Le gouvernement de J.M.Ayrault est en train de finaliser, non sans quelques difficultés, le paquet fiscal. Derrière les discours sur «l’effort juste » et quelques mesures qui peuvent être utiles, nous voyons bien que la logique de ce paquet fiscal : effacer les mesures du précédent gouvernement par idéologie et effectuer un tour de vis sur les recettes pour répondre aux injonctions de Bruxelles et de la chancelière allemande, même si cela doit se faire au détriment de la croissance. En fait, en 2 mois, le président F.Hollande et son gouvernement sont déjà dans l’impasse économique car prisonnier du carcan européen et sont tout naturellement en train de mettre leurs pas dans ceux du précédent gouvernement : ponctionner les Français pour sauver un système à bout de souffle qui détruit notre tissu économique de notre pays.
La principale mesure de ce paquet fiscal, la fin de l’exonération de charges et d’impôt pour les heures supplémentaires, est d’ailleurs emblématique de cette logique. Alors que François Hollande vient d’endetter la France pour plusieurs dizaines de milliards d’euros avec le nouveau Pacte de stabilité, les socialistes sont en train de détruire une des rares mesures bénéfiques du mandat de Nicolas Sarkozy. En effet l’exonération des charges était un outil de compétitivité utile pour nos entreprises mais surtout un vrai coup de pouce au pouvoir d’achat pour les classes moyennes et populaires (bien loin du ridicule 0.6% pour le SMIC accordé au début du mois). Cette mesure est aussi un très mauvais signal pour toutes les entreprises mais aussi pour tous les salariés qui sont prêt à travailler dur pour obtenir un juste retour. C’est la fin d’un système gagnant-gagnant qui avait trouvé sa place dans nos entreprises et particulièrement dans les entreprises industrielles qui souffrent tellement en ce moment.
Alors bien sur, ils habillent le tout sous des discours pour l’emploi mais il faut être totalement naïf – ou déconnecté de la réalité – pour croire qu’en cette période de crise, les entreprises vont embaucher et créer des emplois avec la fin des heures supplémentaires. Cette mesure risque seulement d’accroitre la pression sur les salariés et d’accélérer le mouvement de désindustrialisation à cause du renchérissement du coût du travail qui s’en suivra. A-t-on vraiment besoin de voir encore plus d’usines fermées dans notre pays ? Et puis derrière cette mesure, il y a bien entendu le retour des 35 heures et les vieilles lunes du partage du travail qui ont échoué et ont fait perdre la bataille économique du début de XXIème siècle à notre pays. Nous pouvions penser qu’en 10 ans les socialistes avaient compris que cela ne marchait pas mais ils viennent de nous prouver que non.
En réalité, ce paquet fiscal n’est pas du tout à la hauteur des enjeux auxquels fait face notre pays, comme le pacte de croissance (120 milliards d’euros sur 3 ans pour tout le continent, combien pour la France ?) ne l’est pas pour l’Europe. Il ne résoudra en rien les problèmes de déficit public car il ne s’attaque pas aux causes de nos problèmes économiques à l’origine de l’effondrement des recettes de l’Etat (libre-échange déloyal, euro cher, système d’innovation et de formation, charges trop élevées pour les PME…). Mais pire, avec le matraquage fiscal qui arrive et plus particulièrement la hausse de la CSG de 2 à 4 points qui s’annonce pour l’année prochaine, la gauche au pouvoir est tout simplement en train de tuer le pouvoir d’achat et donc la consommation intérieure. La rentrée va être difficile pour tout le monde…
Nicolas Calbrix
Délégué national adjoint au projet