Un nouveau défi pour l’Afrique : miser sur un développement durable en phase avec une transition écologique réussie…..
La très grande majorité des experts économiques considèrent que l’Afrique demeure un continent d’avenir qui doit, cependant, faire face aujourd’hui à une évolution démographique sans précédent. Cette réalité d’une hausse démesurée de la population africaine s’explique par le fait qu’actuellement une naissance sur deux est enregistrée sur ce continent. Or, à l’horizon 2050, les projections laissent apparaître que la population africaine devrait atteindre 2,5 milliards, et donc être largement supérieure à celle de l’Inde, et a fortiori à celle de la Chine. Phénomène aggravant, cette évolution s’accompagne d’une très forte urbanisation qui est sans équivalence ailleurs dans le monde. Les besoins énergétiques de ce continent vont donc littéralement explosés dans les prochaines décennies et devenir considérables, notamment, dans le domaine de l’énergie électrique, mais aussi dans ceux qui touchent aux transports et à l’industrie.
Selon une étude conduite conjointement par la Banque africaine de développement et l’ONU en 2017, la consommation énergétique du continent nécessite actuellement environ 8 milliards € par an. Or, il serait nécessaire d’investir 48 milliards € par an jusqu’en 2030-2040, soit 6 fois plus qu’aujourd’hui.
C’est donc en Afrique, notamment subsaharienne, que se jouera l’un des défis majeurs du développement de ce continent, et concomitamment celui de la bataille contre le dérèglement climatique. En d’autres termes, la manière dont l’Afrique réussira à faire face à ses besoins énergétiques conditionne, d’ores et déjà, sur le plan écologique outre son propre avenir, celui du reste du monde.
Offrir à l’Afrique l’opportunité de faire des choix judicieux et ambitieux pour elle-même, mais également pour l’avenir de la planète….
Comme nous l’avons régulièrement souligné au sein de Debout la France, notre pays a commis de graves erreurs en matière d’orientation de sa politique énergétique. Le choix de l’éolien et des panneaux photovoltaïques a été particulièrement hasardeux, voire désastreux, tant sur le plan financier qu’au niveau écologique[1]. La France a indiscutablement la responsabilité, compte tenu des liens privilégiés qu’elle entretient avec ses amis africains, de les mettre en garde. Ils se doivent de ne pas commettre les mêmes erreurs et surtout ils doivent être en capacité de faire les choix les plus éclairés dans leur démarche vers une indépendance énergétique librement consentie, véritablement durable et écologique. De fait, la présence croissante des pays émergents, les “BRICS” (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), sur le continent et leur influence particulièrement grandissante auprès des États africains fait peser ce risque d’orientation malheureuse et nous impose de faire preuve d’une grande vigilance au regard des enjeux locaux et des conséquences qui pourraient en découler au niveau mondial.
Il faut cependant en convenir, l’Afrique dispose, d’un potentiel exceptionnel pour s’engager d’elle-même vers un développement moins carboné, car elle détient d’abondantes ressources en énergies renouvelables qui peuvent être développées dans de nombreux domaines.
– L’hydroélectricité reste la piste de développement la plus viable pour l’Afrique subsaharienne, sous réserve d’adopter une saine gestion de l’eau à travers les fleuves et cours d’eau pour ne pas tarir, en particulier, les bassins de sédimentation et les écosystèmes aquatiques qui participent à la fertilisation des terres agricoles. Cette contrainte incontournable doit, de plus, être associée à un contrôle drastique de la déforestation, afin de maintenir un niveau d’humidité permanent des sols. En ce sens, l’hydroélectricité peut trouver une voie innovante de développement, notamment à travers des parcs à turbines immergées (technique voisine des hydroliennes) dans les bassins formés par les cours d’eau, afin d’offrir une alternative plus économique et respectueuse de l’environnement que les traditionnels barrages.
– L’éolien et le solaire ne sont que des opportunités supplémentaires et limitées en production d’énergie pour certains États africains dont les conditions climatiques locales sont moins favorables ou plus adaptées à ce type de production (éolien: Afrique de l’Ouest, solaire : Afrique du nord[2] et Afrique subsaharienne).
