Nicolas Dupont-Aignan estime que le RN se fait hara-kiri en soutenant la proportionnelle. Ce mode de scrutin, selon lui, renforcerait le « régime des partis » et mènerait la France vers une instabilité chronique, similaire à celle de la IVe République avant 1958.
Retrouvez ci-dessous l’intégralité de l’interview au JDD.
Le JDNews. La plupart des partis politiques, à l’exception d’Horizons, sont pour l’instauration de la proportionnelle. Y êtes-vous favorable ?
Nicolas Dupont-Aignan. La proportionnelle est une fausse bonne idée car, à la différence du référendum, seul moyen d’associer les Français aux grands choix de la nation, ce mode de scrutin ne fera que renforcer le « régime des partis » qui a fait tant de mal à la France au cours de son histoire.
Ce serait une pure folie pour deux raisons : tout d’abord, notre pays deviendrait ingouvernable, car l’Assemblée nationale serait émiettée entre des partis politiques incapables de dégager une majorité claire de gouvernement. Le chaos que nous vivons aujourd’hui, à la suite d’une magouille politique sans lendemain d’avant le deuxième tour entre le Nouveau Front populaire et les macronistes, serait institutionnalisé pour des décennies.
Le général de Gaulle lui-même avait refusé d’inscrire dans la Constitution le mode de scrutin et avait opté pourla proportionnelle en 1947…
En revenant en 1958, le général de Gaulle, qui avait tant dénoncé « les petites soupes sur les petits feux » des politiciens de la IVe République, a mis en œuvre le scrutin majoritaire à deux tours pour dégager une majorité parlementaire en forçant les partis à bâtir des coalitions dans la clarté avant le second tour. Les électeurs doivent connaître, avant de voter, le programme des forces politiques qui gouverneront ensemble. Voulons-nous subir à nouveau les combines éphémères qui, avant 1958, avaient nourri l’instabilité gouvernementale et l’impuissance publique ?Plutôt le référendum que la proportionnelle
Le RN souhaite la proportionnelle avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. N’est-ce pas un moyen d’éviter l’instabilité ?
J’avoue ne pas comprendre pourquoi le RN, si proche d’une victoire présidentielle s’il réussit à bâtir une coalition patriote élargie et solide, veut se faire hara-kiri en instaurant un scrutin proportionnel qui le priverait d’une majorité parlementaire. Quant à une proportionnelle avec prime majoritaire, qui certes serait un moindre mal, je doute qu’elle soit votée par l’Assemblée nationale. Bien évidemment, la gauche, les socialistes et les centristes ont toujours défendu une proportionnelle intégrale leur permettant d’empêcher les patriotes, s’ils gagnaient la présidentielle, de mettre en œuvre leur programme.
Comment répondre, si ce n’est par la proportionnelle, au besoin de revitaliser le lien entre les citoyens et ceux qui les gouvernent ?
Le retour de la confiance viendra plutôt de la capacité du pouvoir politique à résoudre les problèmes des Français. Je propose l’instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui, comme en Suisse, associerait nos concitoyens aux grandes décisions de la nation. À cette démocratie directe s’ajouterait le rapatriement au niveau national, seul échelon démocratique, de très nombreux pouvoirs qui ont été transférés à la Commission de Bruxelles, dont les membres ne sont pas élus, et qui n’a donc aucune légitimité.