On nous l’a rabâché tout au long de la campagne des élections européennes, cette année, grâce au très démocratique traité de Lisbonne, le parlement européen allait enfin avoir un impact sur l’élection du président de la Commission européenne.
Cette promesse démocratique n’a pas su faire rêver les Français puisque, une fois encore, c’est l’abstention qui a triomphé le 25 mai dernier. Mais au fait qu’entend-on par élection ? Depuis le traité de Lisbonne, il a été octroyé un renforcement très relatif du pouvoir du Parlement dans le processus de désignation du président de la Commission européenne. En effet, le Conseil européen (réunion des chefs d’État et de gouvernement) a dû désigner ce 27 juin un candidat à la président de la Commission européenne, et ce « en tenant compte des élections au Parlement européen » (article 17.7 TUE). Le parlement ne s'exprimera qu'en approuvant ce choix de candidat à la mi-juillet de cette année à Strasbourg.
Si le parlement refuse le candidat proposé, un deuxième lui sera présenté si ce dernier non plus ne convient pas, le troisième sera imposé par le Conseil. Drôle d’élection. Alain Lamassoure eurodéputé UMP avait déclaré que les partis politique européens avaient bien compris l’enjeu de ces élections européennes puisque : « chacun s'organise pour annoncer à l'avance le nom de son candidat, si bien que le vainqueur sera désigné en fait par le corps électoral lui-même". Avec 60% d’abstention, des groupes parlementaires qui ne désignent pas leur candidat eux-mêmes et un parlement qui n’a plus son mot à dire après deux refus il faudra vraiment que M. Lamassoure nous explique en quoi le corps électoral impacte quoi que ce soit dans ce processus. Si le choix porté sur Jean-Claude Juncker respecte effectivement la prédominance du groupe politique PPE (Le Groupe du Parti Populaire Européen qui rassemble les forces politiques pro‑européennes du centre et du centre‑droit issues des États membres de l'Union et dont fait partie l’UMP) il est en revanche un très mauvais choix pour la démocratie et une très mausaise tactique de réconciliation des peuples européens avec le projet de l’Union européenne.
La nomination d’un fanatique du fédéralisme européen démontre que les chefs d’États européens en dépit de sensibilités politiques divergentes s’accordent une fois encore à imposer plus d’Europe en dépit du succès des eurolucides et à travers le continent. Jean-Claude Juncker ancien premier ministre de l’État voyou a révélé sa vraie nature en 2011 quand, président de l’euro groupe il avait déclaré que « quand les choses deviennent sérieuses il faut mentir », en se référant aux marchés financiers.
Nous aurons donc un menteur à la tête de l’institution qui a le monopole législatif européen. Il est important de préciser que le Luxembourgeois soutient l’accord de libre-échange entre États-Unis et Union Européenne qui autorisera les OGM, la viande d’animaux clonés, et qui remettra en cause l’existence d’un salaire minimum au nom de la concurrence non-faussée. Quand on sait que c’est la Commission européenne qui négocie ces accords avec les États-Unis sans obligation d’en tenir informés les états membres cela fait froid dans le dos.
Laure Ferrari
Déléguée nationale à l'Europe des Nations et des Projets