Lors d’une tribune parue le 26 novembre 2019 dans le quotidien les Echos, le président directeur général du CNRS a mis en émoi la communauté scientifique qui désapprouvait avec fermeté sa vision de la recherche. Aussi dans le cadre du plan de programmation pluriannuelle de la recherche (PPPR) il a appelé de ses vœux « une loi ambitieuse, inégalitaire — oui, inégalitaire, une loi vertueuse et darwinienne, qui encourage les scientifiques, équipes, laboratoires, établissements les plus performants à l’échelle internationale, une loi qui mobilise les énergies ».
Ainsi après avoir vécu deux décennies de sous-investissement de la recherche et de l’enseignement supérieur, une loi était en préparation mais l’épidémie du coronavirus a repoussé sa promulgation. Toutefois une première analyse, de ce texte rédigé dans la plus grande opacité avait conduit à une inquiétude du monde universitaire qui s’est exprimée en début d’année par nombreuses manifestations.
Précisons que la situation actuelle de l’université montre une augmentation du nombre d’étudiants avec des moyens financiers et humains qui n’ont pas suivi. A cette baisse de financements et de postes, s’ajoutent les nombreuses tâches administratives et scientifiques qui alourdissent le quotidien des enseignants-chercheurs parallèlement à la course aux appels à projets auxquels il faut répondre avec un taux de réussite plutôt faible. Cette situation conduit à la fois à un épuisement du personnel et à un découragement face à l’absence de perspective de carrière, ceci malgré son attachement au service public.
Dès la sortie du confinement, Mme Vidal, Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) accélère la programmation de cette loi en sollicitant à partir du 12 juin les différentes instances, afin de présenter ce texte au conseil des ministres le 8 juillet. Ce passage en force met les organisations syndicales devant le fait accompli et leur laisse peu de temps pour réagir en respectant les règles sanitaires en vigueur.
Ce projet de loi, s’il est voté en l’état, prévoit entre autres, une augmentation du budget total de 104 millions d’euros pour l’année 2021 et une augmentation de 692 millions d’euros en 2022, l’année de l’élection présidentielle afin de rattraper le retard. Autrement dit ce gouvernement revendique une ambition dont les efforts seront pour les gouvernements suivants.
A la lumière de ce que nous venons de vivre, l’épidémie du Covid 19, nous a montré la nécessité d’une recherche fondamentale publique et indépendante. Les politiques menées depuis bien longtemps par les gouvernements successifs ne nous ont pas permis de répondre à l’urgence. Plusieurs spécialistes en virologie ont fait remarquer que nous avons perdu beaucoup de temps depuis l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003
Le manque de moyens financiers et humains dont la recherche a besoin sera-t-il entendu par ce gouvernement ?
N’oublions pas que les réformes successives de l’Université ont conduit à plus d’autonomie dans le but d’atteindre l’excellence alors que se pointe un abandon progressif de l’investissement de l’Etat.
Sans financement public il n’y a point de recherche libre de toute contrainte. Faire de la France le paradis des chercheurs comme nous le proposons à DLF n’est pas un vœu pieux mais une exigence.
Nos propositions
1-Augmentation des dotations budgétaires récurrentes constituant un financement de base des équipes de recherche
2- Plus d’emplois pérennes dont la recherche a besoin et non à de la précarisation de l’emploi scientifique
3- Mettre en place une perspective de carrière qui tient compte de la spécificité et de la technicité des métiers