Jamet le dimanche !
Rien …
Dimanche 16 août
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.
Les origines de la crise dramatique qui frappe de plein fouet nos agriculteurs et nos éleveurs étant parfaitement identifiées, un esprit moyennement cartésien en déduirait logiquement que si l’on veut en finir avec leurs effets négatifs, il ne serait pas stupide d’agir sur leurs causes. Qu’en est-il ?
Les sanctions prises par notre pays contre la Russie sous la pression des Etats-Unis et des pays européens soumis à leur influence ont amené Moscou à décréter un embargo sur les produits agro-alimentaires en provenance de l’Union européenne, ce qui a entraîné une saturation du marché intérieur de l’U.E., une exacerbation de la concurrence entre pays membres et une forte tendance baissière du marché. Un remède pourrait être trouvé dans une reprise des relations amicales et commerciales entre la France et la Russie. Mais cela supposerait une rupture du bloc sans fissure des pays de l’OTAN, autrement dit notre retour à une politique étrangère indépendante. Cette hypothèse est donc exclue.
Les éleveurs de bétail destiné à la consommation et les producteurs de lait allemands, espagnols et polonais pratiquent des prix inférieurs à ceux de leurs homologues français. Cela tient en partie à l’industrialisation de l’agro-alimentaire plus poussée chez eux, en partie au fait que leurs charges et notamment les salaires qu’ils pratiquent sont moins élevées que dans l’hexagone. Mais la Commission de Bruxelles n’a pas vocation à harmoniser les charges sociales, fiscales et salariales des différents pays membres de l’Union, elle ne compte pas revenir sur la directive concernant les travailleurs détachés, elle n’impose pas de normes qualitatives générales. C’est donc sur des bases inégales que repose la compétition entre des professions qui font bien la même course, mais avec des handicaps différents.
Une solution pourrait être la taxation des importations. Une autre solution pourrait être la fixation autoritaire des tarifs d’achats pratiqués par les industriels de la transformation et de la grande distribution. Une troisième solution pourrait être l’attribution de subventions à une catégorie professionnelle menacée de disparition. Mais ces trois solutions sont incompatibles avec la doctrine d’un libéralisme sans règles et sans frontières qui prévaut désormais à Paris comme à Bruxelles ou à Berlin, elles constitueraient une infraction grave au principe d’une concurrence libre et non faussée, elles signifieraient la reprise par l’Etat de pratiques dirigistes et de prérogatives régaliennes qui ont été sacrifiées sur l’autel de l’Union. Elles sont donc hors de question.
Conclusion : que peut faire l’Etat français pour sauver notre agriculture menacée ? A peu près rien. Et c’est bien ce qu’il a prévu de faire.
Dominique Jamet
Vice-Président de Debout la France