J’ai appris avec regret et incompréhension la décision du gouvernement de prolonger d’un mois l’accord de vente des Chantiers de l’Atlantique à l’entreprise italienne Fincantieri, alors que celui-ci arrivait à terme le 31 décembre. Pourquoi Emmanuel Macron poursuit-il dans cette voie, qui réduirait la puissance de notre Etat stratège, actionnaire et industriel ? Ne peut-il pas simplement renoncer à la vente de ce fleuron industriel à une entreprise étrangère ? En tant que député, candidat à l’élection présidentielle de 2022 et président du parti Debout La France, je souhaite réitérer mon opposition à ce projet qui semble néfaste en tout point.
A l’heure du « monde d’après » et de l’impératif de réindustrialisation qui est revenu au cœur du débat public, il est incohérent de poursuivre le désengagement de l’Etat que je dénonce depuis des décennies. Gardons nos industries, développons ce savoir-faire naval et protégeons les emplois industriels associés. Les Chantiers de l’Atlantique relèvent non seulement de la stratégie industrielle française mais sont également une condition de notre indépendance et de notre souveraineté. Nous devons nous appuyer sur ces chantiers dans les prochaines années pour construire notre deuxième porte-avions ainsi que quatre autres navires « grandes coques » pour notre Marine nationale. Qui plus est, les Chantiers de l’Atlantique présentent une viabilité financière et une profitabilité dont l’Etat aurait tort de se priver : le carnet de commandes est plein pour plusieurs années ! A quoi bon céder une entreprise aussi prolifique, pour la modique somme de 80 millions d’euros ? Alors que l’Etat dilapide des dizaines de milliards d’euros dans la crise économique aggravée par l’incohérence des mesures gouvernementales, il n’apparaît ni sage ni sérieux de faire les fonds de tiroir en abandonnant les précieux Chantiers de l’Atlantique.
Par ailleurs, je rappelle que toutes les parties prenantes au dossier se sont opposées à la décision du gouvernement et ont appelé à l’abandon du projet : la région Pays de la Loire, la commission du Sénat, le département de Loire-Atlantique, la ville de Saint-Nazaire, et surtout les salariés. Le syndicat Force ouvrière s’est montré ouvertement favorable à ce que l’Etat français « garde pleinement le contrôle des Chantiers de l’Atlantique ». Ce sont donc les élus locaux et les salariés qui sont aujourd’hui les garants de l’intérêt général, et non le Président de la République. Je salue à cet égard la belle tribune publiée dans Les Echos du maire socialiste de Saint-Nazaire David Samzun, de la présidente LR de la région Christelle Morançais et du président PS du département Philippe Grosvalet. Ensemble, protégeons les Chantiers de l’Atlantique, refusons cette nouvelle perte de souveraineté !
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Président de Debout la France