Jamet le dimanche !
LES GRANDES MANŒUVRES
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
La rentrée , cette année, aura été particulièrement précoce. Les vacances n’étaient pas finies qu’était donné un peu partout le signal de départ de la campagne présidentielle, qui ne connaîtra plus ni pause ni répit avant l’arrivée au but, en mai 2017, où lui succèdera immédiatement la campagne des législatives. La néfaste institution du quinquennat, dont Jacques Chirac et Lionel Jospin, ses promoteurs irréfléchis, n’avaient pas sérieusement prévu les conséquences, impose son rythme et son tempo au calendrier politique. Il faut bien faire avec.
Du côté des Républicains (je ne sais pas si vous vous habituez à cette appellation non contrôlée, pour ma part j’avoue ne pas y parvenir) on peut faire confiance aux médias pour nous tenir en haleine jusqu’en novembre prochain, et jusqu’à l’indigestion, avec les péripéties et les rebondissements de la prétendue primaire ouverte de la droite et du centre.
Prétendue ? Si « la droite » (du moins cette partie de la droite qui a perpétré une scandaleuse captation de l’héritage gaulliste sous le nom de RPR puis d’UMP) y est bien présente, le Centre y brille par son absence. Un Poisson, qu’il me pardonne, ne fait pas plus le Centre qu’une hirondelle le printemps. Quant à l’ouverture… Alors que l’élection présidentielle au suffrage universel, sous la Ve, est l’occasion singulière, entre toutes, d’une rencontre directe entre un homme et un peuple, les règles retenues pour cette primaire à la mode des Républicains ont établi un véritable barrage filtrant entre les candidats à la candidature et les électeurs conviés à choisir entre eux. Les quelque deux à trois millions de votants attendus par les organisateurs de cette mascarade se verront proposer un menu concocté à leur usage par et pour des notables, puisqu’il faut, comme on sait, obtenir le parrainage de vingt élus nationaux, de deux cent cinquante élus locaux et de deux mille cinq cents militants pour être éligible. Malheur aux individus, malheur aux indépendants, malheur aux personnalités fortes, la porte du bureau de vote leur est fermée. Henri Guaino, Nathalie Kosciuzko-Morizet, Hervé Mariton, Geoffroy Didier, Frédéric Lefebvre, Jacques Myard et quelques autres sont et seront les victimes de ce système qui fait transiter le suffrage universel par le sas étroit du suffrage censitaire.
A ce jour, donc, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire semblent seuls assurés de franchir l’obstacle mis en place par leurs soins. Un ancien président de la République, deux anciens Premiers ministres qui sont entrés dans la carrière il y a trente et quarante ans, un ancien ministre qui tente, en bras de chemise, de faire passer les chevaux de retour pour des perdreaux de l’année… Pour le renouveau, on repassera.
Dans les trois mois qui viennent, attendons-nous à voir, comme ils nous en ont déjà donné l’exemple, chacun de ces quatre hommes, responsables à des degrés divers du drôle d’Etat qu’est devenue la France, rivaliser de démagogie en fonction des sondages et découvrir les propositions, les mesures et les remèdes que d’autres proposent depuis des années et qu’ils n’ont pas mis en pratique lorsqu’ils étaient au pouvoir. Attendons-nous à voir leurs fidèles vaciller ou les hésitants les rejoindre, ainsi cette semaine le protéiforme Estrosi et le subtil Gérald Darmanin, officiellement ralliés à Sarkozy au gré des fluctuations de leur cote. Quel autre spectacle des intermittents du courage et de la loyauté pourraient-ils nous offrir qu’une comédie ?
Du côté de l’actuelle majorité, entrée en décomposition, les grandes manœuvres ont aussi commencé, comme si l’on y avait intégré l’idée que François Hollande ne serait finalement pas en mesure de se représenter. Il n’est plus de jour qu’une ambition ne s’y révèle et qu’une candidature ne s’y déclare. Mardi dernier, c’était Benoît Hamon, qui pourrait bien avoir les yeux bleus plus gros que le ventre, avant-hier Cécile Duflot, qui fonde apparemment ses espérances sur son néant, hier Arnaud Montebourg, le Cincinnatus d’Habitat. N’en jetez plus…
Eh bien non, la cour n’était pas pleine. Tandis que Manuel Valls, à tout hasard, fourbit ses armes, réactive ses réseaux, mobilise ses soutiens, coucou, revoici Macron, plus insolent que jamais. On croyait le jeune prodige assagi, calmé, douché, résigné à prendre la file et attendre son tour. Eh bien, pas du tout. Le ministre de l’Economie qui-n’est- pas-socialiste entend mener sa « transformation progressiste » à la tête d’En marche !,et pas pour 2022 et autres calendes grecques, mais bien pour 2017, et pas pour les prochaines départementales. Et de rendre visite, symboliquement, à Georges Clemenceau, le Vendéen bleu, et à Philippe de Villiers, le Vendéen blanc. Brutus, au début de juillet, avait flanché au moment de porter le coup fatal au César de carnaval qui siège à l’Elysée. S’il ose aujourd’hui se déclarer, c’est qu’à ses yeux François Hollande est déjà mort.
Pour ce qui nous concerne, nous avons noté sur notre agenda une date à ne pas manquer. Celle de notre rendez-vous du dimanche 4 septembre. Avec la France.