Les différents gouvernements de la République ont, ces dernières années, renoncé non seulement à protéger son économie et son modèle social mais aussi et surtout ses propres citoyens. L’affaire Lionel Gilberti, du nom de cuisinier de Habsheim, auparavant marié à une femme de nationalité allemande et aujourd’hui divorcé, témoigne de façon cruelle de cette carence dans la protection juridique de nos concitoyens. Ce père de famille s’est vu extradé, après l’émission d’un mandat d’arrêt international et avec l’aide de la police française, en Allemagne et risque 3 ans de prisons pour non-paiement des pensions alimentaires. Alors même que ce citoyen payait ces pensions il ne pouvait rencontrer ses enfants qui sont avec leur mère outre-Rhin. Cette dernière bénéficie d’ailleurs du total appui de la République Fédérale Allemande, on ne saurait en dire autant du père de famille français.
La coopération entre différents systèmes judiciaires, et à fortiori entre des systèmes judiciaires européens, si elle est nécessaire et incontournable au XXIème siècle ne doit pas se faire de manière inégale et précipitée. Une forme de réciprocité doit être érigée dans ce genre de relations car sinon la lutte contre la criminalité transfrontalière et l’amélioration des appareils judiciaires dans leur fonctionnement ne resteraient que des vœux pieux.
Comment d’ailleurs ne pas faire le lien avec l’affaire Kalinka Bamberski ? Le meurtrier, le docteur Dieter Krombach, avait été condamné par la Justice française en 1995 alors que, dans le même temps, la Justice allemande classait l’affaire et refusait l’extradition, bien que la France ait émis un mandat d’arrêt international. La relation si spéciale entre nos deux pays semble s’être muée en un rapport à sens unique, presque de subordination. Comme pour la lutte contre la fraude fiscale, notre pays accuse un retard dramatique au niveau de son arsenal juridique, ce qui conduit aujourd’hui à abandonner à une Justice étrangère un concitoyen.
« Debout la République », dans le domaine de la protection juridique des citoyens Français, tout comme dans le domaine économique et social, ne saurait se résoudre au fatalisme et à la subordination, que cette dernière soit envers l’Union Européenne, l’Allemagne ou n’importe quel autre pays ou institution. L’État doit se redonner les moyens d’agir et entamer le processus qui rééquilibrera ses relations avec ses voisins, notamment avec son partenaire d’outre-Rhin.
Nicolas Chevalier-Roch
Secrétaire départemental DLR du Haut-Rhin