1 – Ce grand pays ami qu’est le Mali, dont on pouvait espérer qu’il avait définitivement conquis, par le sacrifice historique de sa population civile, le droit à des alternances démo-cratiques, comme dans les pays modernes d’Afrique, subit en ce moment deux drames nationaux :
– au Nord une rébellion contre le pouvoir central a été débordée par des bandes armées fanatiques venues de l’étranger. Ces dernières ont instauré un système de terreur, de crimes et d’intolérance, avec l’intention proclamée de l’étendre à tout le Mali, voire à toute l’Afrique de l’Ouest.
– au Sud les institutions légales ont été déposées, puis des institutions provisoires mises en place et intronisées de l’extérieur.
2 – La France et les Français, qui ont des liens d’affection intenses avec le Mali, sont doulou-reusement attentifs à cette situation et espèrent un retour rapide à la paix, à la démocratie, à l’état de droit, dans le respect des aspirations des populations, du Nord et du Sud. Cela ne sera possible que si les bandes armées sont éliminées, les responsables jugés et punis.
Toutefois, les modalités de cette reprise en mains militaire du pays ne sauraient être dictées aux Maliens, ni par le Conseil de sécurité, ni par la CEDEAO, notamment en prétendant im-poser une lourde présence d’armées étrangères à Bamako.
Mais cela ne saurait, non plus, être possible sans un effort de tous les Maliens, populations et responsables.
3 – La France peut et doit aider à la recherche d’une solution malienne à ce drame terrible, aux côtés des Etats voisins directement concernés.
La solution malienne suppose que le dialogue reprenne entre les parties représentatives des populations du Nord, les autorités politiques légitimes et transitoires de l’Etat malien, la société civile, l’armée. Cette dernière, au service de l’Etat de droit et des décisions des autorités reconnues, doit aussi pouvoir recouvrer l’armement moderne -sous embargo- qu’elle attend, pour pouvoir atteindre la capacité qui lui a fait défaut, face à des bandes armées mieux équipées qu’elle.
4 – La France doit affirmer que la solution à la crise malienne ne sera pas réglée – au moins dans un premier temps – par l’immixtion, redoutée ou refusée, d’institutions et de troupes trop extérieures, géographiquement, politiquement ou culturellement, à cette partie de l’Afrique de l’Ouest, mais par la reprise du dialogue inter-malien auquel elle pourra contribuer si cela lui est demandé en vue de mettre en place une grande conférence nationale de réconciliation.
Henri Temple
Délégué national DLR aux Affaires étrangères