– La géothermie constitue, quant à elle, une alternative particulièrement prometteuse, notamment pour la partie Est du continent. Stable et moins coûteuse à l’exploitation, la géothermie[3] présente l’avantage indéniable de ne pas être sensible aux aléas du climat.
– La biomasse, à moindre échelle, pour la partie subsaharienne de l’Afrique[4] peut s’avérer une autre voie de production d’énergie (exploitation des déchets agricoles et forestiers).
Enfin, la volonté de construction de centrales[5] nucléaires est clairement affichée par une dizaine de pays africains. A ce jour, seule l’Afrique du Sud est dotée d’une centrale équipée de deux réacteurs. Dans la prochaine décennie, certains pays africains[6] ont affiché leur volonté de s’équiper de centrales, sachant que la Russie est déjà engagée dans la construction d’une centrale au Nigeria et d’une autre en Égypte.
Il faut légitimement s’interroger sur le bien-fondé d’une telle démarche. La stabilité politique et les institutions démocratiques des pays africains qui souhaitent installer de telles centrales sont-elles suffisamment solides sur le long terme ? On peut en doute quand on connait les troubles civiles et militaires qu’ils ont encore récemment traversé.
La parole de la France, qui reste un des leaders incontestés de l’équipement nucléaire au niveau mondial, doit donc se faire entendre au niveau de l’ensemble du continent africain et de la communauté internationale. Il faut s’opposer fermement à la construction de centrales nucléaires en Afrique, tant que des garanties suffisantes, principalement en terme de sécurité et de démocratie, ne sont pas réalisées. Or, aujourd’hui, un tel engagement paraît improbable.
Alors, la France se devra d’accompagner, sans doute avec l’aide de ses partenaires européens, cette transition écologique en Afrique, en apportant une aide substantielle à la croissance économique africaine, et ainsi pérenniser les emplois d’Africains sur son propre territoire……
Il ne faut pas occulter que la transition énergétique de l’Afrique offre une chance inespérée de création d’emplois à l’ensemble du continent. Même s’il semble difficile, à l’heure actuelle, d’estimer l’impact en termes de gain net d’emplois qui pourrait en découler, il est évident que les Africains voudront participer, à tous les niveaux, à ce formidable défi qu’offre, pour eux, la transition énergétique.
Nous, gaullistes convaincus, sommes persuadés que la France a un rôle prépondérant à jouer, d’abord, pour associer dans un partenariat le continent africain au développement high-tech lié aux énergies renouvelables et d’autre part, aider les États dans la création directe d’emplois dans ce domaine. Cela passera, fatalement, par un effort considérable au niveau de la formation professionnelle sur le territoire et par un transfert équitable de technologies indispensable pour le maintien d’un niveau technique suffisant des entreprises africaines.
L’enjeu qui vise à réussir ce développement équilibré et durable de l’Afrique grâce à la transition énergétique, n’est-il pas en réalité une première étape pour commencer à fixer les populations africaines chez elles et éviter, ainsi, un afflux intense d’Africains en l’Europe ?
Formulons des vœux pour que, dans ce contexte et sur ces quelques constats, la voix de l’Afrique et celle de la France, ne manquent pas d’interpeller la communauté internationale qui se réunira pour la COP 25 du 2 au 13 décembre prochain à Madrid,…… car la transition écologique mondiale en dépend.
Délégué national adjoint au développement de l’Afrique et à la Méditerranée
[1] Cf. Nicolas Dupont-Aignan Résistance Éditions du Rocher Chap. 7 une nouvelle politique énergétique p 152 à 160
[2] Maroc : Centrale solaire de Nour – Sénégal : 2 centrales solaires d’ici fin 2020
[3] Kenya est le 1er producteur d’électricité géothermique en Afrique, autre producteur africain : Éthiopie
[4] Burkina-Faso et Cameroun
[5] Algérie, Égypte, Ghana, Kenya, Maroc, Niger, Nigeria, Ouganda, Soudan, Tunisie, Zambie
[6] Le continent africain possède 20 % des réserves mondiales d’uranium