Il y a, par siècle, peut-être une ou deux grandes découvertes ou technologies révolutionnaires. C’est le cas de l’informatique quantique.
Issue d’une théorie mathématique et physique, domaines sur lesquels la France excelle, toujours aujourd’hui, et moins demandeuse d’investissements en moyens d’essais coûteux que bien d’autres techniques émergentes (pensons par là au projet ITER), ce sujet est donc bien une opportunité encore à portée de main pour notre pays.
Ce 8 février 2021, le CNRS a annoncé avoir rejoint le club fermé des démonstrateurs de l’avantage quantique par son calculateur à photons. Google avait lancé la course (septembre 2019) suivie par l’Université de Hefei en Chine (décembre 2020). Cette heureuse information, publiée dans une revue internationale, arrive quelques jours après le discours d’Emmanuel Macron qui présentait, ce 25 janvier, la stratégie nationale pour les technologies quantiques. Cette annonce (1) a été faite du Plateau et de l’Université de Paris Saclay, établissement qui représente 13% de la recherche française et qui est classé 1er au monde, en mathématiques, dans le classement de Shanghai 2020.
N’oublions pas que les qubits, un des systèmes à la base de ces technologies, utilisés donc aussi par Google et IBM, sont issus de travaux préliminaires du CEA, de l’ENS Paris et du Collège de France, entre autres, menés par les éminents chercheurs Claude Cohen-Tannoudji et Jean Dalibard.
En bonne synchronisation avec ce succès international et un plan massif simultané, Debout La France ne peut que se réjouir de ce bon alignement des planètes sur ce sujet.
Basé sur une enveloppe public-privé de 1,8 milliard d’euros sur 5 ans, le plan français de la stratégie “quantique” vise à maintenir notre pays comme la 3ème nation capable de développer un ordinateur quantique : un produit tangible commercialisable et vendable sous forme de services de calculs. Les applications sont multiples : santé, météorologie, flux logistiques, finance, sécurité, objets connectés, …
En plus des 1,05 milliard d’euros de l’État, l’enveloppe annoncée regroupe des crédits européens (13% de l’enveloppe globale, à espérer que cette contribution soit optimale pour des acteurs français et non justement seulement non-nationaux) et les prévisions du secteur privé qui y est associé (550 millions). A la clé, une création de 16 000 emplois à l’horizon 2030 avec une cible à hauteur de 1 et 2 % des exportations françaises pour cette activité.
40% de cet investissement s’adressera à des organismes comme le CNRS, le CEA, l’INRIA, l’ONERA ou le CNES mais aussi des programmes de l’UE et des infrastructures. Le secteur privé impliqué regroupera des acteurs majeurs comme Atos (rappelons-le, entre autres, détenu par Siemens et BlackRock), Thales, Orange, STMicroelectronics, Air Liquide ou Orano.
Si le virage de l’IA est, sur les technologies actuelles, constatons-le, un raté pour notre pays car les technologies industrialisées dominantes sont sous suprématie nord-américaine … que la data, nécessaire à celle-ci, est massivement hébergée par les mêmes acteurs (pensons par là au sursaut de réactions contre l’hébergement des données de santé des Français du HEALTH DATA HUB par Microsoft), espérons que plus de vigilance et de véritable souverainisme sur tout le cycle de vie des technologies quantiques soit ici de mise : des recherches fondamentales, à l’industrialisation, jusqu’à la production et la commercialisation de dispositifs brevetés français avec le moins d’adhérences possibles avec des acteurs étrangers y compris européens pour éviter les “fuites” de succès.
Un cercle vertueux serait possible s’il est voulu en dehors d’un dogmatisme que ce projet soit “européen” comme toute action publique ou privée actuelle. Calqué sur le monde anglo-saxon, référence absolue pour la Commission Européenne, la plupart des projets communautaires reposent sur un mécanisme de gré-à-gré : la saine concurrence commerciale y est bafouée.
