Depuis plusieurs années, on assistait à un laminage du statut des forces de l’ordre, allant de paire avec une réduction aberrante des effectifs. En 10 ans, plus de 10 000 postes ont été supprimés. La stigmatisation des policiers (port du matricule, saisie IGPN en ligne) est aujourd’hui associée à une justice beaucoup plus sévère avec eux qu’avec les voyous comme le démontre le récent jugement de Villiers-le-Bel. Rappelons les faits : un agent de police a été condamné pour homicide involontaire alors qu’il roulait à 14 km/heure au dessus de la vitesse autorisée. Les deux adolescents circulaient quant à eux sur une moto qui n'était pas destinée à la route, dépourvue de freins et d'éclairage, à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Ils ne portaient par ailleurs pas de casque et n'avaient pas respecté une priorité à droite…
Tout cela a contribué à créer pour ces fonctionnaires un sentiment d'incompréhension et de découragement pouvant mener à des actes irréversibles.
Une récente enquête de l’INSERM, édifiante, rappelle que le taux de suicide dans la police nationale est supérieur de 36 % au reste de la population. Une autre enquête réalisée par le chercheur Mathieu Molines, doctorant au centre de recherche de management de Toulouse, révèle que «69 % des policiers seraient «totalement démotivés dont plus de la moitié au bord du burn out».
Et voilà que dans ce contexte, Bercy annonce pour 2014 la baisse de l'ISSP (communément appelée prime de risque) de 26 à 12 % pour les élèves Gardiens de la paix et Gendarmes, soit une perte pour les personnes concernées d'environ 200 euros par mois, ajoutant ainsi à la perte de considération dont s’estiment victime les forces de l’ordre.
Évidemment il est à craindre que si personne ne réagit, cette baisse risque d'être appliquée à l'ensemble des effectifs de Police, ce qui se traduira alors par une perte pouvant aller jusqu'à 400 euros en fin de carrière, cette prime étant basée sur un pourcentage de la dotation de base. De plus il est également bon de préciser que sans cette prime, la rémunération des jeunes fonctionnaires concernés ne représenterait guère plus qu'un S.M.I.C, et qu'elle a été allouée aussi en échange du droit de grève.
Il serait temps pour les gouvernements de prendre conscience que les forces de l'ordre sont un des remparts essentiel de notre société, et que pour leur travail quotidien aux services de la population, ils méritent un peu plus de considération.
Norman Charles
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à l'Ordre public