Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
Un président ne devrait jamais dire ça… » La publication, cette semaine, du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, fruit de dizaines de rencontres, d’entretiens et de dîners entre les deux auteurs et le chef de l’Etat actuellement en fonction, complète le portrait de l’homme néfaste dont le quinquennat s’achève heureusement – je précise : heureusement pour nous.
De François Hollande, nous ne connaissions que trop l’incapacité, amplement démontrée par la succession de ses échecs dans la lutte contre le chômage, les déficits, la dette, le terrorisme et par l’affaiblissement de notre pays à l’intérieur comme à l’international. Pour nous borner à l’actualité la plus récente, cette incapacité a été illustrée une fois de plus par la solution baroque et loufoque trouvée aux difficultés d’Alstom, ou par la réplique de Poutine aux aboiements de roquet venus de l’Elysée. Le gros livre de Lhomme et Davet, dont le contenu est directement puisé à la meilleure source, en éclairant d’un jour cru la médiocrité, le cynisme, la duplicité du personnage, dessillera les yeux jusqu’ici les plus obstinément fermés.
Quelle idée aussi, et quelle imprudence, d’aller se confier à deux journalistes, dont le métier, après tout, est de recueillir et de diffuser l’information ! Qu’un homme dont l’absence de principes et de repères, de convictions et de projet, fait, si haut placé qu’il soit, un ludion ballotté à la surface des événements, confie ses hésitations, ses doutes, ses fluctuations à son journal intime, que, s’il souffre, comme c’est visiblement le cas, d’incontinence verbale, il prenne pour confident un prêtre ou un psychanalyste, également tenus au secret, confessionnel ou professionnel, passe encore… Mais des journalistes, qu’il laisse libres d’utiliser le matériau qu’il leur a fourni , cela passe l’entendement.
Et c’est ainsi que nous découvrons, fixé par le flash de ses intervieweurs comme un lapin immobilisé dans le faisceau des phares d’une automobile, un tortueux Machiavel de sous-préfecture qui s’emmêle dans les toiles qu’il ourdit, un manipulateur pris la main dans le sac d’embrouilles, en flagrant délit de manœuvres, de mensonges, de mépris, mépris des hommes, mépris de la vérité. Fessenheim, qui ne fermera pas avant de longue années, Notre-Dame-des-Landes « qui ne se fera jamais », le Parti socialiste, qui est mort, Jean-Marc Ayrault, fidèle entre les fidèles, qu’il nomme Premier ministre puis aux Affaires qui lui sont étrangères tout en l’accablant de son dédain, la proposition de déchéance nationale à laquelle il ne croit pas plus que ça, sur chaque sujet, sur chaque personne, il y a le discours public, pour les gogos, et le discours privé, pour les intimes. Dernier exemple en date, encore tout frais et tout brûlant : la double faute, professionnelle et morale, commise contre la magistrature, qu’il croit compenser à l’oral de rattrapage en disant à Nice tout le bien qu’il n’en pense pas après avoir dit à l’abri des regards tout le mal qu’il en pensait… Mais que vaut désormais la parole du président ? Il l’a dévaluée comme il a abaissé sa fonction, comme il s’avilit lui-même dans le livre de Lhomme et Davet. Lui, normal ? Certainement pas. La normalité, Dieu merci, c’est autre chose. Il y a des hommes de fer, il y a des hommes de marbre, comme dans le film d’Andrejz Wajda, celui-ci est un homme de papier, de papier-bavard.
Un président ne devrait jamais dire çatombe comme un pavé opportun dans la mare juste au moment où l’interview-fleuve accordée par le chef de l’Etat à l’Observateur devait sonner en fanfare le début de sa campagne. « Je suis prêt », y claironnait François Hollande. Prêt à remettre ça, à rempiler pour cinq ans. Il risque fort, désormais, d’être le seul à y croire.
Ce n’est pas seulement parce qu’il n’a aucune chance d’être réélu, pas seulement parce qu’il n’a aucune chance d’accéder au second tour, pas seulement parce qu’il n’a plus aucune chance de franchir l’écueil d’une primaire de la gauche, pas seulement parce qu’il est politiquement disqualifié, que François Hollande ne sera pas le candidat du Parti socialiste, mais plus simplement parce qu’il est moralement indigne, déchu de toute légitimité. Manuel Valls, Ségolène Royal et quelques autres piaffent d’impatience dans les starting blocks. Pour la gauche, pour son propre camp, François Hollande est devenu ce que les services de la voierie appellent un encombrant. A dégager.