L’hydrogène est un des plus importants constituant de notre univers. Malheureusement pour les humains, il n’existe à l’état libre que sous la forme de traces, en revanche, on le trouve en grande quantité dans des combinaisons (eau, ammoniac, gaz,… etc) avec d’autres constituants de la nature (oxygène, azote, carbone,…etc). Pour l’obtenir, il faut donc le fabriquer, c’est-à-dire le séparer ce qui est très coûteux en énergie.
Entrevu dès le XVIème siècle, étudié en 1766 par Cavendish et nommé par Lavoisier, l’hydrogène n’est pas un élément nouveau pour les chimistes. Ses propriétés physiques sont elles aussi, bien connues, elles ont pu au cours du temps alimenter bien des fantasmes. A la température ambiante et à 700 fois la pression atmosphérique, 7 litres d’hydrogène peuvent remplacer 1 litre d’essence ! liquide à -253 degrés centigrade, il en faut 4 litres pour remplacer un litre d’essence. Je vous laisse imaginer la taille des installations et la quantité d’énergie nécessaire pour atteindre et maintenir cette température !
Une des manières économiques d’obtenir de l’hydrogène, est de l’extraire du méthane que l’on trouve en abondance, 96% de l’hydrogène industriel est obtenu ainsi. Les 4% restants sont obtenus par électrolyse de l’eau et réservés à des usages scientifiques. Compte tenu du fait que 80% de l’électricité mondiale est d’origine fossile, cela signifie que l’hydrogène dit “vert“ l’est à moins de 1%. Notons que l’on obtient l’hydrogène industriel à 1.5€/kg et l’hydrogène électrolytique de 2.5 à 5.5€/kg (prix 2020)1.
Pour essayer de justifier l’installation de leurs éoliennes dont la production électrique intermittente perturbe les réseaux de distribution, leurs promoteurs n’ont rien trouvé de mieux que de prétendre stocker leur production sous forme d’hydrogène produit par électrolyse de l’eau. C’est ignorer totalement les contraintes des installations hydrogène en particulier le fonctionnement des électrolyseurs, les rendements des transformations successives, le transport, etc… On arrive au bout du compte à des dépenses exorbitantes pour un résultat absolument dérisoire. Cela correspond tout simplement à un gaspillage de ressources.
Bien entendu quand on pense à des transports propres, train, voitures, camions, bateaux ou avions,
l’hydrogène vient immédiatement à l’esprit. C’est oublier les dangers inhérents à ce gaz. Sa fabrication, son stockage, son transport son utilisation sont extrêmement dangereux, ils font l’objet de mesures de sécurité sévères. L’histoire est là pour nous rappeler la catastrophe du dirigeable Hindenburg. Cet aéronef qui a parfaitement fonctionné jusqu’à ce jour funeste de 1937 où lors de son amarrage il fit 35 morts.
Comme ancien utilisateur d’hydrogène en très grosses quantités, dans l’opération des chambres à bulles au CERN et à Stanford, j’ai le souvenir des énormes précautions imposées par les organismes de sûreté et de sécurité, aussi je n’encouragerais personne à choisir ce produit comme combustible ou moyen de propulsion à part pour les fusées, où liquéfié sur le site même de lancement, il est utilisé immédiatement avec le maximum de garanties.
A mon humble avis, l’hydrogène doit être produit dans de véritables installations industrielles parfaitement sécurisées et réservé principalement à l’industrie chimique pour la fabrication des différents composés dont l’humanité a besoin. Peut-être un jour, trouvera-t-on à l’hydrogène d’autres débouchés, ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Claude GELÈS
Délégué National aux Nouvelles Frontières Scientifiques