On allait voir ce qu’on allait voir… Il y a deux mois, Bruxelles déclarait la guerre aux panneaux solaires chinois et menaçait Pékin de droits de douanes punitifs. Las, les eurocrates libre-échangistes ont vite changé leur fusil d’épaule en abdiquant sur toute la ligne.
Reddition en rase campagne
Il faut lire l’article de The Economist sur le sujet pour mesurer le degré de reddition de la Commission. En effet, l’hebdomadaire britannique est un partisan acharné du libre-échange dans toutes les conditions et pourtant, ses commentaires sont assez acides sur les conditions de l’accord qui a été rendu public fin juillet. Pour le journal ultralibéral, « l’Union Européenne va mettre en place un prix de vente minimum, cependant beaucoup plus bas que le niveau attendu. Elle va aussi mettre en place un généreux quota au delà duquel des droits de douane élevés seront mis en place ».
Pire, The Economist note que les « officiels chinois sont satisfaits » et que le ministre du commerce a dit que « l’accord exprimait de la sagesse ainsi qu’une attitude flexible et pragmatique ». Les industriels du panneau solaire européen vont faire appel contre la décision et ont déclaré que « l’accord n’est pas une solution mais une capitulation ». Il est assez stupéfiant de constater que même un journal partisan intransigeant du libre-échange comme The Economist sous-entende aussi clairement que l’UE s’est couchée devant la Chine, démontrant à nouveau qu’elle ne défend pas nos intérêts.
Quand la commission se moque du monde
Ici, la Commission Européenne s’est doublement moqué du monde. La mesure intiale était en effet déjà hautement critiquable, non pas sur le fond, mais sur le timing. Il faut rappeler ici que l’industrie européenne dominait avec le Japon la production de panneaux solaires en 2004-2005, mais que quand Bruxelles s’est réveillé pour dénoncer un dumping qui était avéré depuis très longtemps, la part de marché de la Chine, qui partait de presque zéro il y a moins de dix ans, était de 71% (et près de 80% de Taïwan), quand il ne reste plus que 7% pour l’Europe (dont 6% pour l’Allemagne).
Bref, si l’action était juste sur le fond, elle venait beaucoup trop tard pour sauver une industrie européenne qui avait déjà été laminée par les industriels chinois, alors même qu’il s’agit d’un secteur critique qu’il aurait fallu défendre, d’autant plus que l’Europe est le premier marché pour les panneaux solaires. Mais en cédant en moins de deux mois sans rien obtenir de la Chine (qui protège encore très largement ses marchés quand elle le souhaite), Bruxelles ajoute la bêtise et la faiblesse à l’inconséquence et au dogmatisme. Bref, les eurocrates sont des parasites nuisibles pour les peuples européens.
Paradoxalement, je serai tenté de remercier Karel de Gucht pour cette mauvaise farce. Car, ce faisant, il a révélé aux citoyens des pays européens que cette mauvaise Europe a laissé nos industriels se faire laminer par la Chine et que la seule réaction, outre le fait d’être trop tardive, n’a même pas été tenue.
Laurent Pinsolle
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national au Patriotisme économique et à l’Équilibre des Comptes publics