Il portait des culottes, des bottes de moto, chantait piaf pour définir le motard dans les années 50. Un mauvais garçon sympathique, un dur à cuire attachant et insouciant, ivre de liberté, porté par la fureur de vivre. Un cœur gros comme ça, déjà en danger dans son blouson de cuir délavé. Personne ne se doutait alors que l’aigle sur le dos, animal protégé et proie facile, allait rapidement être remplacé par une cible. La Cible des gouvernements qui allaient se succéder.
Atypiques et dérangeants les motards. Un peu rebelles et anarchistes, des gens qui enflèrent les statistiques déplorables de la sécurité routière dès que les premiers chiffres furent publiés. La moto alors pointée du doigt est rapidement devenue le cauchemar du législateur.
La chance pour les gouvernements fut qu’on ne trouve pas ou peu de motard sur les bancs de l’assemblée à cette époque et nous savons que les absents ont toujours tort. Alors pourquoi se priver, surtout quand on ne comprend rien à un monde qui nous est totalement étranger. C’est ainsi qu’une batterie de mesures et de lois va être mise en place en quelques décennies, chacune apportant son lot de restrictions, d’interdictions et de racket sous couvert de sécurité routière. Les motards préfèrent d’ailleurs parler de sécurité rentière, tellement le manque de volonté de lutter efficacement contre la mortalité au bénéfice de la rentabilité est flagrant.
Les différents gouvernements n’ont pas pris la mesure de la formidable évolution du deux roues dans notre quotidien et en sont encore à l’homme à la moto de Piaf. Depuis les années 70, la pratique du deux roues a totalement évolué. Fini les « vieux cuirs » ivres de vitesse et inciviles. Place à la moto loisir, fun, ludique mais aussi utilitaire, professionnelle et sportive. Autant de spécificités que le législateur n’arrive pas à appréhender à cause de sa volonté de toujours standardiser, accentuée par les nombreuses directives qu’il reçoit de Bruxelles. Il reste bloqué sur des chiffres qu’il ne s’explique pas et pour cause, toutes les statistiques sont tronquées depuis des années pour permettre d’améliorer les chiffres et de présenter un bilan positif à la fin de chaque mandat. Il faut savoir qu’il est toujours impossible aujourd’hui de connaître le nombre officiel d’immatriculation sur notre territoire.
Dans ce contexte, les motards sont victimes d’un harcèlement constant et sont devenus, osons les mots, de véritables pompes à fric. Contrôle technique, bruit, équipement, plaques d’immatriculation, gants, 80km/h, contrôles â gogo, autant de mesures qui se succèdent sans jamais améliorer leur sécurité. Il est tellement facile d’avoir un bouc émissaire sur lequel on peut rejeter son incapacité à trouver des solutions et de s’en servir comme prétexte pour durcir la loi.
La raison de cet acharnement est que la véritable sécurité à un coût que plus personne ne veut supporter. Il est difficile de diminuer les dotations des collectivités locales, ce qui impacte l’entretien et l’amélioration des structures routières, et dans un même temps de demander à ces dernières d’investir dans la sécurité. On accentue donc la répression sur l’utilisateur qui paie une partie de la note. Pourtant c’est bien plus l’état des infrastructures qui souvent pose des problèmes, que le comportement des conducteurs dans la majorité des accidents mortels en deux roues. Il serait pourtant très simple de sécuriser efficacement un grand nombre de portions de routes comme se tuent à le rappeler régulièrement la plupart des associations, en balayant les graviers sur les zones à risque, en installant systématiquement des barrières anti-encastrement en sortie de virage, en protégeant les têtes des aqueducs, en n’utilisant que des produits antidérapants pour la signalisation horizontale, en évitant de poser les plaques d’égouts en plein virage, etc., etc.
Mais aussi en s’efforçant de comprendre la complexité et la diversité de la pratique motocycliste avant de légiférer. Car nous sommes en droit de nous poser la question de savoir où est la volonté de réduire la mortalité quand le Gouvernement par exemple, permet la conduite d‘un scooter de 500 cc sans procéder le permis parce qu’il est pourvu de trois roues alors que ceux-ci sont impliqués dans un grand nombre d’accidents et qui dans un même temps veut instaurer des contrôles techniques inadaptés qui interdiront aux scramblers, bobbers et autres café-racers de circuler parce que ces machines sont légèrement dérivés de leur homologation initiale ? Alors que très peu de ces motos sont impliquées dans des accidents graves ! (Pour les non-initiés, ces motos font partie d’une vague pleine de créativité qui consiste à donner un nouveau look à votre moto. Un phénomène tellement novateur, que c’est lui qui a inspiré les fabricants et non l’inverse. Une réelle opportunité en pleine crise économique.)
Devant de trop nombreuses inepties de ce genre nous réclamons qu’une véritable remise à plat de la réglementation qui prendrait en compte la diversité et la complexité des différentes utilisations de la moto soit entreprise. Les millions de motards Français ne doivent plus être les victimes de l’incompétence de nos dirigeants. Debout la France propose que la sécurité et non la rentabilité, soit à nouveau le centre de nos préoccupations et ne soit plus le prétexte d’impôts déguisés comme nous le subissons depuis près de vingt ans. Nous mettrons un terme au matraquage des automobilistes et des motards pour que la route reste un espace de libre circulation et non l’espace de perception privilégié du gouvernement.
Michel Colas
Délégué National aux catégories-sociaux professionnelles
Pierre-Jean Robinot
Responsable du Collectif Motards avec DLF