À l’occasion de la publication du rapport de l’OCDE sur le salaire des enseignants, les commentaires des médias ont été divergents, certains estimant que les enseignants français gagnaient plus que leurs homologues de l’OCDE, d’autres estimant le contraire.
Observons d’abord que comparer les salaires en France à ceux d’une moyenne de pays incluant la Colombie, la Corée ou la Turquie n’a pas grand sens.
Nous avons donc extrait de la base de données de l’OCDE sur laquelle est fondé le rapport les chiffres concernant les 17 principaux pays d’Europe occidentale, ce qui nous semble constituer une base de comparaison beaucoup plus pertinente.
Suivant la méthodologie de l’OCDE, nous avons distingué les salaires statutaires (salaires de base hors primes, indemnités et heures supplémentaires) et les salaires effectifs qui incluent ces éléments.
Les salaires calculés par l’OCDE sont exprimés en dollars PPA (parité de pouvoir d’achat), ce qui permet de comparer les niveaux de vie des enseignants dans ces différents pays.
Dans les tableaux suivants, nous avons classé les salaires réels selon la colonne « 45-54 ans » et les salaires statutaires selon la colonne « 15 ans d’ancienneté ». Ce classement est bien entendu discutable, mais il permet de donner une image de la hiérarchie des niveaux de vie pour des enseignants en milieu de carrière en l’Europe de l’Ouest. Un autre mode classement n’aurait d’ailleurs pas modifié sensiblement cette hiérarchie.
Lorsque certaines données étaient indisponibles (« NC ») pour les salaires effectifs nous avons néanmoins pu estimer le classement approximatif en nous basant sur les salaires statutaires.
Les résultats (tableaux 1 à 6) montrent clairement que les enseignants français figurent parmi les moins rémunérés. En termes de salaires statutaires, la France est avant-dernière ex-aequo avec l’Italie pour tous les niveaux d’enseignement.
En termes de salaire effectif, la France est un peu mieux classée au collège, et encore un peu mieux au lycée, notamment parce que les professeurs du secondaire peuvent effectuer des heures supplémentaires, mais la France reste néanmoins dans le peloton de queue.
Certains pourraient être tentés d’avancer que les enseignants français travaillent moins, ce qui est faux comme le montre le tableau 7 où les différents pays pour lesquels des données sont disponibles ont été classés par temps de travail décroissant en prenant en compte la moyenne des temps d’enseignement en primaire et au lycée. On remarque que les enseignants du premier degré ont un temps de travail particulièrement long, alors que leurs homologues du second degré sont un peu mieux lotis en comparaison de leurs homologues étrangers.
Enfin, nous avons classé les pays la douzaine de pays pour lesquels les données étaient disponibles par taille moyenne de classe décroissante (tableau 8). La France est seconde au palmarès des classes surchargées.
En définitive, la France figure parmi les pays d’Europe occidentale où les rémunérations des enseignants sont les plus faibles, et simultanément parmi ceux où le temps de travail est le plus long et où les classes sont les plus chargées.
Indubitablement, les plus affectés par cette « triple peine » sont les enseignants du primaire, mais ceux du second degré le sont aussi.
Marc Chapuis
Délégué National à l’Instruction Publique