Un autre exemple de défaillance de protectionnisme technologique sur notre territoire, cette fois-ci sur le sujet des télécoms, est celle de la création d’un centre de recherche théorique à Paris par HUAWEI, en octobre 2020. Cet acteur majeur chinois, pourtant confirmé comme devant être maintenu en défiance (2) par validation de la loi dédiée par le Conseil d’État, du 5 février 2021 afin de continuer à restreindre cet acteur pour l’équipement des infrastructures liées à la 5G en France et ce, pour des raisons de « sécurité nationale », est pourtant empêché d’équiper la France pour le déploiement de ce standard.
Notre parti, DEBOUT LA FRANCE, se félicitant du contexte favorable de ce “Plan Quantique” n’en demeure pas moins vigilant et clairvoyant sur plusieurs risques et actions pour conserver cet élan technique et vital pour notre souveraineté et notre économie nationale. Il faut :
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– Éviter le saupoudrage et la dilution des investissements vers des entités privées (spécifiquement les “startups”) qui faute de protection des marchés, et des investisseurs, risquent d’être rachetées en cas de succès privant notre pays des investissements consentis.
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– Éviter de diluer la réussite dans des consortiums par pur dogmatisme européen là où, nous l’avons dit, la France a encore le pouvoir d’une autonomie complète sur ce sujet (recherche fondamentale, développement, industrialisation, fabrication, commercialisation).
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– Motiver nos chercheurs et ingénieurs par une compétitivité salariale, le culte de la réussite, la stabilité dans la démarche avec des valeurs patriotiques intrinsèques.
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– Faciliter la vie des chercheurs en déléguant les tâches non scientifiques à des services transverses dédiés, libérant les forces d’innovation et de réussites rapides.
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– Faciliter la chaîne de transmission recherche-université vers des acteurs forts avec un écosystème de startups sanctuarisées, protégées des agressions et des croqueurs étrangers de pépites comme nous le rappelions ci-dessus.
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– Installer une gouvernance : accompagner, conseiller, surveiller, les brevets en particulier et la non-dilution de découvertes pour que des acteurs non français en tirent parti (espionnage en particulier).
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– Conserver des laboratoires in-situ dans les grandes entreprises privées ou publiques et éviter le recours systématique ou une délégation de travaux à des partenaires tout en assainissant et en pilotant le CIR / Crédit Impôt Recherche tant décrié.
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– Demander un audit du rapport VILLANI à Madame le Ministre Frédérique VIDAL et plus généralement de notre avancée sur l’Intelligence Artificielle pour savoir où en est la France, s’il n’est pas trop tard d’investir, si les mesures appliquées sont efficaces et ont un sens tout en étant pérennes et surtout quelles sont nos dépendances avec des pays tiers de l’UE sur les éventuelles actions engagées ou lancées, perdues d’avance et véritables gouffres financiers servant simplement à avoir bonne conscience.
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– S’assurer que nos ennemis industriels doivent être identifiés, canalisés, que nos startups, laboratoires, grandes sociétés privées, encore une fois, soient protégées de rachats ou de prise de pouvoir de forces étrangères : le commerce est une guerre et non un pur jeu de lobbying sous-terrain ou tout est biaisé et arrangements.
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– Confiner les GAFAMI pour qu’ils soient tenus à l’écart de ces projets français afin de maintenir une saine concurrence commerciale et non une mondialisation débridée des brevets et des savoir-faire qui ne feraient que les consolider dans leur omniprésence et domination totale.
L’Union Européenne a d’ailleurs, sur ce dernier domaine, des technologies en général, une vision de bipolarisation du monde Occident (avec en leader toujours les USA sans promouvoir nos acteurs locaux) versus Orient plutôt que celle où l’Europe, justement, pourrait être le troisième acteur majeur et médiateur de ces deux blocs leaders scientifiques et industriels.
Si la data est le pétrole du XXIème siècle pour l’Intelligence Artificielle, que les Technologies Quantiques soient le moteur d’une renaissance d’une France qui comptera encore plus mondialement comme nation technique indépendante dans la phase de maturité de la troisième révolution industrielle … et ce, n’en déplaise au Khmers Verts (3) …