Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
Ciel bleu. Mer belle. Soleil au zénith. Chassé-croisé sur les routes. Bouchons. Danger de somnolence. Apothéose rituelle du Tour de France – Froome Froome – sur les Champs-Elysées. Reconstitutions historiques au Puy-du-Fou, à Saint-Fargeau, sous les remparts de Dinan. Fêtes de Bayonne. Adieu aux armes : Paris est une plage – un acte de Résistance, ne craint pas d’affirmer Anne Hidalgo. L’actualité est priée de prendre ses congés annuels. Les médias, en cette fin juillet, ont planté le décor immuable de l’été.
Un décor, en effet. Une simple et trompeuse façade, derrière laquelle continue à se jouer le drame shakespearien qu’est l’histoire du monde. Après Nice, Munich, après Munich Kaboul, les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent, comme dans la chanson de Stephen Eicher. Il est bien question de déjeuner en paix. Pendant les vacances, la guerre continue. Et le gouvernement persévère. Dans l’erreur.
Certes, au lendemain du massacre qui a coloré de rouge la Grande Bleue, les porte-parole officiels ont multiplié les propos rassurants. Dormez braves gens, les bergers veillent sur le troupeau. Même au plus fort de la haute saison, jusqu’au cœur brûlant du mois d’août, nous continuerons d’être « protégés »aussi efficacement que nous le sommes depuis janvier 2015. Non seulement aucun membre du gouvernement ne devra s’éloigner de plus d’une journée de la capitale mais les ministres régaliens se réuniront régulièrement – jusqu’à une fois par semaine – sous l’égide du chef de l’Etat. Pour agir, pour prendre des mesures, pour repérer, pour traquer, pour éliminer les assassins qui grouillent dans l’ombre de nos villes ? Vous n’y pensez pas. Pour débattre, pour réfléchir, pour faire le point… Rien de « décisionnel ».
Le président de la République, pour une fois, a été clair, reconnaissons-le. Pas question de s’écarter de la ligne suivie jusqu’à présent, et qui a donné de si bons résultats. A situation exceptionnelle, réponses ordinaires. Pas question de déroger aux principes de l’Etat de droit, quel que soit l’état de fait. La démocratie telle que la conçoit M. Hollande aime mieux se laver les mains de ce qui peut arriver plutôt que de se salir les mains pour que ça n’arrive pas. Avec un peu de chance, peut-être n’y aura-t-il pas de nouveau carnage d’ici le prochain week-end, c’est toujours ça de gagné.
Allons, les fichés S peuvent continuer tranquillement à se ficher de nous, les cellules dormantes à dormir sur leurs deux oreilles, les cités à abriter les trafics et les trafiquants de drogue, d’armes et de haine. Le même Etat qui s’apprête à fournir en artillerie lourde l’armée irakienne pour qu’elle reprenne Mossoul, est incapable de rétablir l’ordre à Beaumont-sur-Oise, livrée depuis cinq jours à l’émeute et au saccage.
Qu’importe. Le commandant en chef est fidèle à son poste – il faut bien être fidèle à quelque chose. Il est là, prêt à encaisser le prochain coup que nous portera l’ennemi et à paraître aussitôt sur le petit écran, la chose se passât-elle en dehors des heures de bureau, pour y dire sa peine, son émotion et sa résolution, placide, mécanique, la paupière tombante, la larme à l’œil et l’arme au pied.