européiste force la France à statuer sur un accord auquel les français s’opposent, un accord qui sera subit. L’accord étant considéré comme le plus important traité de libre-échange de l’Histoire de l’UE, nous aurons à subir de potentielles représailles de Bruxelles si nous refusons de le ratifier, comme si nous aurions mal voté.
La France, forte de son histoire, de sa science et de son esprit, a un rôle majeur à jouer dans la sauvegarde de la nature et dans la transmission au monde d’un message de respect pour notre planète. Celui-ci serait simple : le commerce, oui, mais non point celui qui asservit la terre et détruit les forêts. Désormais, il doit obéir à des règles allant au-delà des intérêts immédiats : celles du respect de la nature, de la limitation des destructions humaines, et de la défense du vivant. Car un commerce qui ne se plie pas à ces exigences n’est plus une source de progrès, mais une menace pour l’humanité tout entière.
Par-delà ces considérations, il ne faut pas oublier de juger l’arbre par sa racine. Ce qui bloque notre agriculture, nous impose l’importation, ce sont avant tout les normes agricoles de l’Union Européenne et la PAC, des politiques aujourd’hui responsables du manque de repreneurs des installations agricoles. Aujourd’hui, c’est le Mercosur, mais demain, les conditions seront telles qu’en serons nous à chérir un accord comme celui-ci ?