Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
Que disions-nous, inlassablement, sous les sarcasmes et les quolibets, que répétions-nous, au risque d’être accusés de faire une fixation, que rabâchions-nous, aussi obstinés et aussi peu écoutés qu’en son temps la malheureuse Cassandre ?
Que si l’Europe, cet Eldorado relatif, était une chance pour les immigrés, l’immigration n’était pas forcément une chance pour l’Europe. Que si sa situation économique permettait et si sa situation démographique imposait à l’Allemagne de recourir à une transfusion massive de sang étranger, il n’en était pas de même pour tous les pays de l’Union. Qu’il n’était ni raisonnable ni souhaitable d’accueillir toute la misère du monde, qui piétinait à nos portes et n’attendait qu’un signal pour s’engouffrer dans la brèche. Que la libre circulation des individus à l’intérieur de l’espace Schengen n’était concevable et acceptable qu’à condition qu’il fût vis-à-vis de l’extérieur un peu plus étanche qu’une passoire. Que, puisque ce n’était pas le cas, les Etats cosignataires des accords de Schengen n’étaient pas seulement en droit mais avaient le devoir de reprendre le contrôle de leurs frontières…
Autant donner la sérénade à des sourds. Rappelez-vous. C’était il y a seulement six mois. Alors qu’un afflux sans précédent de « migrants » déferlait sur le continent, le Premier ministre de Hongrie, soutenu par son opinion, mais en rupture avec les gnomes et les dogmes bruxellois, prétendait fermer l’accès du territoire national à la cohorte sans fin des demandeurs d’accueil. Il n’en fallait pas plus pour que toute la bien-pensance médiatique et politique se déchaînât contre Viktor Orban et sa clôture de barbelés un peu vite assimilée à un nouveau « mur de Berlin », bien qu’il ne s’agît pas d’empêcher des gens de sortir de chez eux mais de leur interdire d’entrer chez les autres. Puis plusieurs petits pays dont le passé, le niveau de prospérité et l’orientation politique étaient très divers, la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie, la Tchéquie, la Macédoine, emboîtèrent le pas à la Hongrie. On condamna bien entendu leurs gouvernements mais l’on fit tout pour minimiser le phénomène. Parallèlement l’on tressait des couronnes de lauriers à la chancelière allemande qui se disait prête à recevoir un million de migrants chaque année tandis que les dirigeants européens étaient sommés d’accepter chacun un contingent de réfugiés arbitrairement fixé par des autorités supra-nationales…
On sait ce qu’il en est advenu. Simultanément confrontés à l’explosion d’une demande qui dépassait toutes leurs capacités d’offre (d’emploi, de logement, d’assimilation) et à l’offensive terroriste lancée par Daech, les Etats signataires des accords de Schengen, l’un après l’autre, ont fait jouer leur droit de dérogation et repris le contrôle de leurs frontières. Pologne, Autriche, Suède, Danemark, France. Il est devenu de plus en plus difficile de qualifier de fascistoïdes, de xénophobes ou simplement de réactionnaires, des réactions de salubrité voire de salut public qui sont comparables aux défenses immunitaires que mobilise tout organisme sain en butte à une agression extérieure. Il n’est pas, depuis ces jours derniers, jusqu’à Sainte Angela Merkel qui, débordée et dépassée par les conséquences de ses paroles et de ses actes n’envisage désormais de revenir sur une générosité inconsidérée.
Les événements tragiques de novembre en France, les incidents inquiétants de la Saint-Sylvestre à Cologne, Munich, Stuttgart, Hambourg et Berlin sont venus rappeler que si l’immense majorité des immigrés déjà installés et des « migrants » candidats à l’admission en Europe ne sont ni des délinquants ni des criminels mais de pauvres gens en quête d’une vie meilleure, des délinquants, des voyous, des inadaptables, des assassins se sont glissés parmi eux et franchi les portiques d’une vigilance insuffisante. La plus élémentaire sagesse, la plus élémentaire prudence nous imposent de filtrer aussi bien sous l’angle de la quantité que de la qualité le flot des arrivants.
Nous avons eu raison avant d’autres. Nous ne prétendons pas nous en glorifier, mais nous sommes en droit de dire et de rappeler que nous avons été des premiers à regarder les choses en face et à faire prévaloir la lucidité et le courage sur l’aveuglement, volontaire ou non, et le déni de réalité. L’antériorité nous donne un droit à la parole que s’arrogent d’autres qui ne le méritent pas.
D’un mal peut-il sortir un bien ? Rappelez-vous. Il y avait un mot qui écorchait la bouche des plus hauts responsables de la République. Il y avait un chant que nos dirigeants et nos footballeurs avaient du mal à entonner et dont ils semblaient avoir oublié le texte et le sens. Ce mot, c’était « patrie ». Ce chant, La Marseillaise. Le drame que nous vivons et sur lequel l’histoire est loin d’avoir baissé le rideau a rouvert les yeux et les esprits. Des millions de Français ont compris que ce ne sont pas seulement nos vies qui sont menacées par les tueurs à la balle et au couteau, mais notre manière de vivre, notre conception de la vie, notre manière de vivre, nos libertés, notre démocratie, bref notre civilisation, et que tout cela vaut d’être protégé, d’être défendu, fût-ce au prix de la vie. Ils se sont aperçus que la France, ce n’était pas si mal. Ils ont redécouvert leur attachement, viscéral et raisonné, à une communauté qui transcende tous les communautarismes et le lien entre la nationalité, qui est bien autre chose qu’une identité administrative, et la nation. Ils ont redécouvert, avec la patrie, l’hymne national.
Que disons-nous d’autres depuis des années ? A quelque chose malheur est bon. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, mais nous pouvons d’ores et déjà nous réjouir. Le patriotisme nouveau est arrivé !
Dominique Jamet