Chronique de Dominique Jamet
Jamet le dimanche ! – 22 novembre novembre
La percée
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.
Lorsque les premières affiches électorales ont été apposées aux emplacements habituels – c’était la semaine dernière, c’était « avant », et cela paraît déjà si lointain – les électeurs et lecteurs qui les ont découvertes ont pu, dans un premier temps, être quelque peu décontenancés. Où étaient passés les sigles et les logos des « grands partis » entre lesquels se répartissent les sièges des assemblées et l’essentiel du temps de parole sur les médias audiovisuels ? Parti socialiste, Républicains, Parti communiste, EELV ? Inconnus au bataillon, absents à l’appel ou imprimés en caractères si réduits qu’il fallait au moins une loupe et une bonne connaissance de notre paysage politique pour les repérer et les identifier sous leurs travestissements sémantiques. Par exemple, en Ile-de-France : « Nos vies d’abord ! Egalité, écologie, dignité, citoyenneté », c’est le masque sous lequel se dissimule le Front de gauche. « Changeons d’air, le rassemblement écologiste et citoyen », c’est l’étiquette que se sont collée les Verts. « L’alternance avec Valérie Pécresse », c’est l’alias des Républicains. « Avec Claude Bartolone, une Ile-de-France plus humaine », c’est le faux nez des socialistes.
Larvatus prodeo, « je m’avance masqué », écrivait René Descartes. Le grand philosophe français redoutait à bon droit la censure de la Sorbonne et de l’Eglise. Nos partis traditionnels s’avancent masqués. Ont-ils tant de raisons de craindre d’être reconnus et sanctionnés par le peuple ?
A Debout la France, avec Nicolas Dupont-Aignan, nous n’avons pas ces étranges pudeurs, nous n’usons pas de ces ruses. C’est sous nos couleurs, c’est sous notre nom que nos listes se présentent dans toutes les régions. Nos couleurs ne sont pas celles d’un parti, ce sont celles de notre pays, meurtri et ensanglanté par les Barbares. Les événements ont fait du nom de notre mouvement, démocratiquement adopté par nos adhérents, lors de notre Congrès d’octobre 2014, plus qu’un label, un slogan, une devise, un appel au sursaut national, au réveil de la France.
La franchise, le courage, la ténacité, la lucidité seraient-ils enfin récompensés ? Pour la première fois un sondage réalisé au lendemain des attentats de Paris nous fait franchir sur l’ensemble du territoire le seuil fatidique des 5% et nous installe, à deux points seulement d’ EELV, à égalité avec le Front de gauche (Parti de gauche et Parti communiste additionnés) dans la position de cinquième parti de France. C’est une nouvelle étape sur notre route, c’est d’ores et déjà un puissant encouragement pour la suite. C’est la percée que nous espérions…
La campagne des régionales, interrompue pour cause de deuil national, a officiellement repris depuis mercredi dernier et nous la poursuivrons de fait jusqu’à son terme légal, le 4 décembre prochain. Mais il n’échappe à personne que les préoccupations des Français sont ailleurs et que ceux qui voteront, plus nombreux sans doute qu’on ne l’attendait, se détermineront largement en fonction des enjeux et des choix politiques essentiels que nous impose la guerre qui nous est faite par l’empire des ténèbres.
Porteurs au niveau régional des trois principes fondamentaux que sont à nos yeux la proximité, l’intégrité, la propreté, nous mettons depuis toujours au cœur de notre programme la sécurité, l’identité et la pérennité de la France. Ces mots, soudain, ne sont plus tabous. L’heure est à la défense nationale.
Sous le fouet de l’urgence, la majorité actuelle a décidé et la majorité battue en 2012 a approuvé un certain nombre des mesures de défense, de contrôle et de police que réclamait depuis des mois Nicolas Dupont-Aignan sous les ricanements de la droite et les injures de la gauche. Les premiers pas effectués vont enfin dans le bon sens. Ils ne doivent pas faire oublier les erreurs, les failles, les abandons et les dénis de réalité dont les deux partis du système portent solidairement la responsabilité.
Le président de la République a introduit dans son vocabulaire des expressions et dans sa politique des inflexions qu’il récusait depuis son élection. Les mots «France », « nation », « guerre », « terrorisme », « ordre », « défense », sont entrés dans son dictionnaire. Il a appris à parler national comme en son temps François Mitterrand avait appris à parler socialiste. Il semble découvrir que Bachar el Assad n’est pas notre ennemi, qu’Al Qaida et autres organisations rebelles modérées ne sont pas nos amies, que nous avons des intérêts, des adversaires et des objectifs communs avec la Russie. François Hollande progresse à vue d’œil avec l’ardeur d’un néophyte et le zèle d’un récent converti mais il revient de si loin. Il faudra vraiment qu’il fasse ses preuves, et dans tous les domaines, avant d’être admis à Debout la France.
Dominique Jamet