Le monde paysan traverse une crise sans précédent depuis quelques années et même s’il est coutumier de dire que l’agriculture traverse les crises et finit toujours pas s’en remettre, ne nous y trompons pas : cela va de plus en plus mal et ce sont les agriculteurs et leurs familles qui en pâtissent en premier. En effet, c’est la catégorie socioprofessionnelle la plus à risque : la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est de 20 à 30% supérieure à la moyenne de la population. En 2016, le nombre de passages à l’acte a été multiplié par trois.
Pourtant les demandes des agriculteurs sont légitimes :
– Avoir de quoi vivre dignement sur leurs terres avec des prix raisonnables,
– Produire de la nourriture de qualité
Mais voilà, Les agriculteurs sont en permanence coincés entre deux logiques diamétralement opposées :
– D’une part des politiques agricoles de plus en plus ouvertes au monde se traduisant par des accords de libre-échange tous azimuts alors que l’Union Européenne supprime toute régulation des marchés agricoles.
– D’autre part des obligations réglementaires abusives qui mettent à genoux nos agriculteurs alors que l’on autorise l’importation de produits étrangers qui ne respectent aucune norme !
L’agriculteur est pris en tenaille dans ces contradictions intenables qui ruinent nos paysans, menacent nos terroirs et mettent en danger la santé des consommateurs.
Quelques exemples :
– La réintroduction du loup et de l’ours sans aucune consultation réelle des habitants, véritable cauchemar pour les éleveurs ovins qui subissent la concurrence néo-zélandaise et australienne.
– La mise aux normes incessante des bâtiments d’élevages qui coûtent de plus en plus cher sans aucune réciprocité des concurrents étrangers.
Si l’on veut faire changer les choses, il faut permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail en cessant les fausses aides inefficaces et la hausse des prix pour les consommateurs sans gain pour le producteur.
Il faut donc comme le préconise Debout la France dans son programme :
– Instaurer une exception agricole à l’OMC et dans tous les accords commerciaux sur le modèle de l’exception culturelle !
– Fonder la PAC sur des principes justes et efficaces : préférence européenne, concurrence loyale, prix garantis et quotas.
– Exiger des industriels et de la grande distribution qu’ils paient un prix juste aux producteurs sans répercuter la hausse sur les consommateurs.
– Refuser les traités de libre échange sauvage (Tafta, Ceta, Mercosur, etc…)
– Exiger l’étiquetage obligatoire afin de déterminer l’origine et la qualité des produits.
Michel COLAS
Délégué national en charge de catégories sociales professionnelles
Éric TROCHON
Agriculteur | Secrétaire départemental de la Sarthe