La Suisse est en guerre contre la France. C'est une guerre sans armes ni soldats mais elle a bien engagé les grandes manœuvres. Après avoir échoué à faire taire M. Falciani, l'arrestation de Pierre Condamin-Gerbier, ancien cadre de la banque Reyl, par la Justice suisse est une menace à peine voilée envoyée à la France.
Plus que ses révélations dans l'affaire Cahuzac, la Suisse reproche à Pierre Condamin-Gerbier d'aider la Justice française à démasquer d'autres exilés fiscaux. Nos voisins helvétiques ne transigent pas avec le secret bancaire et la protection de ceux qui déposent leur argent dans leurs banques. C'est leur droit le plus strict.
Mais que fait la France face à ça ? On sait depuis samedi que l'ancien cadre de la banque Reyl est en détention depuis le 5 juillet. Pourtant le Ministère de la Justice, comme l'ensemble du gouvernement, reste très silencieux dans cette affaire. M. Condamin-Gerbier est un témoin-clef mais aussi un lanceur d'alertes qui était prêt à collaborer dans les enquêtes instruites par les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire. Au moment où le projet de loi sur la fraude fiscale prévoit une protection accrue de ces lanceurs d'alertes, ce silence du gouvernement est un très mauvais signe envoyé à ceux qui souhaiteraient briser l'omerta des banques suisses.
Plus que l'arrestation de M. Condamin-Gerbier, c'est l'attentisme du gouvernement qui est scandaleux. A croire que cette arrestation en arrange certains… En tout cas elle va encore alimenter les suspicions sur un pouvoir politique déjà exsangue après les révélations de l'affaire Cahuzac
Demain je participerai à une conférence de presse organisée par Mediapart sur cette arrestation de Pierre Condamin-Gerbier. Je demanderai l'intervention immédiate du Ministère de la Justice et des Affaires étrangères pour exiger la libération de M. Condamin-Gerbier. Si vraiment la Suisse veut continuer à avoir des relations avec la France et si les banques suisses veulent continuer à exercer en France, il va falloir qu'elle arrête de se comporter comme un État voyou.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République