Nicolas Dupont-Aignan s’est battu cet après-midi pour notre démocratie et contre le verrouillage de l’élection présidentielle par les socialistes. Retrouvez ses interventions à l’Assemblée nationale.
“Une séance surréaliste“, c’est l’expression qui illustrerait le mieux la séance du mercredi 16 décembre à l’Assemblée nationale selon Nicolas Dupont-Aignan.
En effet, face à cette projet de loi, le député a rappelé au gouvernement que ” l’élection présidentielle est celle qui recueille le plus de participation. C’est l’élection, qui, avec les municipales, intéressent les français.” Alors il faut qu’ils se penchent dessus pour exclure et empêcher le débat en le verrouillant de deux façons :
– d’une part en limitant le nombre de candidats
– d’autre part (une fois que ceux qui auront pu passer la barre des 500 parrainages seront là) en les muselant avec la suppression du temps de parole et de l’égalité du temps de parole.
A Nicolas Dupont-Aignan d’ajouter : “le gouvernement cassera les jambes de candidats à la présidentielle qui représentent des courants d’opinion.” Ils se retrouveront avec trois ou quatre candidats à cette élection. Ils seront dans une situation impensable démocratiquement et en subiront les conséquences. C’est ainsi que s’instituera de force un tripartisme pour faire d’un seul parti la seule alternative politique.
Avec ce système beaucoup de personnalités qui ont enrichi la vie politique française n’auraient pas pu être candidat. Avec ce système ce seront deux partis qui contrôleront les parrainages et le nombre de candidats à l’élection.
Quant au 3ème qu’ils veulent bloquer, désormais avec l’élection régionale, il aura de toute façon ses parrainages : “vous instituez un tripartisme et ce sont les deux grands partis à savoir le Parti Socialiste et Les Républicains qui choisiront les autres candidats à la présidentielle.”
LETTRE ADRESSEE AUX PARLEMENTAIRES
Paris, le 15 décembre 2015
A l’attention de Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur, Cher(e) Collègue,
Je vous adresse ce courrier pour vous alerter du danger que font courir à la démocratie et à l’équilibre de notre Pacte fondamental deux propositions de loi – l’une organique, la seconde ordinaire – sur les conditions d’organisation de l’élection présidentielle, dont l’examen débute ce mercredi 16 décembre à l’Assemblée nationale.
En effet, sous prétexte de « moderniser » celles-ci, le gouvernement et les partis traditionnels intéressés à la manœuvre, s’apprêtent à entraver gravement la faculté de se porter candidat pour les personnalités n’appartenant pas aux grandes écuries et ainsi à restreindre l’offre politique faite aux Français dans le cadre de ce scrutin crucial de la Vème République.
Se cachant derrière les recommandations d’organismes de contrôle étant naturellement enclins à voir midi à leur porte, ces deux propositions de loi vont porter atteinte, par le biais essentiellement de quatre dispositions aux effets cumulatifs, à la garantie fondamentale de plus grande diversité des candidatures à l’élection présidentielle qui demeure pourtant, plus que jamais, la clé de voûte de notre vie démocratique et de nos institutions :
– Tout d’abord par l’obligation de publicité intégrale de l’identité des élus parrainant les candidats (alors que cette règle, vous le savez, n’est actuellement que partielle par tirage au sort), ce qui va bien évidemment dissuader les élus, notamment les maires des petites communes, de s’engager pour des personnalités n’appartenant pas aux appareils partisans dominants de leur département.
– Ensuite, par l’instauration de règles inutilement rigides et archaïques dans la transmission des parrainages au Conseil constitutionnel ce qui, là encore, va favoriser à l’excès les grandes écuries et pénaliser les candidats indépendants, en entravant la faculté des parrains à la fois de se déterminer et de concrétiser leur choix avec facilité jusqu’au dernier moment. Ce, à l’heure même où la simplification administrative par la dématérialisation, revendiquée par le gouvernement comme un enjeu national, devient pourtant l’usage commun. Heurtant de plein fouet ses propres velléités modernisatrices par son caractère clairement rétrograde, cette loi va ainsi priver la Nation du bénéfice très prometteur de l’ère numérique.
– Enfin, par la substitution de la règle de l’équité à celle de l’égalité dans les temps de parole médiatique pendant la période dite « intermédiaire » (à raison de trois semaines sur les cinq au total que compte cette séquence), qui s’étend de la publication de la liste de candidats à la veille de la campagne officielle – soit la « précampagne ». Il s’agit de favoriser clairement les formations politiques dominantes, puisque seront pris en compte les résultats électoraux récents et l’exposition médiatique des représentants des partis. En somme, il s’agit de consacrer le tripartisme apparu ces dernières années, au détriment de toute offre politique alternative refusant de s’y soumettre.
– J’ajoute, également, que pour faire bonne mesure, la loi permettrait dorénavant aux candidats de publier de grands encarts publicitaires dans la presse écrite, ce dont ne manqueront pas d’user et d’abuser les partis aux moyens pléthoriques et que ne pourront évidemment pas s’offrir les autres.
Une élection présidentielle rabotée, rigidifiée et somme toute tronquée, est-ce là la réponse à l’appel au secours que nous lancent à chaque nouveau scrutin, par leur vote de colère ou leur abstention, des franges de plus en plus massives de nos concitoyens ?
Qui plus est, est-ce là l’esprit originel de nos institutions qui, si elles n’ont certes pas vocation à encourager des candidatures fantaisistes, s’exposeraient au péril mortel de se dénaturer en prétendant remédier à cet inconvénient ? Car, nous ne pouvons l’ignorer, l’élection présidentielle au suffrage universel direct est en France une immense conquête démocratique, tout comme la clé du compromis politique qui a mis un terme à plus de cent cinquante ans de vives querelles institutionnelles, parfois ensanglantées de véritables guerres civiles.
Enfin, confiant à un seul ou une seule le rôle actif de garant des destinées de la Nation, notre élection présidentielle est aussi un mode de désignation à l’équilibre fragile, exigeant la contrepartie de la liberté de choix la plus large possible pour les électeurs.
En somme, on veut ici, sous couvert d’une modernisation qui peut être souhaitable et s’incarne dans quelques dispositions secondaires de ces lois, ressusciter au cœur de nos institutions le régime des partis qui en avait été banni en 1958, on veut faire régresser la Vème République en la transformant en une IVème-bis. Ainsi, non seulement on ne répondra pas à l’impatience impérative et légitime du peuple français, qui s’exprime avec une force et une colère grandissantes. Mais on risque de surcroît de renvoyer la France à la case départ de ses démons politiques.
Pour ma part, je ne peux me résigner à cette nouvelle régression démocratique qui, après la séquence catastrophique du piétinement du référendum par la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, va définitivement déconsidérer la politique dans l’esprit de nos concitoyens.
Combattre ces lois constitue ainsi une responsabilité historique que chacun se doit d’assumer devant les Français.
Je vous prie de croire, Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur, Cher(e) Collègue, à l’assurance de toute ma considération.
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne
Président de Debout la France